Observatoire français des tornades et orages violents

Les structures convectives en France

Tous les types de structures convectives peuvent se rencontrer en France, depuis la petite monocellule jusqu'aux supercellules et aux impressionnants Complexes Convectifs de Méso-Echelle.

Les monocellules

Les orages monocellulaires sont les plus fréquents de tous les types de structures convectives. On en observe en France durant toute l'année et sur l'ensemble de nos régions.

En saison froide, ils sont plus particulièrement fréquents sur les régions littorales de l'Atlantique, de la Manche et de la Mer du Nord. On les rencontre essentiellement dans les situations de traîne active, à l'occasion des intrusions d'air polaire en altitude.

En saison chaude, les structures monocellulaires se rencontrent préférentiellement dans les situations de marais barométrique, et notamment sur les reliefs, où ils représentent une bonne part des orages dits "d'évolution diurne". Ce sont typiquement ces structures que l'on observe sur les massifs des Pyrénées, du Massif Central, des Alpes et du Jura à la fin des chaudes journées de printemps et surtout de l'été.

Ces structures convectives sont rarement virulentes en France. Néanmoins, les monocellules peuvent se révéler parfois très venteuses, notamment en saison froide mais aussi ponctuellement en saison chaude lorsqu'elles produisent des microrafales. Elles peuvent aussi générer de fortes pluies sur une zone géographique restreinte lorsque le flux est peu dynamique, tout particulièrement en zone de relief, et causer de soudaines inondations et de forts ruissellements.

Les orages multicellulaires et les Systèmes Convectifs de Méso-Echelle (MCS)

Les orages multicellulaires sont plus fréquemment associés à des situations orageuses actives que les orages monocellulaires, notamment lorsqu'ils s'organisent en MCS (Systèmes Convectifs de Méso-échelle). Leur capacité à produire des fortes pluies, de la grêle et des rafales de vent sur de grandes étendues les rend chaque année responsables d'une grande partie des dommages causés par les orages en France.

Même si les MCS représentent la structure convective typique des dégradations orageuses du printemps et de l'été, on peut en observer en toutes saisons en France. Leur organisation la plus fréquente est celle de la "ligne de grains", à savoir un système linéaire actif organisé autour d'un axe de fortes précipitations, généralement propice aux fortes rafales de vent. On se souvient par exemple de la ligne de grains particulièrement venteuse du 25 janvier 2014 entre Picardie et Nord - Pas de Calais, ou encore de la ligne de grains très active du 3 mars 2014 en Bretagne.

La France est aussi exposée aux formes les plus abouties et les plus virulentes des MCS que sont les échos en arc (bow echo) et les LEWP. On les rencontre principalement durant la saison chaude, au cours des dégradations orageuses les plus fortes de l'année. Ces structures convectives génèrent fréquemment de puissantes rafales de vent, de fortes chutes de grêle, une activité électrique intense et parfois des pluies abondantes. Parmi les cas emblématiques, on peut citer par exemple :

>>> le bow-echo du 26 mai 2018 dans l'ouest de la France, qui a produit de nombreuses rafales supérieures à 100 km/h sur son passage ;
>>> le LEWP du 8 août 2014 en Occitanie, à l'origine de pluies très intenses et de rafales de vent supérieures à 90 km/h.

 

Bow echo virulent et à maturité, le 26 mai 2018 sur le centre-ouest de la France (image radar).

Les Complexes Convectifs de Méso-Echelle (MCC)

Le Complexe Convectif de Méso-Echelle (MCC) représente le stade ultime d'un MCS lorsqu'il se développe de manière exceptionnellement importante. Les MCC sont principalement observés sous les latitudes tropicales, mais il s'en produit aussi périodiquement aux latitudes tempérées. Le suivi des structures convectives sur notre territoire depuis 2006 a permis d'identifier plusieurs occurrences de MCC sur la France au cours des quinze dernières années, ce qui a permis d'établir que notre pays n'est pas à l'abri de ces systèmes orageux de très grande envergure. On note que leur formation en France est essentiellement réservée à la saison chaude, avec une forte prédominance nocturne. Ils sont régulièrement associés à des derechos et sont pourvoyeurs de pluies particulièrement abondantes sur les régions affectées.

Les principaux MCC observés en France ces dernières années sont les suivants :

>>> le MCC du 12 juillet 2010, qui a transité du centre-ouest aux régions du nord et du nord-est en produisant un derecho ;
>>> le MCC du 26 au 27 juillet 2013, qui a balayé un axe allant de l'Aquitaine à la Beauce en produisant lui aussi un derecho, avec des rafales jusqu'à 170 km/h ;
>>> le MCC du 31 août 2015, qui a produit de violents orages entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ;
>>> le MCC du 22 au 23 octobre 2019, peu mobile et à l'origine de précipitations intenses aux abords de l'Occitanie.

 

Complexe Convectif de Méso-échelle (MCC) sur le centre-ouest de la France, dans la nuit du 26 au 27 juillet 2013 (image satellite infrarouge).

Les supercellules

Les supercellules, qu'elles soient isolées ou insérées dans un MCS ou un MCC, constituent la structure convective la plus complexe et la plus dangereuse (en savoir plus sur les supercellules). Elles se réservent en effet la production des phénomènes orageux les plus violents : grêlons géants et tornades de forte intensité comptent parmi les plus intenses de leurs menaces.

L'analyse systématique des structures convectives observées en France depuis 2006, que ce soit à distance (données radar ou satellite) ou sur le terrain (chasse à l'orage), a permis d'établir que les supercellules sont loin d'être exceptionnelles en France, et qu'elles ne sont donc pas un phénomène essentiellement nord-américain, contrairement à ce que l'on pouvait encore penser au début des années 2000.

On les rencontre en toutes saisons sur notre territoire, mais avec une nette prédominance de la saison chaude. Elles présentent, en France comme ailleurs dans le monde, des intensités variables ; certaines d'entre elles peinent à se développer suffisamment pour produire des orages réellement virulents (amorces supercellulaires), quand d'autres dégénèrent en orages extrêmement destructeurs (supercellules violentes à longue durée de vie).

Sur la base des quinze dernières années d'observations, il apparaît que les supercellules de forte intensité se forment en France principalement dans des conditions modérément dynamiques, en fin d'après-midi ou en soirée, à l'avant ou en proche périphérie de systèmes convectifs plus étendus, de type MCS. Elles n'épargnent pas nos reliefs, mais elles y sont moins fréquentes. D'une manière générale, aucune région de France n'est à l'abri des supercellules, même si l'on en rencontre plus fréquemment entre Aquitaine et Occitanie ainsi que sur le nord de l'Auvergne. Le nord du pays subit des épisodes supercellulaires plus ponctuels que dans les régions du sud-ouest, mais ils se révèlent parfois de très forte intensité, et associés à des évolutions tornadiques plus marquées qu'ailleurs en France. Enfin, il est fréquent d'observer des supercellules entre Languedoc et Côte-d'Azur au cours des épisodes méditerranéens sévères.

Parmi les épisodes orageux supercellulaires majeurs observés en France, on retient notamment :

>>> les orages exceptionnellement violents des 23, 24 et 25 juin 1967 sur le nord de la France, les plus violents d'entre eux ayant été causés par des supercellules tornadiques extrêmement intenses ;
>>> les multiples supercellules qui ont frappé simultanément les abords de l'Aquitaine le 11 mai 2009 ;
>>> les supercellules intenses et grêligènes des 8 et 9 juin 2014, à l'origine de dommages parfois sévères.

 

Supercellule près de Chartres, le 8 juin 2014, lors d'un épisode supercellulaire grêligène sévère. Photo Nicolas Gascard.

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