Observatoire français des tornades et orages violents

La grêle en France

Un phénomène fréquent et parfois dévastateur

Les chutes de grêle sont un phénomène fréquent en France, comme dans la plupart des pays des latitudes tempérées. En effet, la formation de la grêle exige d’une part une instabilité significative, et d’autre part une masse d’air qui ne soit pas excessivement chaude. C’est ce qui explique que les fortes chutes de grêle soient peu fréquentes sous les latitudes polaires (trop froides), ainsi qu’aux latitudes tropicales et équatoriales (les grêlons formés en altitude fondent davantage dans leur chute avant d’atteindre le sol). La grêle trouve donc en France un environnement propice à sa formation, et le fait d’observer des chutes de grêle sur notre pays fait partie intégrante de son climat.
 
Ces chutes de grêle peuvent présenter des sévérités très diverses sur notre territoire : si la très grande majorité des grêlons ne dépassent pas 2 cm de diamètre, il arrive périodiquement que les chutes de grêle deviennent fortes (diamètre > 2 cm), voire violentes (diamètre > 5 cm) ou parfois même extrêmement sévères (grêlons géants, avec des diamètres supérieurs à 10 cm). Les conséquences de ces épisodes sont alors très sérieuses, autant pour les cultures que pour les habitations et les véhicules, qui se font alors littéralement mitraillés par des blocs de glace.
 
Très gros grêlons en Picardie, le 6 juillet 2017. Photo Kevin Baudribos.
 

La grêle en France au fil des mois

Keraunos recense les chutes de grêle de manière continue depuis 2006, et réalise par ailleurs des travaux qui ont permis de rassembler une grande quantité de données antérieures, qui pour certaines remontent jusqu’au 18ème siècle. L’ensemble permet de dessiner la climatologie de la grêle sur notre pays. Celle-ci présente une saisonnalité marquée, dont les grandes lignes sont détaillées ci-dessous :

>>> janvier, février, mars : les chutes de grêle sont principalement observées près des côtes, et plus rarement dans l’intérieur des terres. Elles se produisent le plus souvent dans des ciels de traîne active, au sein de descentes polaires instables, sous forme d’averses brèves, avec des diamètres réduits (rarement plus d’1 à 1,5 centimètre) mais parfois en abondance.

>>> avril et début mai : les chutes de grêle gagnent en intensité durant cette période. Elles sont progressivement plus fréquentes dans l’intérieur des terres et présentent des diamètres qui peuvent dépasser 2 à 3 cm. La grêle commence à se faire plus rare près des côtes.

>>> entre mi-mai et fin juillet : l’activité grêle s’accentue rapidement pour atteindre son pic durant cette période. Les chutes de grêle sont parfois violentes dans l’intérieur des terres. Elles se déclenchent lors de dégradations orageuses actives, ordinairement en flux de sud-ouest instable et dynamique.

>>> août, septembre : l’activité grêle décline très progressivement durant cette période. Les fortes chutes de grêle tendent à se concentrer davantage sur la moitié sud du pays et à gagner plus nettement les régions méditerranéennes, notamment en septembre.

>>> octobre : l’activité grêle décroît sensiblement au fil du mois et se concentre de plus en plus nettement près de la Méditerranée. Les chutes sont plus rares et généralement peu sévères. Les diamètres supérieurs à 5 cm deviennent exceptionnels.

>>> novembre, décembre : l’activité grêle diminue encore pour devenir faible. Elle concerne de plus en plus exclusivement les régions côtières, notamment lors des situations de traîne active.

Ainsi, contrairement à une idée reçue, les chutes de grêle ne sont pas un phénomène hivernal. En réalité, les plus fortes chutes de grêle sont habituellement observées entre la fin du printemps et le début de l’été sur la France, lors de configurations météorologiques qui mettent en contact de l’air chaud et humide d’origine tropicale près du sol, avec de l’air froid et plus sec d’origine polaire en altitude.

Evolution de l’activité grêle depuis 2006

Afin d’établir une climatologie précise de la grêle en France, Keraunos a développé un indicateur national qui a pour vocation de refléter la fréquence et la sévérité des chutes de grêle sur notre pays. Cet indicateur, qui est calculé quotidiennement depuis le 1er janvier 2006, permet d’attribuer à chaque journée un score national d’activité grêle, qui peut ensuite être comparé avec d’autres journées et alimenter ainsi des statistiques mensuelles, saisonnières ou annuelles, à échelon local, département ou national.


Le graphique ci-dessous montre l’évolution de l’activité grêle en France, année par année, depuis 2006 :



Il ressort ainsi que l’année la plus active en épisodes de grêle en France (depuis 2006) est l’année 2018, suivie par l’année 2014 en deuxième position, puis par 2020 en troisième position. A l’inverse, l’année 2010 a été la moins grêleuse de ces quinze dernières années sur notre pays.

Les épisodes de grêle remarquables

La France est frappée périodiquement par des épisodes de grêle de grande ampleur, qui causent des dommages localement sévères. Parmi eux, on peut citer notamment :
>>> l’épisode du 25 mai 2009, marqué par des grêlons géants sur le département du Nord ;
>>> l’épisode des 8 et 9 juin 2014, le plus intense qu’ait connu la France depuis 2006, avec des grêlons géants sur le Loiret notamment ;
>>> l'épisode du 28 mai 2016, associé à de fortes chutes de grêle entre Limousin et Auvergne principalement ;
>>> l’épisode du 4 juillet 2018, marqué par des chutes de grêle parfois violentes sur un grand quart sud-ouest du pays.

Les configurations synoptiques associées à ces épisodes de grêle majeurs présentent un certain nombre de points communs, parmi lesquels on retrouve la présence à l’ouest immédiat de la France d’un thalweg d’altitude générateur d’un rapide flux de sud-ouest à sud/sud-ouest instable sur notre pays. C'est ce qui ressort par exemple sur les cartes d'analyse à 500 hPa pour chacun de ces quatre épisodes :

 

Quelques records

Comme on vient de le voir, la France n’est pas à l’abri de chutes de grêle parfois extrêmement violentes. Dans ce domaine, les records nationaux sont à l’heure actuelle les suivants :


>>>  Les plus gros grêlons mesurés à ce jour avoisinent 12 cm de diamètre. Ces grêlons, qui entrent dans la catégorie des grêlons géants, ont été recueillis et photographiés d’une part sur le département du Nord, à Raillencourt-Sainte-Olle, le 25 mai 2009, et d’autre part sur le département du Loiret, à Ardon, le 9 juin 2014.


>>>  Le grêlon le plus lourd recueilli en France pesait 972 grammes. Il a été recueilli le 11 août 1958 au cours d’un violent orage sur Strasbourg, dans le Bas-Rhin.

 

Grêlon géant de 12 cm de diamètre, le 25 mai 2009, dans le Nord. Photo P. Mahieu, E. Wesolek / KERAUNOS.

En savoir plus

>>> Notre base de données des chutes de grêle permet de réaliser des analyses fines du risque de grêle en France, et d’évaluer notamment l’exposition à la grêle commune par commune (diamètres, fréquence, saisonnalité,...). N’hésitez pas à nous consulter pour prendre connaissance de ces services.

>>> Vous pouvez par ailleurs retrouver notre prévision quotidienne du risque de grêle violente sur le bulletin de prévision nationale des risques orageux. Des services personnalisés de prévision de la grêle sont également assurés par Keraunos depuis plus de quinze ans : consultez cette page pour en savoir plus.

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