Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF3 à Nice (Alpes-Maritimes) le 1er décembre 1924

Le 1er décembre 1924, à 15h50 locales, une tornade de forte intensité (EF3), issue d'une trombe marine, dévaste plusieurs quartiers de la ville de Nice (Alpes-Maritimes). Le phénomène, qui blesse environ 70 personnes, se dissipe en abordant le Mont Gros.
 
Il est à noter que la ville de Nice a déjà été frappée par une tornade, dans les mêmes circonstances, à trois reprises : le 24 septembre 1822 (EF1), le 19 octobre 1857 (EF2), et le 1er décembre 1924 (EF3).

Enfin, la tornade de Nice s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise 2 cas pour la journée du 1er décembre 1924, dont la tornade EF1 de Saint-Mandrier-sur-Mer (Var), survenue trois heures auparavant. 
  

Principales caractéristiques de la tornade

Trajectoire de la tornade de Nice (06) du 1er décembre 1924intensité maximale : EF3, soit des vents estimés entre 220 km/h et 270 km/h
* distance parcourue : 4 kilomètres
* largeur moyenne : 150 mètres (localement, des aspirations périphériques sont observées)

* commune traversée : NICE (jardin Albert Ier, gendarmerie, Saint-Roch, Mont Gros)
* département : ALPES-MARITIMES (06)
* altitude moyenne du terrain : 40 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés, territoires agricoles, forêts et milieux semi-naturels, surfaces en eau

* principaux dégâts : enseigne en fer forgé de 5 mètres arrachée et transportée à 50 mètres ; fiacres renversés ; gros palmiers déracinés ou coupés net à ras de terre ; autres arbres abattus ; murs de la gendarmerie écroulés ; cylindre niveleur déplacé sur la chaussée ; un tramway mis en branle ; toits de fabriques arrachés ; 2000 m² de hangars d'une scierie mécanique entièrement détruits (constructions solides avec poutres, charpentes, et toitures en tuiles) ; individus soulevés de terre ; projections de débris à grande distance ; phénomènes d'aspiration dans les habitations

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen. 
  

Trajectoire de la tornade

 
© Keraunos (fond de carte : plan de Nice de 1920 - Syndicat d'Initiative de Nice)
 
La trajectoire reprise ci-dessus n'intègre pas la colline du Mont Gros, au pied de laquelle la tornade s'est réellement dissipée. 
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Une tornade urbaine spectaculaire

La tornade de Nice, spectaculaire par ses effets produits en ville, a fait l'objet d'une médiatisation de grande ampleur dans la presse locale. Le phénomène a été d'autant plus violent qu'il a frappé l'un des quartiers les plus prestigieux de la baie des Anges. De nombreuses entreprises renommées, installées près des rives du Paillon, ont également été sinistrées. 
 
La trombe marine à l'origine de la tornade est entrée en ville par l'embouchure du Paillon, au niveau du Palais de la Jetée (aujourd'hui disparu) et du jardin Albert Ier. Annoncée par un bruit formidable, la tornade s'est engouffrée dans les rues de la ville en progressant vers le Nord-Nord-Est en direction du Mont Gros. Des dizaines de voies de communication, situées entre l'extrémité est de la promenade des Anglais et le Mont Gros, ont été touchées (liste non exhaustive) : rue Paradis, avenue de Verdun, pasage Emile Négrin, rue Gustave Deloye, rue de l'Hôtel des Postes, rue Pastorelli, boulevard Dubouchage, place Sasserno, rue Delile, rue Galléan, boulevard Carabacel, avenue des Arènes de Cimiez, avenue de l'Arbre Inférieur, rue de la Gendarmerie, avenue du Maréchal Lyautey (anciennement quai Pasteur et route de Levens), place de Tende, rue de Roquebillière, boulevard Pierre Semard (gare de Saint-Roch), route de Turin.
 
La tornade, qui présente des effets analogues à ceux de la tornade de Paris du 10 septembre 1896, semble avoir été grandement influencée par la nature fortement urbanisée des lieux. De multiples aspirations périphériques ont d'ailleurs été observées en plusieurs points de la ville. La largeur du tourbillon, estimée à une centaine de mètres, est localement bien supérieure si l'on assimile les dégâts périphériques. En fin de trajectoire, les dégâts sont observés sur une bande de terrain large de 250 mètres
 
Les dégâts de cette tornade relèvent ponctuellement de l'intensité EF3, notamment dans le quartier de la gendarmerie et près des rives du Paillon. Là, plusieurs constructions solides ont été abattues : murs de la gendarmerie effondrés, bâtiments d'une scierie entièrement détruits (constructions solides avec poutres, charpentes, et toitures en tuiles), phénomènes spectaculaires d'aspirations dans de nombreuses habitations :
 

  
Aucune victime décédée n'est à déplorer suite à la tornade. Environ 70 personnes ont dû en revanche être soignées à l'hôpital.
  

Trois tornades en un siècle à Nice

La tornade de Nice du 1er décembre 1924, bien que remarquable par son intensité, n'est pas un fait nouveau. Déjà au XIXe siècle, deux autres tornades (issues toutes deux d'une trombe marine) ont touché la ville en 1822 (intensité EF1) et en 1857 (intensité EF2). En raison d'un habitat moins dense, les dégâts étaient apparus moins importants.
 
La carte ci-dessous synthétise les trois événements niçois survenus au cours des XIXe et XXe siècles :
 
© Keraunos (fond de carte : Google Images)

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