Le recensement annuel des supercellules arrêté au 31 octobre passe le seuil des 100 cas.
Supercellule dans le Loiret. Nuit du 25 au 26 juillet 2013. (c) Xavier DELORME.
La fin de l'année approche et la saison orageuse 2013 au sens strict est désormais achevée. A cette occasion, un pré-bilan de l'activité supercellulaire annuelle vient d'être établi par KERAUNOS, sur la base des données recueillies entre le 1er janvier et le 31 octobre. En voici les principaux enseignements.
Qu'est-ce qu'une supercellule ?

Les supercellules ont longtemps été considérées comme une quasi-exclusivité des grandes plaines nord-américaines, et dès lors comme un phénomène rarissime en France. Pourtant, le recensement des supercellules françaises que réalise KERAUNOS depuis plusieurs années tend à montrer une réalité quelque peu différente : même si les supercellules françaises atteignent rarement des dimensions aussi considérables qu'aux Etats-Unis, elles ne sont pas exceptionnelles sur notre territoire, loin s'en faut.
Le recensement des supercellules
Inventorier les supercellules présente un enjeu important, dans la mesure où les supercellules sont à l'origine d'un grand nombre d'orages violents voire extrêmes. Ce type de structure orageuse est en effet capable, plus que toute autre, de produire de très fortes chutes de grêle ainsi que des tornades d'intensité significative.
Le grêlon géant ci-dessous a ainsi été produit par une supercellule le 6 août 2013, lors de son passage sur le département de la Loire :
Il est important de garder à l'esprit que le recensement des supercellules présente des difficultés spécifiques. En effet, il existe une infinité de stades transitoires entre une cellule orageuse classique et une supercellule ; on ne passe pas de l'une à l'autre de manière toujours évidente et nette. Des seuils et caractéristiques typiques sont fixés pour poser un cadre au diagnostic de supercellule mais, sur un plan technique, seules les informations fournies par des radars Doppler à haute résolution permettent de les évaluer avec certitude. Ce type d'information n'étant pas disponible en France à l'heure actuelle, KERAUNOS utilise une méthodologie alternative, qui combine les observations du terrain avec celles des radars à balayage horizontal. Ceci permet d'identifier d'une part les supercellules typiques, et d'autre part les structures qui présentent un comportement de type supercellulaire sans toutefois être parfaitement explicite. Les premiers cas sont recensés en "liste principale" et les seconds cas en "liste secondaire".
Compte tenu de ces contraintes, il est possible que les statistiques qui suivent aient laissé échapper quelques cas de supercellules. Si vous pensez avoir été témoin d'une supercellule et que celle-ci ne vous semble pas intégrée dans nos bases de données, n'hésitez pas à nous contacter.
Les supercellules en France en 2013
Sur la période du 1er janvier au 31 octobre 2013, 113 supercellules ont été recensées en France par KERAUNOS, dont 79 en liste principale. Ce nombre paraît important ; toutefois le recensement des supercellules en France ne dispose que d'un recul de quelques années, ce qui ne permet pas pour le moment d'établir des conclusions climatologiques définitives.
Le mois d'août compte à lui seul 37 supercellules, suivi par le mois de juin (22 cas) et le mois de juillet (21 cas). Les journées des 5 et 6 août ont été les plus productrices de l'année en supercellules, avec pas moins de 16 occurrences en 48 heures.
Les deux cartes ci-dessous présentent la répartition géographique des supercellules durant cette année 2013.
A gauche, la carte illustre le nombre de supercellules qui ont transité sur chacun des départements. On note que l'activité supercellulaire a été plus particulièrement fournie entre l'Aquitaine, l'Auvergne et un grand quart nord-est de la France. Néanmoins, toutes les régions de France ont connu des supercellules cette année, à l'exception de la Corse.
La carte de droite représente pour sa part le nombre de supercellules initiées sur chacun des départements. Cela permet d'identifier les zones de formation privilégiées des supercellules. On note que le Puy-de-Dôme a constitué un véritable foyer de supercellules cette année, avec pas moins de 19 formations de supercellules sur ce seul département. Le nord de la Bourgogne et l'Aquitaine ont également été le siège de nombreuses formations de supercellules. Un constat très voisin avait déjà pu être établi les années précédentes.
Structures, durées de vie et heures de formation
Au total, 77% des supercellules recensées ont développé un moteur droit. La durée de vie moyenne de ces supercellules a été de 2 heures et 19 minutes.
Les 23% de supercellules qui ont développé un moteur gauche ont présenté une durée de vie moyenne un peu plus courte (2 heures et 1 minute).
Parmi les 3 supercellules les plus durables de cette année (durée de vie supérieure à 5 heures), 2 étaient moteur droit et 1 était moteur gauche.
L'immense majorité des supercellules se sont formées et ont évolué entre le début de soirée et le milieu de nuit. Les supercellules matinales ont été particulièrement rares.
L'heure moyenne de formation ressort à 17h25 UTC (soit 19h25 locales au printemps et en été) ; l'heure moyenne de dissipation ressort pour sa part à 19h40 UTC (soit 21h40 locales en période d'heure d'été).
Des informations complémentaires sur l'activité supercellulaire 2013 en France seront communiquées lors du séminaire Keraunos des 16 et 17 novembre, à Lyon.
Sélection de photographies de supercellules de l'année 2013
Supercellules dans l'après-midi et en soirée le 16 juin 2013 entre Auvergne et Bourgogne :
Violente supercellule HP qui a généré la tornade EF3 d'Etrochey (21) le 19 juin 2013 :
Supercellule le soir du 26 juillet 2013 entre Eure et Aisne :
Supercellule le soir du 2 août près de Périgueux en Dordogne :
Supercellule le soir du 5 août près de Vichy 03) et le soir du 6 août en Bourgogne :
Supercellule LT en Normandie le soir du 8 septembre 2013 :
Informations complémentaires
+ en savoir plus sur les supercellules
+ en savoir plus sur la tornade EF3 d'Etrochey (Côte-d'Or) du 19 juin 2013, produite par une supercellule HP
+ en savoir plus sur la tornade EF2 de Saint-Alyre-d'Arlanc (Puy-de-Dôme) du 28 juillet 2013, produite par une supercellule
+ en savoir plus sur les chutes de grêle dévastatrices du 2 août 2013 dans le sud-ouest, liées à plusieurs supercellules
+ en savoir plus sur les chutes de grêle extrêmes du 6 août 2013, causées par des supercellules
+ en savoir plus sur la tornade EF2 de Bailleul (Nord) du 20 octobre 2013, produite par une supercellule LT
+ consulter la base de données des supercellules françaises (chaque supercellule est référencée par un nombre qui correspond au jour d'occurrence et par une lettre qui est fonction de son rang dans la journée en question)