Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF0 à Arles (Bouches-du-Rhône) le 27 avril 2015

Le 27 avril 2015, à 7h30 locales, une tornade de très faible intensité (EF0), est observée en Camargue, non loin du Grand Rhône (département des Bouches-du-Rhône). Quelques menus dégâts sont recensés le long de la route de l'Abrivado, sur le territoire communal d'Arles.
 
Cette tornade matinale a été suivie par plusieurs autres phénomènes tourbillonnaires en cours d'après-midi, entre le Parc Naturel de Camargue et Fos-sur-Mer, dont une nouvelle très probable tornade (plus d'informations ici en bas de page).
 

Principales caractéristiques de la tornade

Localisation de la tornade EF0 d'Arles (13) du 27 avril 2015.* intensité maximale : EF0 soit des vents estimés de 105 à 135 km/h
* distance parcourue : 1,8 kilomètre (distance minimale reconnue à ce jour)
* largeur moyenne : 20 mètres

* commune traversée : ARLES (Draille du Carnage, D36)
* département : BOUCHES-DU-RHÔNE (13)
* altitude moyenne du terrain : 1 mètre
* type de terrain : rizières ; marais maritimes

* principaux dégâts : arbres feuillus de faible dimension ébranchés ou couchés 
 
NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
 

Trajectoire de la tornade

 
© Keraunos (fond de carte: Géoportail)
 
© Keraunos (fond de carte: Géoportail) 
  

Une tornade filmée en bordure de route

La tornade d'Arles a pu être filmée dans les environs du Sambuc, à proximité du Grand Rhône (crédit : Natha Tena) :

 Capture vidéo de la tornade du 27 avril 2015 près d'Arles (13). © Nathan TENA
 

 
La vidéo témoigne d'une tornade dotée d'un buisson bien constitué, d'une largeur de quelques dizaines de mètres. Ce dernier est d'ailleurs observé de très près par les témoins, ce qui en fait l'une des vidéos de tornades les plus proches filmées en France à ce jour.

La dernière tornade en date sur le département des Bouches-du-Rhône était celle qui avait frappé Martigues le 4 novembre 2014, d'intensité EF1.
 

Quelques dégâts sur la végétation

Une enquête de terrain a pu être effectuée par Loïc Spadafora et Alexandre Broussin de Météo-Languedoc. La tornade a provoqué quelques légers dégâts sur un parcours de près de 2 kilomètres et une largeur maximale de 20 mètres, dans un périmètre restreint compris entre la Draille du Carnage et la Roubine de Giraud. Quelques arbres feuillus de faible dimension sont ébranchés ou couchés. Compte tenu de la nature très humide des sols (rizières et marais maritimes) et d'un enracinement superficiel, il est considéré qu'une tornade d'intensité EF0 est en mesure de produire ce type de dommages.

Photographies des principaux dégâts observés sur la végétation : 

 

Analyse des conditions météorologiques

La tornade d'Arles s'est formée au sein d'une cellule orageuse de petite dimension, constituée le long d'une ligne pluvio-orageuse active, qui a développé plusieurs ondulations sur son bord d'attaque. Cette ligne a évolué au sein d'un thalweg de surface, le long d'une zone de convergence étroite, à caractère de pseudo front froid. Elle apparaît de manière explicite sur l'image radar ci-dessous, avec de fortes réflectivités : 


L'activité électrique générée par cette ligne orageuse s'est avérée significative, comme l'illustre la carte foudre ci-dessous (réseau Blitzortung) : 


Comme le montrent les deux champs ci-dessous, issus du
modèle WRF 13 km Europe, la tornade s'est formée dans un contexte dépressionnaire fortement perturbé. Un thalweg d'altitude, bien resserré à l'étage moyen, progressait alors en direction du Golfe du Lion, en générant à l'avant, sur les Bouches-du-Rhône, un flux de secteur S à SSE divergent et bien froid. On note d'ailleurs la circulation, à l'heure de la tornade, d'un thalweg thermique secondaire de courte longueur d'onde sur la Camargue. Ce dernier est rapidement remonté par la Méditerranée en tout début de matinée et a contribué à renforcer l'instabilité latente sur cette zone :


La masse d'air en présence était de fait bien instable en ce début de journée. Le modèle à haute résolution WRF 1 km France simulait ainsi la constitution d'une langue d'air très doux et très humide en basses couches entre les côtes varoises et l'intérieur du Gard. Les valeurs de SBCAPE s'avèrent dès lors élevées pour une fin de nuit d'avril, avec 700 à 900 J/kg, et des SBLI oscillant entre -2 et -3 K sur la zone frappée par la tornade :

Les profils verticaux étaient conjointement très cisaillés, notamment dans les basses couches. Ceci est lié à la superposition d'un jet de basses couches de secteur SSE (visible à 950 hPa, soit vers 500 mètres d'altitude, sur le champ de modèle ci-dessous à gauche), et de vents de secteur SO à une altitude supérieure (champ de vent à 700 hPa, soit vers 3.000 mètres d'altitude, ci-dessous à droite) :

L'ensemble a créé un contexte temporairement favorable à la formation de misocyclones, l'un d'eux ayant été suffisamment puissant pour former une tornade.

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