Observatoire français des tornades et orages violents

Microrafale d'intensité modérée (D2) à Oigney (Haute-Saône) le 18 juillet 2015

Le 18 juillet 2015, vers 19 heures locales, une microrafale isolée frappe la commune d'Oigney, en Haute-Saône. Le phénomène, associé à une cellule orageuse isolée mais virulente, provoque des dégâts dans tout le village. Plus généralement, de fortes rafales linéaires sont observées sous cet orage et ont fait l'objet de photographies par L. Gibaud.

Principales caractéristiques de la microrafale

Localisation de la microrafale d'Oigney (Haute-Saône) du 18 juillet 2015* intensité maximale : D2, soit des vents estimés entre 120 km/h et 150 km/h

* commune traversée : OIGNEY
* département : HAUTE-SAÔNE (70)
* altitude moyenne du terrain : 275 mètres
* type de terrain : territoires agricoles
 
* principaux dégâts : arbres fruitiers déracinés ; un tilleul couché par le vent ; une caravane renversée ; tuiles arrachées sur certaines habitations et sur l'église ; tôles de cheminées arrachées
 

Trajectoire de la microrafale et localisation des dommages

Les investigations réalisées par Keraunos, complétées par des photographies du phénomène réalisées par L. Gibaud et des informations issues de la presse locale, permettent de conclure à un phénomène de rafales linéaires sur un axe qui s'étire au minimum de la commune de Gilley (Haute-Marne) à celle d'Augicourt (Haute-Saône). Cet axe est susceptible d'être plus étendu, mais aucune information ne permet de le confirmer à l'heure actuelle.

Très localement, des dommages plus significatifs sont concentrés sur la commune d'Oigney, où des arbres fruitiers ont été déracinés,un tilleul couché par le vent, une caravane renversée, des tuiles arrachées sur certaines habitations et sur l'église, et des tôles de cheminées arrachées. Sur l'ensemble du village, aucun axe de convergence, ni aucun élément permettant d'identifier le passage d'une tornade n'a pu être mis en évidence. Les dommages observés, par leur organisation et leurs caractéristiques, sont typiques de ceux produits par des rafales descendantes sur cette commune.
 
La carte ci-dessous synthétise l'épisode venteux, selon un axe de déplacement de l'Ouest/Sud-Ouest vers l'Est/Nord-Est :
 
Microrafale d'Oigney (Haute-Saône) du 18 juillet 2015. Plage de couleur rose : axe touché par des rafales linéaires. Plage de couleur rouge : microrafale d'Oigney. © Keraunos (fond de carte : Géoportail)

© Keraunos (fond de carte : oportail)
 

Photographies de la cellule orageuse et inventaire des dommages

La cellule orageuse à l'origine de la microrafale d'Oigney a fait l'objet de plusieurs clichés par L. Gibaud, qui a pu parcourir une bonne partie de la zone touchée par ces rafales.

A 20 kilomètres de distance environ, on aperçoit tout d'abord une base menaçante et un rideau de précipitations intense et bien délimité. A l'approche du phénomène, le rideau de précipitations prend une forme caractéristique en présentant quelques ondulations, signe d'une activité venteuse soutenue à l'intérieur de la cellule. Enfin, en bordure extrême du rideau de précipitations, sur le flanc sud de la cellule orageuse, des rafales linéaires se déclenchent en projetant quelques débris à plusieurs mètres. A cet instant précis, le village voisin d'Oigney est frappé simultanément par une microrafale humide, dont les conséquences ont été plus lourdes. 

Les photographies suivantes montrent diverses vues de la cellule orageuse, ainsi que les principaux dégâts occasionnés par la microrafale d'Oigney : 


Photographies des dégâts représentatifs : 

A

Une microrafale confondue à tort avec une tornade

Plusieurs témoins de la commune d'Oigney ont qualifié cette microrafale de tourbillon, compte tenu de son aspect virulent : "Un tourbillon qui avançait dans un couloir, celui de la rue de l’église, avant de repartir route d’Augicourt." [Est-Républicain du 18 juillet 2015]. En réalité, les habitants du village décrivent l'un des aspects visuels que présentent régulièrement les microrafales, rendues visibles par les précipitations et les débris qui les accompagnent.
 
Par ses caractéristiques et sa durée (7 minutes selon les témoins), la microrafale d'Oigney présente de grandes similitudes avec celle qui avait frappé la commune du Pin (Charente) deux ans auparavant, le 18 juillet 2013. Le phénomène avait lui aussi, à tort, était qualifié de tornade par ceux qui l'avaient vécu.
 
Le cas d'Oigney montre une fois de plus toute l'importance d'une reconnaissance de terrain, particulièrement lors d'épisodes venteux sévères, au cours desquels les témoignages peuvent parfois, sous le coup de l'émotion, donner lieu à des interprétations erronées.
 

Analyse des conditions météorologiques

La microrafale qui a balayé Oigney vers 19h00 locales a été produite par une cellule orageuse très active mais isolée et de petite dimension, dont les premiers développements sont identifiés vers 17h30 locales sur le nord-est du département de la Côte-d'Or. Entre 18h00 et 19h00 locales, cette cellule transite sur le sud de la Haute-Marne puis entre sur le territoire de la Haute-Saône, avant de déclencher la microrafale d'Oigney. L'activité électrique générée par cette cellule orageuse s'est avérée significative, comme l'illustre la carte foudre ci-dessous (réseau Blitzortung) :



Comme le montre le champ ci-dessous à gauche, issu du modèle WRF 7 km France, un rapide flux de sud-ouest est en position ce samedi 18 juillet 2015 sur la France, en altitude, à l’avant d’un thalweg modérément dynamique qui approche par l’Atlantique. La Franche-Comté et ses environs se trouvent dans une configuration d'entrée droite de courant-jet. En même temps, en basses couches, le flux véhicule un air particulièrement chaud et très humide (thêta’w > 20°C à 850 hPa), entre Pyrénées, Massif Central et sud des Vosges (ci-dessous à droite) :


Les profils verticaux sont par conséquent fortement instables durant l'après-midi aux abords de la Haute-Saône. Des valeurs de MUCAPE supérieures à 1500 J/kg sont en position sur la zone, avec des MLLI modérément négatifs :


En savoir plus sur les microrafales et les macrorafales

+ consulter la page dédiée aux microrafales et macrorafales

+ découvrir la climatologie des rafales sous orages en France