Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF2 à Arques (Pas-de-Calais) le 23 octobre 2006

Une tornade d'intensité modérée (EF2) frappe la commune d'Arques (Pas-de-Calais), le 23 octobre 2006, vers 19h30 locales. Le phénomène, qui a été confirmé par une enquête de terrain, s'est développé sous une puissante ligne de grains.
 
La tornade d'Arques s'inscrit très probablement dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totaliserait 3 cas pour la seule journée du 23 octobre 2006, dont celui de Brias (Pas-de-Calais) et de Vieux-Bourg (Calvados) classés en liste secondaire.
 

Principales caractéristiques de la tornade

Localisation de la tornade d'Arques (62) du 23 octobre 2006* intensité maximale : EF2, soit des vents estimés entre 175 km/h et 220 km/h
* distance parcourue : 3,7 kilomètres
* largeur moyenne : 80 mètres

* commune traversée : ARQUES (Cristallerie, Haut-Arques, étang d'Harchelles)
* département : PAS-DE-CALAIS (62)
* altitude moyenne du terrain : 25 mètres
* type de terrain : tissu urbain discontinu, zones industrielles et commerciales, terres arables hors périmètres d'irrigation, forêts de feuillus

* principaux dégâts : barrières de passage à niveau arrachées ; vitres brisées ; arbres déracinés (feuillus et confières) ou arbres de faibles dimensions brisés à mi-hauteur ; toitures partiellement arrachées ou majoritairement arrachées ; effondrement d'un bâtiment de ferme, solidement bâtie en briques alternées et dotée d'une puissante charpente ; grosses branches emmenées à distance; voitures dont les vitres ont été brisées par des projectiles ; ces derniers ont également atteint des murs d'habitations ; réverbères pliés par le vent ou luminaires brisés

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF,
mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
 

Trajectoire de la tornade

 
© Keraunos (fond de carte: Géoportail)
  

Un corps de ferme éventré

Une enquête de terrain a été effectuée par Keraunos pour cet événement. Elle fait apparaître un couloir de dégâts convergents sur un parcours de 3,7 kilomètres et une largeur moyenne de 80 mètres. Sur le Haut Arques, la tornade atteint temporairement le stade EF2, à en juger par l'état d'un corps de ferme éventré (voire photographies ci-après). 
 
Parmi les témoins du phénomène, un jeune garçon de la rue Salvador Allende a retenu l'attention. Voici ses quelques propos repris en substance: "Moi j'aime bien les tornades; j'en ai déjà vu à la télé et plusieurs en photos. Je l'ai vu le vortex, il est arrivé, tout a été soufflé, et il est parti".
 
Les photographies illustrent les dommages causés par cette tornade. En plusieurs points de la trajectoire, des phénomènes d'aspiration ont été observés. Des projectiles ont également endommagé des voitures et des murs d'habitation. 
  
 
1    Rue Salvador-Allende - Mur criblés de projectiles emportés par la tornade 
2    Rue Salvador-Allende - Véhicules très sévèrement endommagés, avec mélange d'herbe broyée  et de terre fiché jusqu'au fond des phares (intégralement pulvérisés)
3    Rue Jules-Verne - Arbre déraciné
4    Haut Arques - Corps de ferme totalement éventré et toitures endommagées
 

Coupure de presse

Le quotidien régional La Voix du Nord mentionne la tornade dans son édition du 12 août 2006:
 
Tempête : pas de blessés, mais que de dégâts !

Après le coup de vent très violent qui a causé d’importants dommages lundi soir sur son passage, hier, l’heure était au bilan.

Toute la journée d’hier à Arques, près de Saint-Omer, on a pansé les plaies du très violent coup de vent qui, en deux-trois minutes, et de façon très localisée, a provoqué d’importants dégâts, lundi aux alentours de 19h15. Par miracle, il n’a fait aucun blessé. En revanche, les toitures de certaines maisons sont dévastées. Environ deux cents habitations ont été touchées à des degrés divers. Vingt-cinq familles ont dû être relogées.

Au bout de la ruelle, les toits des pavillons les plus récents, disposés autour d’un carré de verdure, ont beaucoup souffert. Sur les toitures les plus abîmées, les couvreurs s’affairaient à clouer des bâches pour éviter que l’eau ne s’infiltre à l’intérieur des maisons. À terre, le personnel de Pas-de-Calais Habitat et les agents communaux nettoyaient le sol jonché de tuiles cassées. Chez Claudie Derollez, locataire depuis seulement trois mois, l’eau avait déjà fait son œuvre. « Regardez, montrait-elle dépitée, l’eau suinte des prises électriques, goutte du plafond. » Des électriciens sont alors venus couper le courant pour prévenir tout risque de court-circuit et d’incendie. Dans cette habitation comme dans toutes celles frappées par les éléments, les bailleurs sociaux prévoyaient hier de faire passer rapidement experts techniques et experts en assurances pour évaluer l’importance et le montant des dégâts. Une chose paraît sûre, il faudra sans doute plusieurs mois pour que les locataires les plus sinistrés puissent retourner vivre chez eux.

Derrière le quartier Allende, rue Jules-Verne, par-delà la ligne de chemin de fer, les toits des maisons ont aussi perdu pas mal de tuiles. Les jardins n’ont pas été épargnés. « J’avais deux gros noyers dont je vendais les noix pour acheter des jeux à mon gamin, ils ont été déracinés », déplore Sébastien Grandval. Le sapin de son voisin est lui aussi couché. Les trois arbres sont allongés dans le même sens, celui du passage du coup de vent violent dont Météo France dit qu’il peut avoir soufflé entre 100 et 150 km/h. Des vitres de la verrerie - cristallerie d’Arques, l’un des premiers employeurs privés de la région, n’y ont pas résisté.

Sous le coup des bourrasques, la grange de Jean-Paul Ravinet s’est effondrée. Hier, ne restait qu’un immense tas de pierres. Par chance, la Traction datant de 1954, garée dans le bâtiment mitoyen, a été épargnée… Ces propriétaires, comme tous les autres, attendaient hier le passage des experts en assurances pour envisager une réparation rapide. En tout début d’après-midi, Bernard Fragneau, préfet du Pas-de-Calais, et Joël Duquenoy, maire d’Arques, indiquaient qu’une demande de reconnaissance de catastrophe naturelle ne serait pas formulée. C’est la garantie tempête, présente dans tout contrat d’assurance, qui devrait s’appliquer.

La mairie d’Arques annonçait hier en fin d’après-midi que le relogement allait concerner vingt-cinq familles. Des personnes âgées ont été prises en charge par leurs proches, tandis qu’en règle générale, les sinistrés ont pu trouver refuge dans des gîtes ou des appartements de l’Audomarois.
 

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