Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF2 à Saint-Eustache-la-Forêt (Seine-Maritime) le 16 février 2000

Une tornade d'intensité modérée (haut de l'échelon EF2) frappe plusieurs communes de Seine-Maritime, le 16 février 2000 vers 11h30 locales. Le phénomène, qui a produit des dégâts matériels parfois importants à Saint-Eustache-la-Forêt, s'est dissipé dans la vallée de Lillebonne. Il a fait l'objet d'une publication dans la revue MetMar de septembre 2000 (n°188, pages 6-9).

La tornade de Saint-Eustache-la-Forêt s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise au moins 2 cas pour la journée du 16 février 2000, dont la tornade EF1 d'Argentan (Orne).
 

Principales caractéristiques de la tornade

* intensité maximale : EF2, soit des vents estimés entre 175 km/h et 220 km/h
* distance parcourue : 8,5 kilomètres
* largeur moyenne : 150 mètres

* communes traversées : SAINT-EUSTACHE-LA-FORÊT (les Fonds de Misère, ferme Perrier), SAINT-ANTOINE-LA-FORÊT (les Côtières) , GRUCHET-LE-VALASSE (Bois de la Côte des Forges), LILLEBONNE (le Becquet, Parc des Aulnes, la Vallée)
* département : SEINE-MARITIME (76)
* altitude moyenne du terrain : 80 mètres
* type de terrain : tissu urbain discontinu, zones industrielles et commerciales, terres arables hors périmètres d'irrigation, prairies, forêts de feuillus

* principaux dégâts : chute de cheminées ; arbres parfois centenaires déracinés, ou abattus, abattis complet dans le parc de l'abbaye de Valasse ; un hangar soufflé ; toitures d'habitation enlevées ; une habitation partiellement détruite (murs en briques et silex, ensemble de la toiture, ardoises, lattis, chevrons) ; projection de débris à plusieurs centaines de mètres (gros pans de toitures notamment); abris de jardin détruits ; toiture d'une piscine en partie enlevée

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
 

Trajectoire de la tornade

 
 
 
 

Revue scientifique

La revue MetMar (n°188, septembre 2000) consacre quatre pages à l'événement. Le rapport détaillé par Rémi Caspar reprend la trajectoire du phénomène et le contexte météorologique. En voici un extrait: 

Selon la presse, une seule et même tornade serait à l’origine des multiples dommages subis ce jour-là dans la région : elle aurait pris «son essor» au niveau de la N15 (carrefour dit du «fonds de misère»), provoquant des dégâts à une toiture (tuiles envolées et cheminée abattue). Des témoins disent qu’elle s’étendait alors sur une bande de 150 mètres de large « avec en son milieu une sorte de tube».
 
 
Puis elle aurait gagné Saint-Eustache avec les effets que l’on sait, et se serait portée sur le hameau des « Côtières » où une toiture fut soulevée pendant que celle d’un bâtiment agricole s’effondrait sur du bétail. Elle aurait ensuite frappée le parc de l’Abbaye du Valasse, à 3 km au sud-est de Saint-Eustache, détruisant un coteau boisé. Un témoin est cité : « j’ai vu une sorte de gigantesque tuyau balayer le coteau boisé ».
 


On la retrouve ensuite à Lillebonne (environ 6 kilomètres plus loin) où divers dégâts sont signalés, notamment une toiture totalement arrachée.

On peut admettre en effet que la tornade observée à Lillebonne était la même que celle de Saint-Eustache-la-Forêt, mais il est singulier de constater que les dégâts observés sur son parcours supposé sont très localisés, le tourbillon, semblant disparaître ici pour réapparaître là.

Dans le parc de l’abbaye, par exemple, on découvre un pan de colline d’environ 1 à 2 hectares totalement dévasté, la plupart des arbres ayant été déracinés et le reste étêté.

Les propos du témoin cité par la presse et les dégâts que l’on constate évoquent ici un tourbillon de forte ampleur, mais dont on ne retrouve pas les effets en aval, comme s’il n’avait fait qu’effleurer un relief sur sa route.
 
Cette tornade devait être certainement animée de mouvements très rapides dans le plan vertical. Des études sur les tornades Américains ont d’ailleurs montré que ces phénomènes jouent parfois « à saute-mouton ».

Discussion sur la trajectoire et l'intensité retenues

Les éléments à disposition permettent d'attester d'un phénomène tourbillonnaire sur une trajectoire totale de 8,5 kilomètres et une largeur moyenne de 150 mètres

Les dégâts les plus spectaculaires, au niveau de la ferme Perrier, relèvent d'une intensité EF2 (haut de l'échelon) : l'extrémité de l'habitation a été détruite (murs en briques et silex, ensemble de la toiture, ardoises, lattis, chevrons) et les débris projetés à plusieurs centaines de mètres (gros pans de toitures notamment). Nous pouvons considérer que des vents proches de 200 km/h à 220 km/h sont en mesure de produire ce type de dommages.
 

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