Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF2 à Fleury-les-Aubrais (Loiret) le 20 septembre 1973

Une tornade d'intensité modérée (haut de l'échelon EF2) touche le nord de l'agglomération d'Orléans (Loiret) dans l'après-midi du 20 septembre 1973. Le phénomène frappe plus particulièrement la commune de Fleury-les-Aubrais avant de se dissiper en forêt d'Orléans.
 
La tornade de Fleury-les-Aubrais s'inscrit dans un outbreak de tornades meurtrier (épisode de tornades groupées) qui totalise 3 cas pour la journée du 20 septembre 1973, dont la tornade EF3 de Sancy-lès-Provins (Seine-et-Marne) et la tornade EF3 de Grainville-Langannerie (Calvados). Deux personnes trouvent effectivement la mort durant cet outbreak.
 

Principales caractéristiques de la tornade

Localisation de la tornade de Fleury-les-Aubrais (45) du 20 septembre 1973* intensité maximale : EF2, soit des vents estimés de 175 km/h à 220 km/h
* distance parcourue : 4,2 kilomètres
* largeur moyenne : 250 mètres

* communes traversées : SARAN (rue des Bordes), FLEURY-LES-AUBRAIS (Zone Industrielle, Nécropole Nationale, Forêt d'Orléans)
* département : LOIRET (45)
* altitude moyenne du terrain : 125 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés, territoires agricoles, forêts et milieux semi-naturels

* principaux dégâts : toit d'un garde-barrière aspiré; croix de cimetière arrachées; arbres hâchés, brisés ou déracinés (nature non précisée); nombreux arbres fruitiers détruits; voitures déplacées ou endommagées; toitures soufflées; toitures d'entrepôts industriels aspirées et rejetées à plusieurs mètres; remorque de plus de 16 tonnes poussée à 20 mètres
 
NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
 

Parcours de la tornade

 
© Keraunos (fond de carte : Géoportail) 
 

Une tornade en milieu industriel

La tornade de Fleury-les-Aubrais du 20 septembre 1973 a pu être identifiée à l'appui de nombreux articles de presse, et à partir d'un compte-rendu rédigé par la mairie. Le phénomène, qui traverse tout le nord-ouest de l'agglomération orléanaise, se dissipe en lisière de la forêt d'Orléans, après plus de 4 kilomètres de trajectoire. Selon les informations recueillies dans la presse locale, le tourbillon aurait début sa course dans le cimetière de Saran, avant de survoler la Zone Industrielle de Fleury-les-Aubrais où des phénomènes d'aspiration importants sont observés sur deux usines : "L'usine Thomson barrait malencontreusement la route au cyclone. Toutes les plaques de fibrociment posées sur deux des sheds de la toiture ont volé à plusieurs centaine de mètres, s'abattant çà et là sur les voitures aux parkings, les installations, les hangars. Une remorque de 16 tonnes a été "poussée" à plus de vingt mètres en compagnie d'une cabane métallique contenant des instruments de mesure d'une grande valeur. Abrités tant bien que mal sous leurs établis, les ouvriers n'ont été atteints que de petits débris qui n'ont causé que des écorchures. A moins de 100 mètres, l'usine Yoplait a subi un sort tristement identique : le personnel a vu toute la toiture d'un bâtiment s'élever sur plusieurs mètres avant de se disloquer. Quant aux entrepôts, ils ont été vidés en quelques secondes de tous leurs stocks." (La Nouvelle République du 21 septembre 1973).
 
En d'autres points de la trajectoire, des toitures d'habitations sont soufflées et un verger sinistré. Au passage à niveau 89, sur la ligne Orléans-Montargis, le toit du garde-barrière est littéralement aspirée. La tornade déplace ou soulève également une cinquantaine de véhicules en stationnement. Ces dégâts relèvent d'une intensité EF2 (haut de l'échelon).
 
* * *
 
La tornade de Fleury-les-Aubrais a fait l'objet d'une importante médiatisation auprès de la presse régionale et nationale. L'extrait suivant, issu de La Nouvelle République du 21 septembre 1973, résume la fin de la trajectoire de la tornade et sa dissipation en forêt d'Orléans :
 
M. Lecointe, arboriculteur au "Chêne-Rond" à Fleury, était très fier d'une récolte de poires et de pommes favorisée par une saison propice. En quelques secondes elle a été irrémédiablement compromise. 40 tonnes de fruits, peut-être davantage, ont été précipités au sol ; ils n'étaient pas encore tout à fait mûrs et ne sont juste bons qu'à faire de mauvaises compotes. Sur près de 3 hectares les arbres sont hachés, brisés ou entièrement déracinés. L'orage n'a même pas respecté les morts : le cimetière militaire n'a pas été épargné, les croix ont été arrachées, les tombes labourées par les tôles venant de tous les hangars abattus au passage.

C'est sans doute la forêt d'Orléans qui a arrêté la tornade. Un grand nombre d'arbres de la lisière ont été brisés à mi-hauteur. Dans tous les champs alentour, des centaines de débris donnaient une idée de l'ampleur d'un désastre impossible à chiffrer mais dont le bilan se montera vraisemblablement à des centaines de milliers de francs.
 

Un outbreak meurtrier remarquable

L'outbreak de tornades survenu le 20 septembre 1973 a sinistré onze communes, sans compter les nombreux autres dégâts venteux provoqués par la dégradation orageuse qui a traversé la France. Les trois tornades (dont deux phénomènes d'intensité EF3) se sont développées à seulement trois heures d'intervalle sur une superficie restreinte.
 
Au total, deux personnes ont trouvé la mort dans cet outbreak. A Augers-en-Brie (Seine-et-Marne), un ouvrier agricole est tué dans l'effondrement d'un silo à maïs. A Grainville-Langannerie (Calvados), une personne est également tuée, écrasée par la chute d'une partie d'une habitation.

NB : Ce cas a pu être documenté grâce à une collaboration entre Keraunos, François Paul (Climat-Energie-Environnement) et Jean Dessens (Anelfa).

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