Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF2 au Havre (Seine-Maritime) le 18 janvier 1906

Le 18 janvier 1906, une tornade d'intensité modérée (EF2), issue d'une trombe marine, frappe très ponctuellement le quartier du Perrey, et notamment les anciens chantiers Augustin Normand du Havre, soit moins de deux ans après une autre tornade EF1 qui avait été observée dans le centre-ville. Le phénomène a fait l'objet d'une couverture médiatique assez importante.

Principales caractéristiques de la tornade

Localisation de la tornade du Havre (76) du 18 janvier 1906intensité maximale : EF2, soit des vents estimés entre 175 km/h et 220 km/h
* distance parcourue : indéterminée
* largeur moyenne : indéterminée

* commune traversée : LE HAVRE (anciens chantiers Augustin Normand)
* département : SEINE-MARITIME (76)
* altitude moyenne du terrain : 5 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés ; surfaces en eau

* principaux dégâts : plusieurs cales de chantiers bien endommagées (toiture de l'une des cales enlevée sur une superficie de 100 m²) ; atelier de chaudronnerie atteint ; un madrier de 8 mètres de long et pesant 180 kilogrammes, arrachée et jetée à plusieurs mètres de distance ; planche épaisse et lourde retrouvée à 600 mètres des chantiers ; toitures arrachées, vitres brisées dans le quartier du Perrey ; débris de bois, de tuiles, de verres et d'ardoises jonchant les rues ; plusieurs panneaux de cales endommagés ou arrachés, dont l'un dispersé dans toutes les directions

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
  

Trajectoire de la tornade

 

Cette trajectoire a été déterminée en fonction des informations disponibles (coupures de presse, reconstitution du flux pour la journée du 18 janvier 1906).
  

Une nouvelle tornade après celle du 21 août 1904

Moins de deux ans après la tornade EF1 qui avait touché le jardin public et la caserne des Douanes le 21 août 1904, un nouveau phénomène tourbillonnaire frappe le quartier du Perrey dans l'après-midi du 18 janvier 1906.
 
La trombe marine à l'origine du phénomène s'est échouée sur le terrain des chantiers Augustin Normand (aujourd'hui la Résidence de France). Accompagnée d'un bruit sourd caractéristique, la tornade, d'une durée de quelques secondes à peine, a produit des dégâts assez spectaculaires sur les ateliers de construction et aux abords des quartiers d'habitation du Perrey. Au-delà de ce périmètre très restreint, aucun dommage n'a été relevé.

Avant que la trombe ne touche terre, des dommages sont déjà signalés dans la grande darse de l'avant-port, où quelques canots de pêche coulent sur place.

A l'approche des chantiers Augustin Normand, la tornade endommage trois cales situées en bord de mer. Ces dernières, closes par des panneaux de 30 mètres sur 20 mètres et recouvertes de toitures, sont fortement endommagées (notamment les cales N°2 et N°3). Une partie gît brisée sur place, l'autre partie ayant disparu dans toutes les directions. Des charpentes faites de lourdes pièces et retenues par de longs boulons sont culbutées. De grosses portions de toiture sont également enlevées et projetées à distance.

Illustration de cales de chantiers (à droite sur le cliché) lors du lancement du contre-torpilleur Durandal en 1899 par les chantiers Augustin Normand du Havre (© Fonds Augustin Normand via netmarine.net) :

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Un
madrier carré, mesurant sept à huit mètres de hauteur et d'une masse de 180 kilogrammes, placé verticalement à cinquante mètres de l'une des cales, et retenu par de forts haubans et un gros palan, est arraché comme fétu de paille et projeté sur la toiture de la cale N°1 qui abrite un contre-torpilleur. Une planche épaisse et lourde est même retrouvée à 600 mètres des chantiers.

On note également des dégâts dans l'atelier de chaudronnerie. Enfin, dans le quartier du Perrey, des toitures sont arrachées (pas plus d'informations), des vitres brisées et des cheminées renversées. Les rues proches des chantiers sont couvertes de débris de bois, de tuiles, de verre et d'ardoises de toutes espèces.

On ne signale aucun accident sérieux de personnes suite à cette tornade. Un des ouvriers des chantiers est légèrement atteint à l'oreille par une poutre. Par ailleurs, même si la tornade n'est pas vue directement, elle est ressentie par plusieurs travailleurs, qui entendent "un lourd grondement, puis voyaient voltiger dans les airs des planches, des madriers, des débris de toutes sortes."

Au-delà du périmètre des chantiers Augustin Normand et des rues avoisinantes, la tornade semble s'être dissipée.

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