Observatoire français des tornades et orages violents

La tornade de Vitrimont du 4 avril 2024 est issue d'une structure supercellulaire qui a pu être interceptée par Kévin Leclercq à l'occasion d'une chasse.  Née dans le nord de l'Yonne peu après 11h TU (13h locales), la cellule adopte dans un premier temps un comportement classique en traversant le nord de l'Aube et de la Haute-Marne (sens de déplacement : OSO > ENE). La transition supercellulaire (moteur droit) s'amorce entre 13h15 et 13h30 TU dans le sud de la Meuse, tandis que les premiers impacts de foudre sont signalés dans ce même secteur. En Meurthe-et-Moselle, la supercellule a maturité traverse successivement Allain (13h50), le nord de Tonnoy (14h15), puis la forêt de Vitrimont (14h25-14h30) où une occlusion du mésocyclone semble s'opérer. Lors de son entrée dans l'agglomération de Lunéville (14h30-14h35), la structure connaît un affaiblissement très rapide et perd ses caractéristiques supercellulaires. 

C'est précisément durant cette phase très vraisemblable d'occlusion, que la rotation est suffisante pour générer un tourbillon qui marque son influence au sol dans la forêt de Vitrimont. Non visible en tant que telle car enveloppée dans les précipitations, la tornade surprend une automobiliste qui circule alors sur la N333. Elle indique avoir senti son véhicule être "comme aspiré" pendant que des branches volaient "dans tous les sens" et que la pluie tombait.

Sur les photographies ci-après, on aperçoit la structure dans son ensemble, puis dans le détail, avant qu'elle ne génère la tornade de Vitrimont : 

Peu de temps après, la tornade se déclenche et le contact au sol est perceptible sur un parcours de 2,5 kilomètres en forêt de Vitrimont, où un axe de convergence bien symétrique a pu être identifié dans le sens de chute des arbres. On note une translation du tourbillon davantage orientée SO > NE (230°) comparativement au sens de déplacement de la cellule (260°). Les dernières traces du tourbillon sont perceptibles à l'entrée de Lunéville, où une station d'épuration est endommagée, et quelques branches d'arbres arrachées dans la rue de Rozelieures. 

Détail des dommages en forêt de Vitrimont, à l'issue d'une enquête de terrain réalisée par K. Leclercq (une illustration type par zone est disponible dans les photographies en bas de page) : 

L'inventaire des dommages permet de conclure sur un phénomène d'intensité EF1, en raison de nombreux arbres sains sectionnés, parfois même arrachés à leur base.

Photographies des dommages : 

La tornade de Vitrimont s’est formée dans un contexte fortement perturbé, marqué par le passage d’un thalweg de courte longueur d’onde sur le nord du pays. Un jet-streak lui est associé sur son flanc oriental, avec des vents supérieurs à 180 km/h à 250 hPa (ci-dessous à gauche). Les profils verticaux ont été instabilisés par le transit d’une goutte froide aux abords du Benelux, avec des advections froides à l’étage moyen qui ont largement débordé vers les Hauts-de-France et la Lorraine (ci-dessous à droite).

En présence d’un jet de basses couches, les cisaillements et l’hélicité relative se sont avérés significatifs entre le sol et 3 km d’altitude. Conséquemment, le potentiel supercellulaire et tornadique était significatif en cours d’après-midi sur ces régions.