Observatoire français des tornades et orages violents

Orages de grêle omniprésents au sud, absents au nord en deuxième quinzaine de mai

La première quinzaine de mai a été marquée en France par une anomalie dépressionnaire sur la France, avec succession de gouttes froides qui ont occasionné de multiples phénomènes tourbillonnaires.

Cette deuxième partie de mai a vu se constituer un puissant blocage anticyclonique, centré aux environs des îles britanniques. Ce blocage se révèle particulièrement stable, si bien que le schéma météo depuis une dizaine de jours n'évolue pas vraiment.

Quotidiennement, la moitié sud du pays est touchée par des orages mal organisés mais producteurs de chutes de grêle récurrentes et de lames d'eau parfois importantes. A l'inverse, le nord du pays est concerné par un temps sec et stable, ensoleillé mais ventilé. 

Blocage anticyclonique au nord, conditions orageuses au sud

La moitié nord du pays est sous l'influence directe des conditions fortement anticycloniques qui prévalent sur les îles britanniques. Le blocage anticyclonique est particulièrement visible sur la carte ci-dessous à gauche, qui montre l'anomalie de géopotentiel à 500 hPa pour la deuxième quinzaine de mai.

Près du sol, cette cellule anticyclonique génère un flux de nord-est durable, sec et stable. Depuis plus de 10 jours, les côtes de la Manche sont sous l'influence d'un fort vent de nord-est (rafales 70 à 100 km/h) qui s'amortit un peu en rentrant dans les terres. On distingue d'ailleurs une forte anomalie du vent zonal près du sol entre les Açores et le Benelux sur la carte ci-dessous à droite. Le flux est en effet inversé depuis la mi-mai, avec absence totale du flux océanique.

A l'opposé, une anomalie faiblement dépressionnaire concerne l'ensemble du bassin méditerranéen, où les géopotentiels sont plus faibles depuis la mi-mai. Ces conditions peu dépressionnaires et finalement anarchiques favorisent la constitution de zones de convergence en basse couche, le flux étant quasiment mort. En leur sein, la convection peut se développer de façon récurrente.

Orages de grêle omniprésents au sud, absents au nord en deuxième quinzaine de mai

Anomalie du géopotentiel à 500 hPa

Orages de grêle omniprésents au sud, absents au nord en deuxième quinzaine de mai

Anomalie du vent zonal à 1000 hPa

Les orages sont donc quotidiens sur la moitié sud sur la deuxième quinzaine de mai. Certains départements du sud de la France vont d'ailleurs enregistrer un nombre de jours d'orage remarquable pour un mois de mai. 

Ces orages se produisent au sein d'un environnement instable car chaud et humide, mais peu forcé. Comme vu précédemment, ils se développent au gré des zones de convergence près du sol. Les cellules, souvent de nature monocellulaire ou multcellulaire peu durable, parviennent à déclencher des chutes de grêle dès qu'elles arrivent à mâturité. En l'absence de cisaillements, les orages ne parviennent pas à s'organiser et le potentiel grêligène, au niveau des diamètres, s'en trouve diminué.

Cela explique la récurrence des chutes de grêle observées sur la moitié sud, puisqu'on a comptabilisé près de 3500 chutes dans le sud en deuxième quinzaine de mai. Par contre, les diamètres de ces chutes n'excèdent que très rarement 2 cm. Les dégâts aux véhicules/toitures sont de fait rares. La végétation souffre néanmoins parfois tout autant de ce type de chutes.

Orages de grêle omniprésents au sud, absents au nord en deuxième quinzaine de mai

Chutes de grêle observées en deuxième quinzaine de mai

Quelles perspectives ?

Les modèles d'ensemble à long terme envisagent une poursuite de ce schéma synoptique, à savoir des hautes pressions dominantes vers des latitudes nordiques avec un flux de nord-est persistant en basse couche sur la moitié nord. A l'inverse, des orages sont attendus quotidiennement dans le sud, mais toujours sans organisation particulière. Ce type de temps pourrait durer jusqu'aux environs du 8/10 juin, avant qu'éventuellement, une évolution ne se produise.

La carte ci-dessous montre l'anomalie moyenne de géopotentiel à 500 hPa pour la semaine du 30 mai au 7 juin. On distingue très clairement le blocage anticyclonique, centré sur le nord de l'Irlande et de plus bas géopotentiels s'étendant en Méditerranée. Cette situation synoptique est identique à celle que nous connaissons depuis le week-end de l'Ascension. Cela n'a en soit rien d'étonnant : un blocage de ce type est réputé durable, se réalimentant successivement deux ou trois fois, voire plus.

Orages de grêle omniprésents au sud, absents au nord en deuxième quinzaine de mai

Anomalie du géopotentiel à 500 hPa pour la semaine du 30/5 au 7/6