Printemps 2024 : des orages très fréquents mais souvent peu sévères

11 Juin 2024

Le printemps 2024, quatrième plus pluvieux depuis 1959, a été marqué par de nombreux orages. Ceux-ci ont toutefois été rarement sévères, avec une activité convective de masse d'air froid qui a dominé entre la mi-avril et la fin mai. Bilan complet.

Des orages très fréquents mais globalement peu sévères

Sur les trois mois de printemps, on a comptabilisé en France 78 jours d'orage soit un score plus élevé que les trois derniers printemps. Cette valeur correspond à un excédent de 1 jour par rapport à la moyenne. Au cours de ce trimestre, conformément à la climatologie, ce sont les mois d'avril et mai qui ont été les plus orageux en terme de fréquence.

Le département des Vosges arrive en tête et comptabilise 29 jours d'orage durant ce printemps. Il est suivi par la Gironde avec 27 jours puis par les Alpes-Maritimes, les Landes, la Lozère, la Marne et les Pyrénées-Orientales avec 26 jours. Plus de la moitié des départements enregistrent plus de 20 jours d'orage durant ce trimestre. On ne relève pas vraiment d'axe plus orageux qu'un autre au cours de ce printemps mais on distingue que les occurrences ont été bien moindres sur le nord-ouest et localement entre Golfe du Lion et Corse.

Outre les départements de Paris et la petite couronne, c'est la Creuse et le Finistère qui possèdent le score le plus faible avec 13 jours relevés. On comptabilise 14 jours en Mayenne, dans l'Hérault et en Haute-Corse

Par rapport à la moyenne 2009-2023, seuls 4 départements du sud de la France observent un léger déficit en terme de fréquence. Tout le reste du pays a enregistré des excédents, parfois notables, allant jusqu'à +13 jours dans les Vosges, +12 jours en Charente-Maritime, dans les Côtes-d'Armor ou la Lozère.

Malgré une activité orageuse très fréquente, les orages ont été rarement violents durant cette saison. En effet, les situations chaudes et franchement dynamiques, et donc propices aux phénomènes sévères, ont été plutôt rares, surtout entre mi-avril et fin mai, où une activité convective de masse d'air froid a largement dominé.

Si l'on considère l'indice de sévérité orageuse (I.S.O.) moyen de ce printemps, le score ressort à 3.3, soit une valeur légèrement au-dessus de la moyenne de ces 15 dernières années, et assez nettement réhaussée par l'indice mensuel de mai.

On observe sur le graphique des ISO quotidiens une inégale répartition mensuelle de l'activité orageuse et surtout des pics d'activité au final assez timides puisqu'aucun score quotidien > 20 n'a été observé, ce qui trahit l'absence d'épisode orageux sévère et généralisé.

Un printemps très contrasté

A échelle nationale, le printemps 2024 a présenté une instabilité légèrement excédentaire, avec une MUCAPE supérieure de 21% à la normale 1991-2020. Il est en cela assez comparable au printemps 2023 (+12% d'instabilité), mais contraste fortement avec le printemps 2022 (+109%) qui détient le record du printemps le plus instable en France depuis au moins 70 ans.

Cette situation proche de la normale témoigne d'une certaine continuité tout au long du printemps, avec une instabilité nettement excédentaire en mars, suivie par des mois d'avril et mai proches de la normale ou en léger excédent.

On note toutefois quelques disparités géographiques, avec :

  • des excédents marqués dans le nord-est de la France, dans le sud Bretagne et sur le sud-est du Massif Central. Sur ces régions, l'excédent atteint parfois 50 à 70%, et ce printemps se positionne dans le TOP10 des printemps les plus instables depuis 1979 ;
  • à l'inverse, des déficits modérés près des Pyrénées, le long de la Manche, ainsi qu'entre Var et Alpes-de-Haute-Provence.

Les journées les plus instables du printemps 2023 ont été observées les 1819 et 20 mai.

Quels types de temps ont dominé durant ce printemps ?

La pression atmosphérique a été nettement déficitaire durant ce printemps 2024, en lien avec des basses pressions persistantes sur les îles britanniques. Celles-ci ont largement débordé sur la France, où l'on enregistre un déficit de 2 à 6 hPa sur l'ensemble de la saison. Cela s'est traduit par un temps régulièrement perturbé, peu ensoleillé et humide, et ce sur la majeure partie du pays.

En altitude, on note la présence de bas géopotentiels répétés au sud de l'Irlande et à l'ouest de la Bretagne. Ceux-ci ont interagi avec un blocage anticyclonique d'altitude persistant aux abords de la Scandinavie. L'ensemble a dessiné une situation typique à gouttes froides sur la France, dans la mesure où l'air froid d'altitude en provenance des latitudes polaires vient s'écouler naturellement vers l'ouest de l'Europe et s'y trouve bloqué.

Logiquement, cette situation a généré une anomalie chaude massive de l'Europe Centrale à la Scandinavie durant ce printemps. La France s'est retrouvée sur le flanc sud-est de cette anomalie, au carrefour avec des anomalies froides positionnées sur l'Atlantique. Au total, le printemps s'est achevé sur un bilan un peu plus doux que la normale dans les basses couches de l'atmosphère (environ +0,5°C en moyenne nationale).