Derecho de l'Occitanie à la Lorraine le 25 juin : rafales à 140 km/h et grêlons proches de 10 cm

25 Juin 2025

Un épisode orageux sévère a frappé la France le 25 juin dans un contexte de chaleurs remarquables. Des rafales de vent jusqu'à 140 km/h et des chutes de grêle proches de 10 cm ont été observées.

Un premier système orageux venteux dans la nuit du 24 au 25

L'épisode orageux a débuté par une première salve dans la nuit du 24 au 25 juin, avec des orages parfois forts le long de la côte Aquitaine. L'activité électrique a été très dense sous ces orages, avec plus de 20 000 éclairs détectés, dont 3000 impacts de foudre (avec des intensités maximales voisines de 200 kA).

En outre, des rafales de vent parfois violentes ont balayé l'ouest des Pyrénées-Atlantiques, des Landes et de la Gironde, avec des pointes jusqu'à 135 km/h à Cazaux (33).

L'animation radar ci-dessous montre l'évolution de cette porremière salve orageuse nocturne, organisés en un système multicellulaire venteux.

Des rafales supérieures à 130 km/h et des grêlons proches de 10 cm

En deuxième partie d'après-midi du mercredi 25 juin, les premiers orages s'initient sur les Pyrénées-Atlantiques, remontant d'Espagne, à l'aplomb du forçage d'altitude. De nature supercellulaire, ces orages provoquent de violentes chutes de grêle, atteignant 8 cm de diamètre. Cette supercellule a persisté jusqu'en Gironde et en Lot-et-Garonne avec des chutes de grêle destructrices.

Plus au nord, aux confins du Berry, d'autres orages, là aussi de nature supercellulaire, sont parvenus à éclore dans un environnement surchauffé (localement 40°C relevés). Là encore, de fortes chutes de grêle se sont abattues sur plusieurs communes.

Enfin, un troisième secteur a rapidement vu l'activité orageuse s'amplifier, sur les Pays de la Loire, où des orages très pluvieux et grêligènes ont balayé la région de manière plus anarchique.

Puis, en fin d'après-midi, l'activité convective s'est généralisée très rapidement. Une multitude de supercellules ont cohabité, générant de violentes chutes de grêle (5 à 10 cm de diamètre) et des rafales de vent  intenses (jusqu'à plus de 120 km/h relevés par les anémomètres).
Au fil de la soirée, l'activité orageuse s'est organisée en systèmes multicellulaires, sur lequels des mésocyclones sont restés greffés. Rafales de vent de 90 à 120 km/h et grêle de 2 à 5 cm dominaient alors.

L'animation radar 24h de l'épisode illustre la chronologie des événements détaillée ci-dessus et l'animation vapeur d'eau met en évidence le forçage d'altitude arrivant par l'ouest en fin de journée :

Animation radar 24h de l'épisode orageux

Derecho entre l'ouest de l'Occitanie et la Lorraine

L'analyse en première intention des rafales de vent relevées lors de l'épisode permettent de caractériser un derecho. On désigne ainsi les épisodes orageux qui se distinguent par une production de rafales descendantes particulièrement durable, forte et étendue.

Les critères d'un derecho sont en effet remplis (en savoir plus sur les derechos) : entre la limite Gers/Tarn-et-Garonne et la frontière allemande, on relève 58 rafales convectives > 90 km/h avec une distribution temporelle, entre 17h30 et 00h30 UTC. Plusieurs de ces rafales, espacées d'au moins 64 km, ont dépassé la barre des 120 km/h (relevés sous anémomètres ou estimés en fonction des dégâts), jusqu'à 135 km/h à Montbeugny. En conséquence, l'axe venteux de l'Occitanie à Lorraine répond aux critères d'un derecho.

On notera que d'autre violentes rafales se sont déclenchées au passage de supercellules, notamment dans l'Eure (126 km/h à Bernay) ou d'un système venteux multicellulaire dans l'Oise (140 km/h à Bailleul-le-Soc).

Une activité électrique intense

L'activité électrique observée au cours de la journée du 25 juin est remarquable par son étendue. Au niveau des impacts de foudre (éclairs nuage-sol), ce sont près de 17.000 impacts qui ont été relevés, dont plus de 3.500 de polarité positive. Après une première phase composée d'une proportion anormalement élevée d'impacts positifs, les impacts négatifs ont peu à peu pris le dessus au fil de la soirée.

L'éclair le plus puissant de l'épisode a frappé les Deux-Sèvres, sur la commune de la Peyratte, avec une intensité de 517 kA. Une intensité de cet ordre est remarquable, 20 fois supérieure à la moyenne des impacts de foudre observés par ailleurs au cours de cette journée.

On distingue sur la carte des impacts l'empreinte du derecho de l'Occitanie jusqu'aux frontières allemandes. 

Situation météorologique

Un cut-off situé sur le Portugal est remonté le 25 juin en direction du nord de la France, sous la forme d'un thalweg bien dynamique. Dans son transit, il a piloté un jet-streak évoluant selon un axe Aquitaine - Benelux, en générant une configuration d'entrée droite de jet bien diffluente des Pyrénées jusqu'aux frontières belges (cf image en haut à gauche).

Dans le même temps, au sol, le marais barométrique a pris un caractère dépressionnaire avec le creusement d'un thalweg de surface entre Occitanie, Centre et Normandie (cf image en haut à droite). La convergence de basses couches associée a contribué à forcer la convection dans un environnement marqué par un échauffement diurne intense (35 à 40°C relevés), modérément riche en humidité (points de rosée voisins de 16°C, isolément davantage) et dès lors fortement instable (MUCAPE de 1500 à 2500 J/kg, MULI jusqu'à -8 K - cf image en bas à gauche).

Les conditions sont donc, dès l'après-midi, devenues favorables au développement de violentes supercellules (cf. image en bas à droite) avec des indices supercellulaires élevés.

Par la suite, les profils de masse d'air et les cisaillements en place ont favorisé l'organisation d'orages multicellulaires venteux, permettant la mise en place d'un événement venteux national (derecho).

Galerie photos

Retrouvez ci-dessous quelques photos prises lors de cet épisode orageux :