Observatoire français des tornades et orages violents

Printemps 2023 : des orages très fréquents mais souvent peu sévères

Le printemps 2023 a été marqué par de nombreux orages, notamment en mars et en mai. Toutefois, leur sévérité s'est révélée plutôt rare, surtout en mai. Bilan complet.

Printemps 2023 : des orages très fréquents mais souvent peu sévères

Impact de foudre près du Grand Colombier dans l'Ain le 4 juin - Brice VOLO

Des orages très fréquents, notamment dans le sud, mais peu sévères en général

Sur les trois mois de printemps, on a comptabilisé en France 72 jours d'orage soit un score bien plus élevé que les deux derniers printemps. Cette valeur correspond à un excédent de 4 jours par rapport à la moyenne. Au cours de ce trimestre, conformément à la climatologie, c'est le mois de mai qui a été le plus orageux en terme de fréquence.

A la faveur d'un mois de mai plus orageux, ce sont les Alpes-de-Haute-Provence qui enregistrent le nombre de jours d'orage le plus élevé avec 34 jours. Suivent ensuite l'Ain (32 jours), l'Isère (31 jours), la Gironde et la Savoie (30 jours) puis la Dordogne et la Haute-Savoie avec 29 jours. On note une forte prédominance de l'activité orageuse sur une diagonale s'étendant du sud-ouest jusqu'au Jura, en passant par le Massif-Central.

Outre les départements de Paris et la petite couronne, ce sont les Côtes-d'Armor qui possèdent le score le plus faible avec seulement 7 jours relevés. On comptabilise 8 jours seulement dans le Finistère et 9 jours entre Pas-de-Calais et Normandie.

Par rapport à la moyenne 2009-2022, seuls quelques départements du nord-ouest de la France observent un léger déficit en terme de fréquence. Tout le reste du pays a enregistré des excédents, parfois notables, allant jusqu'à 13 ou 14 jours entre le nord Aquitaine et le nord des Alpes.

Malgré une activité orageuse très fréquente, les orages ont été rarement violents durant cette saison. En effet, les situations franchement dynamiques, et donc propices aux phénomènes sévères ont été plutôt rares, surtout au mois de mai, où l'on observe traditionnellement un pic d'activité.

Printemps 2023 : des orages très fréquents mais souvent peu sévères

Nombre de jours d'orage relevés au printemps 2023

Printemps 2023 : des orages très fréquents mais souvent peu sévères

Ecart à la moyenne du nombre de jours d'orage au printemps 2023

Si l'on considère l'indice de sévérité orageuse (I.S.O.) moyen de ce printemps, le score ressort à 3.65, soit une valeur au-dessus de la moyenne de ces 14 dernières années, et assez nettement réhaussée par l'indice mensuel de mai.

On observe sur le graphique des ISO quotidiens une inégale répartition mensuelle de l'activité orageuse, avec un mois d'avril globalement très peu orageux, comparé à mars ou à mai. Les orages ont d'ailleurs été plus fréquemment sévères au mois de mars qu'au mois de mai. Durant ce dernier mois, ils ont seulement été plus fréquents.

Printemps 2023 : des orages très fréquents mais souvent peu sévères

Graphe des I.S.O quotidiens au printemps 2023

Un printemps très contrasté

A échelle nationale, le printemps 2023 a présenté une instabilité légèrement excédentaire, avec une MUCAPE supérieure de 12% à la normale 1991-2020. Il contraste ainsi fortement avec le précédent printemps (2022) qui détient le record du printemps le plus instable en France depuis au moins 70 ans.

Cette situation proche de la normale dissimule toutefois des contrastes très marqués. Ainsi, après un mois de mars dominé par une forte instabilité sur les régions du nord et de l’ouest, le mois d’avril a été à l'inverse très déficitaire sur le nord du pays et sur les régions méditerranéennes, et bien instable sur les régions centrales. Mai a pris la suite avec une situation exceptionnellement contrastée entre le nord et le sud du pays.

Le bilan de la saison fait surtout ressortir ce fort contraste nord-sud, avec une France coupée en deux : au nord d’une ligne Bordeaux – Strasbourg, le printemps a été peu instable (malgré un début de saison orageux) ; au sud de cette ligne, le printemps a été remarquablement instable (essentiellement grâce au mois de mai).

Les journées les plus instables du printemps 2022 ont été observées les 22, 23 et 28 mai.

Printemps 2023 : des orages très fréquents mais souvent peu sévères

Ecart à la normale de l'instabilité durant le printemps 2023. © KERAUNOS

Quels types de temps ont dominé durant ce printemps ?

La pression atmosphérique s’est peu éloignée des normales durant ce printemps 2023, ce qui s’est traduit par des influences changeantes, tantôt perturbées sur une grande partie du pays, tantôt beaucoup plus stables et sèches. C’est en définitive essentiellement la fin du printemps (deuxième quinzaine de mai) qui a présenté les conditions les plus contrastées, avec un anticyclone immobile sur les îles britanniques et un marais barométrique dépressionnaire au sud de la Loire.

Printemps 2023 : des orages très fréquents mais souvent peu sévères

Ecart à la normale de la pression atmosphérique durant le printemps 2023. © KERAUNOS

En altitude, on note la présence de hauts géopotentiels répétés à proximité de l’Espagne, avec tendance à la jonction jusqu’aux anomalies de hauts géopotentiels observés également du grand Nord canadien à l’Islande. Cette configuration explique un barrage fréquent face au flux océanique, avec par conséquent une pluviométrie faible sur certaines régions et une activité orageuse parfois moribonde durant de longues périodes sur de grandes portions du territoire.

Logiquement, cette situation a généré une anomalie chaude massive du Maroc à l’Espagne durant ce printemps. La France est restée en périphérie, mais présente néanmoins un bilan plus doux que la normale.

Printemps 2023 : des orages très fréquents mais souvent peu sévères

Ecart à la normale du géopotentiel à 500 hPa durant le printemps 2023. © KERAUNOS

Printemps 2023 : des orages très fréquents mais souvent peu sévères

Ecart à la normale de la température à 850 hPa durant le printemps 2023. © KERAUNOS