Observatoire français des tornades et orages violents

Printemps 2022 : globalement moins orageux que la moyenne

Le printemps 2022 s'est révélé peu orageux en France. La saison est clairement partagée en deux, avec une première partie extrêmement peu orageuse et une seconde partie davantage active. 

Supercellule HP dans la Vienne le 22 mai - KERAUNOS
 
 

Un printemps à nouveau peu orageux

Sur les trois mois de printemps, la France compte 60 jours d'orage soit le même score qu'en 2021, et 9 jours de moins que la moyenne 2009-2021. Au cours de ce trimestre, conformément à la climatologie, c'est, de loin, le mois de mai qui a été le plus orageux en terme de fréquence.
 
A la faveur d'un mois de mai plus orageux, ce sont les Alpes-de-Haute-Provence qui enregistrent le nombre de jours d'orage le plus élevé avec 25 jours. Suivent ensuite les Alpes-Maritimes (22 jours) et les Hautes-Alpes (20 jours). Tous les autres départements enregistrent moins de 20 jours d'orage au printemps. On note 19 jours dans le Var et les Hautes-Pyrénées.
Les mois de mars et d'avril ont été très peu orageux, ce qui abaisse le score de bon nombre de départements. La majeure partie de l'activité a en effet été relevée en mai sur la plupart des régions.
Outre les départements de Paris et la petite couronne, c'est le Finistère qui possède le score le plus faible avec seulement 4 jours relevés. On comptabilise 6 jours seulement dans l'Ardèche, les Ardennes et la Manche
 
Par rapport à la moyenne 2009-2021, seuls trois départements sont en excédent au niveau de la fréquence des orages : les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes (+3 jours) et le Lot-et-Garonne (+1 jour).
Tous les autres départements enregistrent un déficit, parfois marqué comme les Pyrénées-Atlantiques (-11 jours) ou l'Ardèche et l'Ain (-9 jours).
 
A noter que les orages ont été rarement forts durant le printemps. On ne comptabilise en effet que 10 jours avec orage fort dont 9 en mai.
 
 

Nombre de jours d'orage (à droite) et écart à la moyenne 2009-2021 (à gauche)
 
 
 
Si l'on considère l'indice de sévérité orageuse (I.S.O.) moyen de ce printemps, le score ressort à 2.58, soit une valeur qui se rapproche de la moyenne de ces 13 dernières années, mais nettement réhaussée par l'indice mensuel de mai.
 
 

Un printemps peu instable car trop froid

A échelle nationale, ce printemps 2022 présente un excédent d'instabilité de 55%, soit une situation totalement inverse de celle observée durant le printemps 2021 (fort déficit). De fait, ce printemps se positionne au 4ème rang des printemps les plus instables depuis les années 1940. Le record en la matière reste détenu par le printemps 1971, suivi par les printemps 2018 et 2007.
 
On note toutefois des situations contrastées selon les régions. Le printemps s'est en effet révélé plus stable que la normale sur les régions qui bordent la Manche, et plus encore sur le Nord - Pas de Calais où le déficit d'instabilité avoisine -40%. Partout ailleurs en revanche, soit sur les deux tiers sud du pays, l'excédent d'instabilité est très net, avec des écarts maximum entre Massif  Central et Alpes, où l'instabilité mesurée atteint le double de celle d'un printemps normal.
Anomalie de l’instabilité latente (MUCAPE) durant l'hiver 2020-2021
 

Quels régimes de temps ont dominé ce printemps ?

En moyenne, au cours de ces trois mois, la configuration synoptique a été nettement dominée par des conditions anticycloniques en altitude de l'Europe de l'Ouest jusqu'aux confins du Groenland et du Svalbard. Ainsi, en altitude, on note la présence de hauts géopotentiels particulièrement robustes centrés en moyenne en Mer du Nord (carte ci-dessous à gauche), encadrés par des bas géopotentiels positionnés d'une part au large de Terre Neuve et d'autre part sur l'ouest de la Russie. Dans cette configuration, ce sont généralement des conditions sèches, peu orageuses et très peu perturbées qui prédominent sur la France (blocage en oméga).

Si l'on se place au niveau du sol (pression réduite au niveau de la mer, ci-dessous à droite), on note une configuration proche de celle observée en altitude. La position de l'anomalie haute de pression la plus marquée (entre Mer du Nord et Pologne) a favorisé la récurrence de flux de sud-est à est, chauds mais peu propices à la convection
. En Europe, les seules zones de basse pression récurrentes ont été éjectées au sud de l'Espagne, où la pluviométrie a d'ailleurs été remarqualement élevée.
 
 

Anomalie des géopotentiels à 500 hPa (à gauche) et de la pression réduite au niveau de la mer (à droite)
 
 

Un printemps chaud sur l'ouest de l'Europe

Les deux cartes ci-dessous présentent l'anomalie du l'instabilité latente et de la température à 850 hPa (vers 1.500 mètres d'altitude) durant le printemps 2022.

On retrouve le déficit d'instabilité observé sur le nord de la France (teinte bleue sur la carte ci-dessous à gauche), en marge de conditions particulièrement peu instables qui ont prévalu sur une grande partie de l'Europe continentale. Mais la plupart des régions françaises ont été concernées par un excédent d'instabilité, dans le prolongement de la forte instabilité ibérique. Néanmoins, les conditions anticycloniques récurrentes en altitude ont limité l'exploitation de cette instabilité en orages.
 
La température au sol a été largement excédentaire durant ce printemps sur la France ; les températures en altitude ont également présenté des écarts à la normale très positifs. Ainsi, au niveau de la température de la masse d'air à 850 hPa (vers 1.500 mètres d'altitude), la carte ci-dessous à droite met en évidence une anomalie chaude d'environ +1,5°C centrée sur la Frace. Cette anomalie chaude a concerné également une grande partie de l'Europe du Nord, tandis que l'est de l'Europe subissait un printemps plus frais que la normale.
 
 
 
 Anomalie de l'instabilité latente (à gauche) et de la température à 850 hPa (à droite)