Observatoire français des tornades et orages violents

Printemps 2021 : rares orages avec un printemps froid

Le printemps 2021 s'est révélé globalement plus froid que la normale en France, après un hiver trop doux. L'activité orageuse, très en retrait durant ces trois mois, a été rarement soutenue et globalement peu fréquente.

Orage dans la Bresse le 16 mai par Jordan Vega
 
 

Un printemps très peu orageux

Sur les trois mois de printemps, la France compte 60 jours d'orage soit 9 jours de moins que la moyenne 2009-2020, et 7 jours de moins que le printemps précédent. Au cours de ce trimestre, conformément à la climatologie, c'est le mois de mai qui a été le plus orageux en terme de fréquence.
 
Les Alpes-Maritimes, mais également l'Aisne et la Haute-Marne sont les trois départements ayant enregistré le plus de jours d'orage durant ces trois mois d'hiver avec 18 jours. Viennent ensuite les Alpes-de-Haute-Provence, la Moselle, l'Oise et la Seine-et-Marne (17 jours), les Ardennes, le Loiret, la Haute-Saône et la Sarthe (16 jours). 
Les départements situés au nord de la France, hormis le sud des Alpes ont le score le plus élevé du printemps, de manière assez atypique. En effet, la récurrence de situations froides durant les trois mois n'a pas favorisé les dégradations orageuses de masse d'air chaud. Ainsi, l'immense majorité des orages observés sont des orages de masse d'air froid, dans des situations de traînes.
Dans le sud, l'Ardèche et le Lot n'ont relevé que 2 jours d'orage durant le mois, ce qui est assez remarquable.
 
Par rapport à la moyenne 2009-2020, c'est sur les Pyrénées-Atlantiques que l'anomalie négative est la plus marquée avec un défivit de 16 jours d'orage, ce qui est exceptionnel. Ce déficit atteint 12 jours dans l'Ardèche et le Lot, 11 jours en Dordogne et Aveyron, 10 jours dans la Drôme, la Gironde, les Landes et la Haute-Loire.
A l'inverse, les excédents sont très minoritaires, concentrés au nord de la Seine avec +4 jours dans l'Aisne, +3 jours en Haute-Marne et Mayenne
 
A noter que les orages ont été très rarement forts durant le printemps. On ne comptabilise en effet qu'un jour avec orage fort au mois de mai, ce qui est là aussi exceptionnel.
 
 

Nombre de jours d'orage (à droite) et écart à la moyenne 2009-2020 (à gauche)
 
 
 
Si l'on considère l'indice de sévérité orageuse (I.S.O.) moyen de ce printemps, le score ressort à 1.30, soit une valeur bien inférieure à la moyenne de ces 12 derniers printemps et à des niveaux records.
 
 

Un printemps peu instable car trop froid

A échelle nationale, ce printemps 2021 présente un déficit d'instabilité de -31%, soit un déficit nettement plus marqué que le printemps précédent qui était conforme aux normales. De fait, ce printemps se positionne au 10ème rang des printemps les plus stables depuis les années 1940. Il se positionne au 3ème rang des printemps les plus stables depuis 2000, derrière les printemps 2002 et 2015.
 
Même si l'ensemble des régions a été concerné par ce déficit d'instabilité, les anomalies sont un peu moins marquées sur les Hauts-de-France, l'extrême sud-ouest et du Var à la Corse. C'est d'ailleurs sur ces zones que les orages (à dominante froide) ont été les plus fréquents durant ce trimestre.
Dans l'intérieur des terres, du nord-ouest aux régions de l'est et au nord de l'Occitanie, les déficits sont fréquemment compris entre -35 et -50%.
Anomalie de l’instabilité latente (MUCAPE) durant l'hiver 2020-2021
 

Quels régimes de temps ont dominé ce printemps ?

En moyenne, au cours de ces trois mois, la configuration synoptique a été nettement dominée par des conditions dépressionnaires en altitude du pôle nord jusqu'au centre de l'Europe, voire à l'est de la France. Ainsi, en altitude, on note la présence de bas géopotentiels centrés en moyenne sur les pays baltes (carte ci-dessous à gauche), et de hauts géopotentiels calés sur le nord Atlantique, vers le Groenland. Dans cette configuration, le flux perturbé océanique a été peu actif. Un flux nordique dominant bien alimenté en air froid à l'étage moyen a dominé, ce qui a occasionné des épisodes convectifs de masse d'air froid récurrents, laissant très peu de place, voire pas du tout aux dégradations orageuses d'air chaud.

Si l'on se place au niveau du sol (pression réduite au niveau de la mer, ci-dessous à droite), on note une configuration proche de celle observée en altitude. La position de l'anomalie basse de pression la plus marquée (sur le nord de l'Europe) a favorisé la récurrence de flux de nord et de descentes d'air froid
. En surface, les hautes pressions ont été dominantes sur l'Islande, avec des blocages anticycloniques très fréquents.
 
 

Anomalie des géopotentiels à 500 hPa (à gauche) et de la pression réduite au niveau de la mer (à droite)
 
 

Un printemps froid sur la majeure partie du continent

Les deux cartes ci-dessous présentent l'anomalie du l'instabilité latente et de la température à 850 hPa (vers 1.500 mètres d'altitude) durant le printemps 2021.

On remarque que le déficit d'instabilité observé en France (teinte bleue sur la carte ci-dessous à gauche) a concerné l'ensemble de l'Europe méridionale, en lien avec des températures souvent froides en basses couches. A l'échelle de l'hémisphère nord, la situation est plus contrastée, avec des conditions anormalement instables de la Scandinavie au nord de la Russie et sur les régions polaires. 
 
La température au sol a été déficitaire durant cet hiver sur la France (avec une anomalie moyenne proche de -0.6°C). Les températures en altitude ont également présenté des écarts à la normale négatifs. Ainsi, au niveau de la température de la masse d'air à 850 hPa (vers 1.500 mètres d'altitude), la carte ci-dessous à droite met en évidence une anomalie négative d'environ -1,5°C. Cette anomalie fraîche a concerné une grande partie de l'Europe, à l'exception des régions scandinaves. A l'inverse, du nord-est du Canada au Groenland d'une part, et de la Scandinavie à la Russie d'autre part, les anomalies sont nettement positives, parfois de plus de 2°C.
 
 
 
 Anomalie de l'instabilité latente (à gauche) et de la température à 850 hPa (à droite)