Observatoire français des tornades et orages violents

Bilan de l'activité orageuse de l'automne 2021

La compilation des données kérauniques de l'automne 2021 est achevée, un bilan de l'activité orageuse observée au cours des mois de septembre, octobre et novembre 2021 peut être établi. Cet automne 2021 se révèle globalement moins orageux et plus stable que la normale.
 

Impacts de foudre sur l'étang de Berre (13) dans la nuit du 3 au 4 octobre 2021 - Raphaël GRINEVALD
 
 

Un automne globalement moins orageux que la normale sauf en Corse

L'automne 2021, légèrement plus chaud que la normale, a connu une activité orageuse moins fréquente que la moyenne. Ainsi, 57 jours d'orage ont été enregistrés, soit une valeur en hausse par rapport à l'automne 2020 mais inférieure à la moyenne 2009-2020

L'activité orageuse s'est révélée irrégulière et réhaussée par l'activité orageuse remarquablement fréquente en Corse en novembre.
Durant ces trois mois d'automne, avec une dominante anticyclonique et plus douce que la normale. En effet, une récurrence de blocages anticycloniques nordiques a souvent produit un flux continental stable sur une bonne partie de la France. Seules les régions du sud ont connu davantage d'orages. 
 
D'une manière relativement classique en automne, on rencontre un nombre maximal de jours avec orage près de la Méditerranée tandis que les régions plus continentales sont davantage épargnées.
Cet automne, c'est en Corse que le nombre de jours d'orage a été le plus élevé : jusqu'à 30 sur la Haute-Corse et 28 en Corse-du-Sud. Viennent ensuite, assez loin derrière avec 18 jours d'orage le Var et les Pyrénées-Orientales puis l'Aude, l'Hérault, la Haute-Garonne et le Pas-de-Calais avec 15 jours.
A l'opposé, plus on se dirige vers le nord-est du pays et les régions centrales, moins les orages ont été fréquents. On ne relève que 2 à 3 jours d'orages entre la Lorraine et l'Alsace durant ce trimestre. La configuration synoptique plutôt anticyclonique a favorisé une stabilité accrue sur ces régions. 
 
Si l'on confronte ces données à la moyenne 2009/2020, on remarque que la fréquence des orages cet automne présente une anomalie peu marquée à l'échelle nationale (-2 jours). 
On observe à l'échelle départementale un excédent dominant sur un tiers des départements seulement, allant jusqu'à +6 jours sur le Finistère et en Haute-Corse. A l'opposé, le déficit atteint -6 jours sur la Drôme, le Gard et les Alpes-de-Haute-Provence.
 

Nombre de jours avec orages durant l'autmone 2021 et écart à la moyenne 2009/2020 (c) KERAUNOS
 

Un automne instable mais contrasté

Si l'on analyse l'instabilité latente observée en France durant cette saison, on note qu'après un mois de septembre nettement plus instable que la normale (+130%), octobre a présenté un bilan particulièrement stable (-40%) puis novembre un excédent modéré (+20%). Au total, à échelle nationale, l'automne 2021 finit sur un bilan excédentaire en termes d'instabilité latente, avec un excédent moyen de 60%. Il est ainsi plus instable que le printemps de l'année dernière (excédent de 46%), et constitue surtout l'automne le plus instable depuis celui de 2014.
La situation est toutefois variable d'une région à l'autre, avec un excédent marginal sur le nord du pays (voisin de 10% en moyenne) et à l'inverse très marqué près de la Méditerranée (+90%).

Néanmoins, malgré ce bilan plus instable que la normale, l'activité orageuse constatée est restée relativement modeste, ce qui s'explique par des configurations synoptiques peu propices aux épisodes orageux de grande ampleur (voir plus bas).
Anomalie de l’instabilité latente (MUCAPE) durant l'hiver 2019-2020



Quels régimes de temps ont dominé cet automne ?

En moyenne, au cours de ces trois mois, la configuration synoptique a été dominée par des hauts géopotentiels généralement positionnés aux large de l'Irlande et débordant très largement sur la Mer du Nord et le nord de la France (ci-dessous à gauche). On note conjointement la présence d'une tendance dépressionnaire en altitude sur la Méditerranée occidentale, avec une anomalie négative de pression sur cette région. C'est ainsi naturellement entre Corse, Languedoc et Côte-d'Azur que les conditions ont été le plus souvent réunies pour générer une activité orageuse. A l'inverse, les régions du nord sont régulièrement restées dans des configurations peu propices à une convection profonde.

Si l'on se place au niveau du sol (pression réduite au niveau de la mer, ci-dessous à droite), on note une configuration voisine, avec des pressions anormalement élevées sur une grande partie de l'Europe
. et à l'inverse une tendance légèrement plus dépressionnaire qu'à l'ordinaire en Méditerranée. Les centres d'action ont donc agi conjointement au sol et en altitude pour limiter les potentiels d'évolution orageuse sur la majeure partie du pays durant cet automne, malgré des profils de masse d'air instables.
 

Anomalie des géopotentiels à 500 hPa (à gauche) et de la pression réduite au niveau de la mer (à droite)
 
 

Un automne doux et assez instable

Les deux cartes ci-dessous présentent l'anomalie du l'instabilité latente et de la température à 850 hPa (vers 1.500 mètres d'altitude) durant l'automne 2021.

On remarque que l'excédent d'instabilité observé sur le sud de la France (teinte orange/rouge sur la carte ci-dessous à gauche) s'inscrit dans une zone d'instabilité excédentaire qui a concerné l'ensemble du bassin méditerranéen. On note également quelques excès d'instabilité en Grande-Bretagne et en Scandinavie, mais globalement la majeure partie de l'Europe continentale a connu un automne moins instable que la normale.
 
Au niveau de la température de la masse d'air, la carte ci-dessous à droite met en évidence une anomalie positive d'environ 0,5°C sur la France à 850 hPa (soit vers 1.500 m d'altitude) durant cet automne. C'est d'ailleurs un automne plus doux que la normale qui a prévalu sur la majeure partie de l'Europe, à l'exception notable des abords des Baléares.
 
 Anomalie de l'instabilité latente (à gauche) et de la température à 850 hPa (à droite)