
Arbre abattu par la tornade d'Arvert (Charente-Maritime) le 3 novembre 2014. © Stéphane Pereira
Des dégâts consécutifs à un phénomène venteux bref mais intense ont été signalés le soir du 3 novembre sur la commune d’Arvert, en Charente-Maritime. Une enquête de terrain a été réalisée le lendemain par Stéphane Pereira, pour KERAUNOS. Ce premier relevé de dommages a été complété par les observations d’un témoin direct de l’événement, Lionel Dégremont.
L’analyse des dégâts permet de conclure à un phénomène de tornade, large de 150 mètres en moyenne et d’intensité EF1, sur un parcours total d’au moins 8 kilomètres entre la route de la Fouasse (les Mathes) et la commune d'Etaules, où des dommages mineurs ont été relevés dans les marais ostréicoles :
La carte ci-dessous présente la trajectoire préliminaire de la tornade, telle qu'elle peut être établie sur la base de l'enquête de terrain et des divers témoignages reçus. A noter que l'essentiel des dommages est observé sur le flanc sud de cette trajectoire. Le premier et le dernie contact au sol sont encore en cours d'investigation ; la distance totale pourra donc être amenée à évoluer dans le dossier définitif qui sera édité prochainement.
Le phénomène s’est formé sur une limite frontale étroite et faiblement convective, le long de laquelle se sont constituées des zones de forte instabilité du cisaillement horizontal, à l'origine de plusieurs cassures sur la trace du front au sol. Ceci permet de considérer cette tornade comme la conséquence d’un misocyclone constitué au sein de la limite frontale elle-même. Ce mode de formation n’est pas rare dans ce type de contexte météorologique, et plusieurs cas de même type ont pu être documentés ces dernières années en France. Ils sont d’ailleurs assez régulièrement associés à un axe de convergence au sol qui s’avère excentré, élément que l’on retrouve dans le cas d’Arvert.
A noter que deux stations météorologiques ont pu mesurer la vitesse et la direction du vent à proximité immédiate de la tornade. Il s’agit là d’une coïncidence remarquable et particulièrement intéressante. La première station, située à 250 mètres au nord-ouest de la trajectoire suivie par le cœur de la tornade, a mesuré une rafale maximale de 70 km/h de secteur ouest. Au même moment, la seconde station, située quasiment au centre de la trajectoire, a mesuré une rafale maximale de 123 km/h de secteur SSE. Même si les conditions de mesure diffèrent quelque peu, ces relevés ont une valeur indicative suffisante pour mettre en évidence d’une part un très fort gradient horizontal de la vitesse du vent, et d’autre part un flux fortement convergent. L’ensemble est tout à fait cohérent avec le passage d’une tornade sur l’axe mis en évidence par l’enquête de terrain. Nous remercions Frédéric N**, ainsi que Lionel Dégremont, de nous avoir adressé les relevés effectués par leurs stations.
Un dossier détaillé sera publié prochainement sur cette tornade, qui vient compléter l’outbreak qui s’est déclenché par ailleurs sur le département du Nord (2 tornades) et qui a également vu une tornade balayer la commune de Martigues dans les Bouches-du-Rhône.
Autres phénomènes venteux
Des rafales de vent parfois fortes se sont également déclenchées en d’autres points de ce front froid instable. Les phénomènes les plus forts ont été identifiés à Hergnies (Nord), Asnières-la-Giraud (Charente-Maritime) et à Theil-Rabier (Charente), avec des caractéristiques plus linéaires que rotatives pour ces événements.



