Un épisode pluvio-orageux très actif puis la dépression tropicale Edna ont concerné la Nouvelle Calédonie du 3 au 5 février. Des orages très pluvieux ont généré des cumuls supérieurs à 250 mm localement.
Inondations en Nouvelle Calédonie après l'épisode pluvio-orageux - NC 1ère
Des cumuls de 250 mm et le développement de la tempête tropicale Edna
Durant l'épisode, une activité orageuse marquée a été observée sur l'archipel. Outre des rafales convectives parfois proches de 100 km/h, les lames d'eau sur l'épisode s'avèrent particulièrement élevées avec par exemple en 48h 223 mm à La Foa, 203 mm à Poindimié ou 176 mm à Koné. En zones de relief, les lames d'eau ont parfois atteint 250 à 300 mm. Ces forts cumuls de pluie (certaines lames horaires ont dépassé 50 mm) ont engendré des crues et inondations significatives, causant la mort d'au moins une personne.
Cette activité convective, liée dans un premier temps au passage d'un thalweg d'altitude très dynamique s'est par la suite organisée sur les régions plus au nord, en dehors de toute influence du thalweg. Ainsi, un minimum dépressionnaire s'est creusé sur le nord de l'archipel pour ensuite s'organiser en tempête tropicale Edna (selon la classification de Saffir-Simpson). Cette tempête s'éloigne de l'archipel et n'a que peu d'influence sur le secteur par rapport aux pluies orageuses observées plus tôt en début de semaine.
Cette activité convective, liée dans un premier temps au passage d'un thalweg d'altitude très dynamique s'est par la suite organisée sur les régions plus au nord, en dehors de toute influence du thalweg. Ainsi, un minimum dépressionnaire s'est creusé sur le nord de l'archipel pour ensuite s'organiser en tempête tropicale Edna (selon la classification de Saffir-Simpson). Cette tempête s'éloigne de l'archipel et n'a que peu d'influence sur le secteur par rapport aux pluies orageuses observées plus tôt en début de semaine.
L'imagerie radar et satellite ci-dessous montrent clairement la signature typique d'une tempête tropicale d'intensité modérée :
Images radar (à gauche) et satellite (à droite) peu avant 8h locales ce 5 février (Météo-France)
Prévision de l'épisode pluvio-orageux
Le contexte météorologique s'avère particulièrement dynamique aux abords de la Nouvelle-Calédonie. L'ex-dépression tropicale Edna est positionnée à l'est du Queensland australien alors qu'un thalweg d'altitude dynamique venu du sud commence à se combler en se rétractant vers des zones plus méridionales.
Ainsi, durant 48h au moins du 3 au 5 février, la Nouvelle-Calédonie se verra directement influencée par ce thalweg d'altitude piloté par un vigoureux jet streak. Comme l'illustre le champ de gauche ci-dessous, une branche de jet pointant à plus de 200 km/h à 250 hPa se positionnera sur le sud-ouest de l'île avant de gagner vers le sud. Ainsi, la Nouvelle-Calédonie sera positionnée en entrée gauche de jet, au sein duquel de gros noyaux de divergence circuleront en altitude.
GFS 0.5° (run du 2 février 00z) - Vent à 250 hPa à gauche et cumuls de pluie en 24h du 3 au 4 février à droite
Si l'environnement va devenir fortement divergent en altitude et particulièrement cisaillé en profondeur, une convergence de surface bien structurée, durable et humide va directement concerner la Nouvelle-Calédonie jusqu'au 5 février.
Le champ de vent à 10 mètres ci-dessous à gauche témoigne de l'interaction entre la dynamique d'altitude et l'air chaud et humide advecté en surface. En effet, un système dépressionnaire tendra à se creuser au sud-ouest de l'île dès le mardi 4 février. La rotation des vents au secteur nord-est induira une nette déstabilisation des profils verticaux par afflux d'air chaud et très humide (cf. champ de MUCAPE ci-dessous à droite).
Le champ de vent à 10 mètres ci-dessous à gauche témoigne de l'interaction entre la dynamique d'altitude et l'air chaud et humide advecté en surface. En effet, un système dépressionnaire tendra à se creuser au sud-ouest de l'île dès le mardi 4 février. La rotation des vents au secteur nord-est induira une nette déstabilisation des profils verticaux par afflux d'air chaud et très humide (cf. champ de MUCAPE ci-dessous à droite).
GFS 0.5° (run du 2 février 00z) - Vent à 10m à gauche et MUCAPE + Pmer à droite
Dans ces conditions dynamiques et très instables, le potentiel précipitable devrait significativement croître pour atteindre des valeurs proches de 60 mm au niveau des contenus en eau précipitable (cf. champ ci-dessous à gauche). Comme en témoigne l'imagerie satellite vapeur d'eau simulée, disponible ci-dessous à droite, la convection, étirée dans la convergence, au plus près de l'axe de thalweg, se montrera profonde et surtout durable.
Des cumuls de pluie supérieurs à 200 mm sont attendus sur ces 48 prochaines heures, avec des valeurs localement plus élevées encore sur la façade est et le nord de la Grande-Terre voire sur les îles Belep.
Notons par ailleurs que des structures convectives linéaires seront à même de générer des rafales convectives violentes, parfois proches de 120/130 km/h sur l'est de l'archipel.
Notons par ailleurs que des structures convectives linéaires seront à même de générer des rafales convectives violentes, parfois proches de 120/130 km/h sur l'est de l'archipel.
GFS 0.5° (run du 2 février 00z) - Eau précipitable à gauche et imagerie satellite vapeur d'eau simulée à droite
La dépression tropicale June avait déjà généré de très fortes pluies en janvier
Cet épisode très pluvieux intervient environ 15 jours après un précédent épisode, généré par la dépression tropicale June. Du 17 au 19 janvier, le passage de ce système tropical avait occasionné quelques inondations, sans dégâts vraiment majeurs.
Durant cette période, des lames d'eau supérieures à 300 mm avaient été relevées. Il était par exemple tombé 315 mm à Camp des Sapins en 24h (record pour cette station ouverte en 1950). Sur 4 jours, des cumuls supérieurs à 400 mm avaient même été observés sur le nord de l'archipel (jusqu'à 425 mm).
Image satellite composition colorée de la dépression June le 17 janvier près de la Nouvelle-Calédonie (Météo-France)