L'année 2014 se termine dans le calme, dominée par une masse d'air stable et des conditions anticycloniques. Qu'en sera-t-il de la toute fin d'année et du début 2015 ?
Image satellite visible de 10h locales le 23 décembre : nuages bas peu épais sur le tiers nord, bancs de brouillards en vallée dans le sud
Ce mois de décembre se montre relativement calme sur la France et sera très vraisemblablement le plus anticyclonique et le moins instable de l'année 2014. Après une première décade parfois instable et un peu plus froide, surtout au niveau des températures maximales, des conditions stables et anticycloniques prévalent depuis plusieurs jours.
Un regain d'instabilité pour la fin de l'année 2014 ?
Dans le courant de la soirée du 23 décembre, la masse d'air va s'humidifier à tous les niveaux avec l'arrivée du minimum d'altitude inactif en position sur le nord-ouest de l'Espagne.
Durant la journée de Noël, un front froid peu actif, évoluant dans des hautes pressions (cf. figures de gauche et du milieu ci-dessous) et au sein d'un environnement stable (cf. figure de droite ci-dessous) va migrer du nord vers le sud du pays en perdant de son activité. Un refroidissement est attendu à l'arrière de la limite frontale mais la traîne sera quasiment inactive.
C'est sur l'Europe centrale que l'ambiance sera la plus hivernale avec cette descente polaire et ce fort refroidissement à tous les niveaux. Néanmoins, les gradients thermiques seront relativement lâche sur le centre de l'Europe. Si des chutes de neige sont prévues, aucun orage n'est envisagé sauf très ponctuellement sur le littoral nord du Benelux, de l'Allemagne ou du Danemark.
WRF 13 km : évolution de la température à 500 hPa, des thêta'w à 850 hPa et de l'instabilité du 24 au 26 décembre 2014
A partir du week-end prochain, et vraisemblablement jusqu'à début janvier, une nouvelle descente polaire devrait se manifester et les conditions devraient devenir plus hivernales avec la possibilité d'une vague de froid sur l'Europe de l'ouest.
Une cyclogénèse doit s'opérer au sud-est de l'Islande d'ici vendredi 26 décembre. Le thalweg d'altitude associé est prévu migrer des îles britanniques vers le Golfe de Gênes entre le 27 et le 29 décembre. Une advection d'air froid devrait ainsi concerner la France.
Par la suite, pour la toute fin de l'année et début 2015, les hautes pressions pourraient rapidement regagner le pays avec passage en flux d'est très froid mais stable.
Fortes inversions de température et masse d'air très stable depuis le 21 décembre
Depuis le 21 décembre, une puissante cellule anticyclonique est en position sur l'Europe de l'ouest et sur la France. De très fortes inversions sont ainsi observées sur une bonne moitié sud du pays. Favorisées par le rayonnement nocturne, ces inversions sont un peu altérées en journée mais loin d'être détruites (une inversion de subsidence persiste).
Le radiosondage de Payerne (Suisse) présenté ci-contre, tiré à 00h TU le 23 décembre confirme qu'une vaste zone s'étendant du nord de l'Espagne aux Alpes, est soumise à une masse d'air particulièrement sec entre les basses couches et l'étage moyen supérieur. Les données du sondage montrent une forte inversion près du sol, avec une température proche de -1°C vers 500 m d'altitude favorisée par le rayonnement nocturne. La température en air libre remonte rapidement à près de 12°C vers 970 m d'altitude. C'est également à partir de cette altitude que la masse d'air se montre la plus sèche, avec 15% d'humidité seulement. Le profil vertical est sec jusqu'à l'étage moyen supérieur ; à 500 hPa, une humidité relative de l'ordre de 3 à 5% est observée avec un point de rosée de l'ordre de -53°C.
Cette observation effectuée sur les Alpes est valable sur tout l'ouest du massif est également ailleurs sur le sud de la France. Pour donner d'autres exemples, de fortes inversions ont été observées au petit matin du 23 décembre sur le Massif-Central avec -5°C relevés à 400 m en plaine du Forez et 12°C à 1.100 m d'altitude sur le massif du Pilat avec un point de rosée de l'ordre de -20°C.
Sur le nord du pays, l'inversion est également marquée mais la couche est un peu plus plus épaisse. Des nuages bas dont les sommets culminent vers 1.000 d'altitude ne permettent pas le rayonnement et donc le refroidissement nocturne. Au-dessus de cette couche de stratus piégée en très basse couche, le profil vertical s'assèche rapidement et l'on retrouve une masse d'air extrêmement sec à 500 hPa (1% d'humidité relative et point de rosée à -61°C), comme en témoigne le radiosondage de Trappes tiré à 00h TU et présenté ci-contre.
Ces faibles valeurs d'humidité dans les basses couches sont généralisées à la moitié sud du pays, comme l'illustre le champ de Td à 850 hPa de WRF 7 km présenté ci-dessous. La limite du stratus, identifiable sur l'image satellite visible en tête de page peut d'ailleurs être aisément définie à l'appui de ce champ (trait rouge). Enfin, l'image satellite vapeur d'eau confirme la persistance de cette masse d'air très sec et donc très stable sur le sud du pays et le bassin méditerranéen :
Champ de points de rosée à 850 hPa pour la mi-journée du 21 décembre (à gauche) et image satellite vapeur d'eau de 10h loc à droite