Observatoire français des tornades et orages violents

Grêle intense et fortes pluies le 17 juin 2013

L'activité orageuse vigoureuse amorcée dimanche soir s'est maintenue jusqu'en mi-journée du lundi 17 juin. En soirée, des orages forts ont balayé l'ouest de la Bourgogne et le sud Champagne.

 
Foudre dans la nuit du 16 au 17 juin entre Vendée et Deux-Sèvres (T. CORMIER)
 

Des chutes de grêle de 2 à 5 cm, parfois très destructrices

Dans la nuit du 16 au 17 juin, et en matinée du 17 juin 2013, des supercellule actives ont circulé sur l'ouest et le centre-ouest de la France. Elles sont reponsables de chutes de grêle de 2 à 5 cm qui ont sérieusement endommagé les cultures et les véhicules entre la région Poitou-Charentes, la Vendée, la Touraine et la Beauce (cf exemple ci-contre, clichés de Sacha CORNU). L'activité pluvieuse a localement été très importante puisque des lames horaires supérieures à 40 mm ont été relevées.
Ces orages ont rapidement gagné l'Ile-de-France en matinée du 17 puis se sont évacués hors de nos frontières par le Benelux vers la mi-journée. Ces orages supercellulaires se sont développés au sein d'une masse d'air très instable, y compris en nocture, et très cisaillée dans les basses couches comme en profondeur. Elles ont ainsi évolué sur le flanc sud-est d'un système convectif qui a de fait légèrement dévié vers l'est, influencé par les structures mésocycloniques.
 
Cliché de Sylvain GARBAR - Fort orage arrivant sur Châteaudun (28) en matinée
 
 
Dans l'après-midi, des pluies orageuses parfois soutenues ont concerné le sud-ouest puis ont gagné vers le Centre en fin de journée. Toutefois, une structure convective très intense est parvenue à se développer en mer, au large du sud Bretagne. Arrivée sur terre dans le sud du Morbihan, cet orage a produit d'intenses chutes de grêle et de fortes précipitations. Le cliché ci-dessous suggère une possible organisation supercellulaire :
 
Cliché de Maxime HUGUET


En soirée, l'activité orageuse prévue dans le nord-ouest n'est pas parvenue à se développer, en raison d'un décalage de la dynamique atmosphérique de plusieurs centaines de kilomètres (cf paragraphe situé plus bas).
C'est ainsi qu'un puissant système orageux arqué (bow echo) a pu éclore bien à l'est de la zone à risque, entre Nièvre et Yonne. Il a produit des chutes de grêle, des rafales de 100 km/h (des dégâts venteux ont été signalés) et une activité électrique très soutenue. Les clichés ci-dessous montrent l'arrivée de l'orage avec structure en arcus dans l'Yonne et l'activité électrique photographiée depuis la Meuse :
 
  
Clichés de Raphaël ROTH (à gauche) et Kevin LECLERCQ (à droite)
 
Vous retrouverez ci-dessous le déroulé de l'épisode orageux de cette journée. Le paragraphe immédiatement ci-dessous explique les causes du non déclenchement de l'activité convective qui était attendue en soirée dans le nord-ouest.

 

Pourquoi l'activité orageuse vigoureuse attendue en soirée ne s'est pas déclenchée ?

En soirée du 17 juin et nuit suivante, l'activité orageuse localement violente attendue sur le nord-ouest du pays ne s'est pas développée comme prévu. Plusieurs causes l'expliquent :
 
- le forçage d'altitude s'est finalement positionné 300 km plus à l'est. Le soulèvement dynamique s'est trouvé dès lors décalé vers le nord de la Bourgogne, ce qui a contribué au déphasage de l’onde barocline qui était nécessaire au renforcement des orages. Sans creusement méso-dépressionnaire sur l'ouest et le nord-ouest du pays, l'hélicité relative en basses couches s'est trouvée fortement réduite (SRH négative sur le profil de Trappes de 23z cette nuit).
 
- la nébulosité a été plus importante que prévu, ce qui a réduit considérablement l’instabilité latente : le radiosondage de Trappes de 23Z affichait ainsi une MUCAPE de 328 J/kg, contre 2500 J/kg prévus par l'ensemble des modèles de prévision, dont WRF. Sur le profil tiré à 23Z, la MLCAPE ressortait à 10 J/kg et la SBCAPE à 0 J/kg : bien trop peu pour autoriser des développements orageux significatifs.
 
   
Champ de MUCAPE de WRF 8 km (prévision pour le 17 juin à 23z) et radiosondage tiré à Trappes à 23z
 

Info orages de 00h00 locales

La structure arquée qui s'est constituée sur la Nièvre continue de progresser sur l'Aube, après avoir balayé l'Yonne. Des dégâts dus au vent (cheminées effondrées), de la grêle et des inondations sont signalés dans la Nièvre.
En Alsace, des cellules orageuses actives se sont développées sur une ligne de convergence de basse couche.
Ces zones étaient initialement soumises à une inhibition convective marquée avec des forçages soit très faibles soit nuls. Pour autant, la convection s'est développée. Un décalage assez net de la dynamique générale semble une hypothèse crédible expliquant ces déclenchements intempestifs hors zone soumise à un risque orageux.
Dans l'ouest, des pluies orageuses vont se produire cette nuit. Compte tenu de ce très mauvais calage de l'ensemble des modèles de prévision, le risque d'orage violent devient extrêmement faible. Un orage fort n'est pas exclu mais là encore le risque est faible.

 

Info orages de 22h30 locales

Un écho en arc bien structuré évolue entre la Nièvre et l'Yonne ce soir. Le domaine de Chablis a été touché, ainsi que l'agglomération d'Auxerre. Des rafales convectives proches de 100 km/h sont relevées à son passage, ainsi que des lames d'eau de 20 à 30 mm en 1h.

Plus à l'ouest, le déficit d'instabilité suggéré dans le précédent point se confirme. La convection ne parvient pas à réellement gagner en profondeur. Des orages forts demeurent possibles localement, mais le risque d'orage violent continue de diminuer sensiblement, (sauf isolément sur l'extrême nord de la zone, près de la Manche).
 
 

Point sur la situation convective à 20h30 locales

En ce début de soirée, des pluies orageuses concernent un axe Pyrénées-Ouest du Limousin-Centre. A l'avant, des orages se redéveloppent sur le Cher, le Loiret et l'extrême ouest de la Nièvre. L'activité est localement soutenue sous ces orages.
Du nord de l'Aquitaine au sud du Poitou, un déficit d'instabilité freine un développement plus significatif de la convection profonde (les masses nuageuses plus importantes que prévues à la mi-journée en sont responsables). Bien que des manifestations orageuses se produisent, aucune structure convective aboutie ne s'est pour l'heure organisée. Au final, un décalage vers l'est des noyaux convectifs les plus significatifs est envisageable.

Dans le nord-ouest, quelques cellules isolées tentent d'éclore mais les forçages sont encore relativement éloignés. Les dernières projections suggèrent une instabilité persistante sur le nord-ouest, entre l'extrême nord du Poitou et les régions situées au nord de la Seine. Celle-ci est vraisemblablement sur-estimée. Dans la nuit, des orages possiblement supercellulaires et producteurs de grêle et violentes rafales convectives restent possibles mais le risque faiblit.
 
 

Point sur la situation convective à 16h30 locales

La convergence de basse couche et un fort flux de sud en altitude sont en place sur le sud-ouest de la France. Ainsi, des pluies orageuses parfois fortes concernent l'ouest des Pyrénées, alors que l'est de la chaîne (hors crêtes frontières) est soumis à un effet de foehn marqué.
 
Durant ce début d'après-midi, un système convectif arqué très puissant qui s'est développé dès la mi-journée en mer a balayé le Morbihan et l'ouest de l'Ille-et-Vilaine. Il est à présent ressorti en Manche. Durant son transit sur terre, il a produit des chutes de grêle conséquentes de 2 à 4 cm. Les réflectivités radar suggèrent un comportement supercellulaire.
 
Pour l'heure, le forçage d'altitude attendu ce soir et la nuit prochaine dans le centre-ouest est encore en mer. A 12h TU, le radiosondage de Trappes suggère une faible instabilité en raison des orages de la matinée.  L'instabilité croît à nouveau avec la hausse des températures et le regain d'humidité. Le sondage indique des cisaillements très significatifs, propices au développement de supercellules. L'hélicité 0-3 km ressort à 195 m²/s², la SRH 0-1 km pointe à 111 m²/s² et les cisaillements profonds atteignent  30 m/s. L'hodographe qui en découle (figure ci-dessous) présente un crochet caractéristique sur 0-3 km et est très propice au développement supercellulaire.
 
Hodographe de Trappes à 12h TU
 
Les orages observés ce matin et à la mi-journée entre l'Aisne et les Ardennes ont généré des structures en arcus parfois très esthétiques :
 
  
Arcus dans l'Aisne en matinée de ce lundi 17 juin (Nils PIGERRE à gauche et Adrien TUTIN à droite)
 

Orages en temps réel. Suivi en direct sur la France.

 
Si vous êtes témoin de ces orages, n'hésitez pas à poster vos photos et à renseigner la carte de suivi en temps réel.
 
Prochain point complet prévu vers 20h30 locales sauf évolution significative d'ici là
 
 

Info de 13h30 locales

L'activité convective la plus intense tend à évacuer nos frontières par les Ardennes. Cette première salve orageuse active est en passe de se terminer. Dans l'après-midi, soirée et nuit prochaine, le potentiel convectif deviendra à nouveau très important. Le risque d'orages violents est jugé suffisamment important pour qu'une réactualisation de la prévision vers un niveau 3 soit proposée en cette mi-journée.

Notons qu'une structure arquée (bow echo) évolue au large des Pays de la Loire depuis plus d'une heure. Les réflectivités radar témoignent de la mâturité de cet écho en arc, particulièrement intense et bien constitué. Il se dirige vers les côtes du nord de la Loire-Atlantique et du sud du Morbihan. 
 
Prochain point complet prévu vers 16h30 locales sauf évolution significative d'ici là
 

Point sur la situation convective à 11h locales

Les forts orages grêligènes ont gagné l'Ile-de-France ce matin. Ils produisent toujours des chutes de grêle dépassant parfois 4 cm de diamètre de manière ponctuelle. L'imagerie satellite visible haute résolution reflète particulièrement bien la profondeur de la convection. Un système convectif principal est bien en place sur l'Ile-de-France et des cellules périphériques actives, potentiellement supercellulaires évoluent sur le flanc sud du système. Les sommets outrepassants sont également visibles et se marquent les noyaux orageux les plus vigoureux.
 
Image satellite visible haute résolution (West Cheshire) de 8h TU

La constitution d'un MCS à proprement parler a été rendue délicate par l'ampleur de la convection profonde sur le flanc sud-est des forçages. Des structures mésocycloniques indépendantes ont en effet dominé toute la nuit et ce matin, empêchant de fait une réelle organisation en système convectif multicellulaire aboutie. Il n'empêche que les orages ont été forts, isolément violents, comme en témoigne, entre autre, le cliché ci-dessous :
 
Crédit photo K. Humblot

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Ces orages vont continuer à s'évacuer vers le nord et concerneront la Picardie et le Nord-Pas de Calais dans les prochaines heures. Dans le sud-ouest, une convergence de basse couche très marquée devrait se dessiner dans l'après-midi. Elle est pour le moment mal structurée.

 
Si vous êtes témoin de ces orages, n'hésitez pas à poster vos photos et à renseigner la carte de suivi en temps réel.
 
Prochain point complet prévu vers 13h30 locales sauf évolution significative d'ici là
 
 
 

Point sur la situation convective à 09h locales

Dans la nuit, un système convectif très actif s'est comme prévu constitué sur le centre-ouest de la France. Il est resté particulièrement et le reste encore ce matin en gagnant l'Ile-de-France. Dans la zone d'alimentation du système, des structures au comportement supercellulaire se sont développées et ont produit des chutes de grêle significatives (jusqu'à 4 cm de diamètre) et de très fortes pluies. 42 mm ont été relevés en 1h à Châteaudun.
 
Dans le Loir-et-Cher, des dégâts dus au vent assez considérables se sont localement produits. Pour exemple, deux murs d'une maison en construction se sont effondrés à Crucheray.
Ces forts orages ont balayé la Charente-Maritime et le Centre. Ils se dirigent ce matin vers l'Ile-de-France.
L'imagerie satellite vapeur d'eau colorée met clairement en évidence cette convection très profonde. Des sommets pénétrants sont aisément visibles alors que la température des sommets nuageux s'abaisse jusqu'à -70°C.
 
      
Image satellite vapeur d'eau colorée (NRL) de 6z
 

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Au cours de la matinée, cette forte activité orageuse va gagner au nord de la Seine, après avoir balayé Paris et sa région. Cet après-midi, ce soir et la nuit prochaine, un nouvel axe orageux actif va se développer. Des orages forts, très ponctuellement violents sont possibles, comme indiqué dans le bulletin de prévision émis ce matin.
 
Si vous êtes témoin de ces orages, n'hésitez pas à poster vos photos et à renseigner la carte de suivi en temps réel.
 
Prochain point complet prévu vers 11h00 locales sauf évolution significative d'ici là