Observatoire français des tornades et orages violents

Microrafale d'intensité modérée (D2) à Arques (Pas-de-Calais) le 8 février 2016

Le 8 février 2016, vers 11h20 locales, une microrafale est observée sur le territoire d'Arques, dans le département du Pas-de-Calais. Le phénomène, qui s'est déclenché au sein d'une cellule orageuse active, en contexte de traîne, a plus particulièrement endommagé la toiture d'un complexe gymnique.
 
Il est à noter qu'une tornade EF2 a déjà frappé ce secteur le 23 octobre 2006.
 

Principales caractéristiques de la microrafale

Localisation de la microrafale d'Arques (Pas-de-Calais) du 8 février 2016* intensité maximale : D2, soit des vents estimés entre 120 km/h et 150 km/h
* superficie touchée estimée : 1,5 km² (largeur croissante sur une longueur de 3500 mètres environ)

* commune traversée : ARQUES (rue de Calais, rue de Strasbourg, rue de Lille, Canal de Neuffossé, les Fontinettes, les Moulins)
* département : PAS-DE-CALAIS (62)
* altitude moyenne du terrain : 20 mètres
* type de terrain : tissu urbain discontinu, zones industrielles et commerciales, terres arables hors périmètre d'irrigation
 
* principaux dégâts : arbres déracinés (dont certains de gros diamètre), tuiles déplacées, quelques portions de toitures légères arrachées, tôles en Plexiglas® retournées, portion de toiture arrachée avec charpente en bois et couverture en tôles métalliques et panneaux photovoltaïques (projections à distance)
 

Trajectoire de la microrafale et localisation des dommages

L'enquête de terrain effectuée par Keraunos quelques heures après l'événement permet de conclure à un phénomène de microrafale concentré pour l'essentiel sur le terrain communal d'Arques. Au sein de ce périmètre, aucun axe de convergence, ni aucun élément permettant d'identifier le passage d'une tornade n'a pu être mis en évidence. Les dommages observés, par leur organisation et leurs caractéristiques, sont typiques de ceux produits par des rafales descendantes.
 
Les premiers dégâts sont observés au niveau de la rue de Calais : tuiles soulevées, toitures légères en tôle arrachées, carreaux de garage brisés. Ensuite, à proximité de la rue de Strasbourg, plusieurs arbres y présentent des branches cassées, ou sont déracinés. Quelques maisons ont subi des dommages mineurs (tuiles déplacées ou jetées au sol). Des dégâts peu sévères sont observés également rue de Lille.
 
La microrafale balaie ensuite le site industriel de la Cristallerie d'Arques, sans que des dommages y aient été signalés. Elle affecte ensuite les abords de l'ascenseur à bateaux des Fontinettes, et le sud de la rue Pierre Curie. Plusieurs arbres sont déracinés ou partiellement ébranchés dans ce périmètre. Quelques toitures sont également endommagées sur ce secteur, principalement des toitures légères en Plexiglas® soufflées et quelques tuiles déplacées. La couverture d'un bâtiment industriel situé un peu plus au nord est endommagée.
 
C'est toutefois au niveau du Complexe Gymnique, avenue Pierre Mendès France, que les dommages les plus spectaculaires sont constatés. Une extension de toiture, en forme d'auvent courbe, a subi l'essentiel des dégâts. On voit la structure de cette portion de toit sur les photos ci-dessous, avant sa destruction à gauche (photo La Voix du Nord) et après sa destruction à droite (photo Keraunos) :
      
 
Cette structure de grande dimension, qui présente une très forte prise au vent en raison de sa forme et de sa taille, a été frappée presque de face par la microrafale. Celle-ci l'a totalement soufflée, la projetant de part et d'autre du bâtiment, ainsi que par-dessus la toiture principale, qui est restée pour sa part presque intacte. La portion de toiture arrachée s'est alors disloquée, dispersant ses tôles et l'ensemble des matériaux attachés (laine de verre et poutres en bois) dans les champs avoisinants. L'une des tôles a heurté un véhicule qui circulait au même moment sur la route toute proche, blessant à la tête son conducteur. Si les matériaux lourds sont pour la plupart retombés à moins de 200 mètres du bâtiment, on retrouve des morceaux de tôles jusqu'à près d'1 kilomètre de distance, et de la laine de verre encore plus loin. Le volume de laine de verre dispersé dans les environs est considérable.
 
Malgré son caractère spectaculaire, cette projection de toiture concerne une partie très vulnérable du bâtiment ; des rafales proches de 150 km/h suffisent à expliquer ces dommages compte tenu de l'angle d'attaque du vent, et des effets de rotor qui caractérisent fréquemment les microrafales de cette nature.
 
La carte ci-dessous synthétise l'épisode venteux et les principaux dégâts, selon un axe de déplacement de l'ouest/sud-ouest vers l'est/nord-est :
 
Microrafale d'Arques (Pas-de-Calais) du 8 février 2016. Points jaunes : dégâts causés par des rafales estimées entre 90 km/h et 120 km/h. Point orange : dégâts causés par des rafales comprises entre 120 km/h et 150 km/h. Flèche rouge : sens de déplacement de la microrafale. © Keraunos (fond de carte : Géoportail)

© Keraunos (fond de carte : oportail)

 
La cellule à l'origine de cette microrafale présente des caractéristiques qui l'apparente à une supercellule LT. La présence de fortes advections sèches dans l'environnement proche de la cellule, identifiables au radar, et la progression d'un jet de basses couches par la Manche au même moment, ont dû contribuer à la génération de cette puissante microrafale. La nature hypothétiquement supercellulaire de la cellule pourrait expliquer que tous les dommages aient subi des projections vers le NNE à NE, soit à plus de 30° sur la gauche du flux moyen. Il n'est en effet pas rare que le mésocyclone des supercellules infléchisse le flux au sein des microrafales, par l'effet de rotation qu'il imprime dans les basses couches. 
 

Photographies des principaux dégâts

Les photographies suivantes montrent les principaux dégâts occasionnés par la microrafale d'Arques : 


En savoir plus sur les microrafales et les macrorafales

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