Observatoire français des tornades et orages violents

Les violents orages du 25 mai 2009

Un épisode orageux d'une rare intensité s'est abattu sur un axe Pyrénées / Nord - Pas de Calais le lundi 25 mai 2009, en fin d'après-midi, soirée et première partie de nuit.

Le caractère remarquable de ces orages tient notamment à l'intensité des chutes de grêle observées ainsi qu'à la violence des rafales de vent, notamment sur la moitié nord du pays. Pierre Mahieu et Emmanuel Wesolek (KERAUNOS) ont ainsi pu recueillir des grêlons de 7 à 10 cm de diamètre sur le sud du département du Nord (région de Cambrai), et localement des grêlons de plus de 12 cm sur la commune de Raillencourt-Sainte-Olle (Nord - 59). Des grêlons de cette dimension ("grêlons géants") sont rares.
Des chutes de gros grêlons ont également été signalées en Picardie, en Normandie, sur le Bordelais et sur l'agglomération toulousaine, notamment.

Certains orages, sur le Nord - Pas de Calais et l'est de la Picardie, ont été accompagnés de rafales de vent supérieures à 100 km/h, avec même des pointes à près de 130 km/h relevées par Météo France.




Résumé de l'épisode

Dans les grandes lignes, le bilan de cet épisode fait apparaître 7 supercellules distinctes, une quinzaine de dédoublements cellulaires (splitting storms), une tentative de supercellule moteur gauche avortée et un MCS. Les phénomènes associés comptent notamment :
+ de nombreuses chutes de grêle remarquables, avec des diamètres de 3 à 5 cm dans le sud de la France et de 6 à 12 cm sur le nord,
+ de puissantes rafales descendantes avec des pointes mesurées par Météo France jusqu'à plus de 120 km/h,
+ un couloir de micro- et macrorafales sur un axe Soissons - Laon (Aisne), ainsi que de Vervins (Aisne) à Semousies (Nord)
+ plusieurs inondations éclairs et coulées de boue,
+ une tornade d'intensité EF1 à Marchiennes (Nord).

 

 Les plus gros grêlons jamais photographiés en France

Compte tenu du potentiel orageux remarquable attendu en fin de journée, une équipe de Keraunos est sur le terrain durant la soirée du 25 mai, avec pour objectif d’observer et de photographier les orages supercellulaires attendus au nord de Paris. En fin de soirée, le choix est fait de cibler une supercellule très active en cours de transit sur la Picardie et qui se dirige vers le département du Nord. La cellule est interceptée près de Cambrai (Nord), vers 21h30 TU. Les chutes de grêle observées dans la portion sud du courant descendant avant (FFD) sont exceptionnelles.
 
D'abord d'un diamètre de 4 à 6 cm, les grêlons atteignent rapidement 6 à 8 cm, avant de passer le seuil des grêlons géants quelques minutes plus tard à hauteur de Raillencourt-Sainte-Olle (Nord). Les grêlons qui sont recueillis dépassent pour certains 12 cm de diamètre, soit les plus gros grêlons jamais photographiés en France jusqu'à ce jour (photo ci-dessus, et ci-dessous en bas à gauche). Ces grêlons tombent sur le sol en produisant des bruits d'impacts impressionnants, au milieu d'autres grêlons de 6 à 9 cm de diamètre, dont certains présentent des structures difformes ou très allongées.

Chutes de grêle exceptionnelles du 25 mai 2009. Très gros grêlons dans le Nord. (c) KERAUNOS
Chutes de grêle exceptionnelles du 25 mai 2009. Très gros grêlons dans le Nord. (c) KERAUNOS
Chutes de grêle exceptionnelles du 25 mai 2009. Très gros grêlons dans le Nord. (c) KERAUNOS
Chutes de grêle exceptionnelles du 25 mai 2009. Grêlon géant dans le département du Nord. (c) KERAUNOS
Chutes de grêle exceptionnelles du 25 mai 2009. Grêlon géant dans le département du Nord. (c) KERAUNOS
Chutes de grêle exceptionnelles du 25 mai 2009. Grêlon géant dans le département du Nord. (c) KERAUNOS
Grêlons géants dans le Nord, à Raillencourt-Sainte-Olle. (c) P. Mahieu / E. Wesolek / KERAUNOS
 

 

Configuration météorologique

La journée du 25 mai est dominée par la présence d'un rapide flux de S à SSO sur la France, à l'avant d'un thalweg qui s'isole en cut-off sur le nord de l'Espagne. En haute altitude, une branche de jet circule de l'Andalousie à la Normandie, produisant une configuration très dynamique de sortie gauche / entrée droite de jet simultanée.


Une masse d'air d'origine tropicale remonte dans ce flux (ci-dessous à droite). Les basses couches sont particulièrement chaudes et humides le long d'un axe Occitanie - Nord, soit au sein d'un axe dépressionnaire au sol qui assure une forte convergence sur ces régions :


Dans cette configuration, l'instabilité se révèle extrêmement forte, comme en témoigne le reforecast ARW 3 km réalisé par Keraunos. Les valeurs d'instabilité les plus remarquables sont positionnées sur le département du Nord, avec 5.000 J/kg de MUCAPE et un MULI de -13 K :



La carte pointée du réseau SYNOP de 20h locales, ci-dessous, illustre bien les caractéristiques de cette situation, avec une dépression de mésoéchelle qui remontre vers le nord du pays, la convergence de basses couches associée et les points de rosée proches de 20°C, et même localement supérieurs, au nord de la Seine (air chaud et très humide) :

Carte pointée du 25 mai 2009 à 20h locales. Réseau SYNOP. (c) KERAUNOSCarte pointée du 25 mai 2009 à 20h locales. Réseau SYNOP. (c) KERAUNOS

 

Prévision de l'épisode

Une configuration orageuse potentiellement critique est envisagée depuis la veille pour cette soirée du 25 mai. Pour la première fois depuis la publication quotidienne des prévisions convectives (en avril 2007), Keraunos, dans ses prévisions du 25 mai 2009 à 08h loc, émet un risque orageux de niveau maximal (4/4) pour le soir et la nuit suivante, valable sur les départements du Centre, de la Normandie, du Bassin Parisien, de la Picardie et du Nord - Pas de Calais. Un niveau de risque très élevé (3/4) avait également été indiqué pour les départements s'étirant de la région toulousaine au sud du Centre-Ouest.

Dans le détail, le bulletin précisait les éléments suivants :

    

ZONE A
1/4
MONO, MULTI
Un minimum d'altitude très dynamique s'est isolé sur les Cantabriques et maintient un flux de SSO rapide et cyclonique sur l'ouest du pays. En basses couches, de l'air tropical, très chaud et fortement chargé en humidité, enveloppe le pays et assure des profils verticaux instables. Dès lors, le contexte général demeure favorable aux orages ce lundi sur les deux tiers ouest de la France. Les orages de la nuit, qui ont balayé les départements de l'ouest et du nord-ouest, s'essouffleront en fin de matinée sur le Pas-de-Calais et la Picardie. Les orages reprendront sur l'ensemble de la zone visée dans l'après-midi, en soirée et durant la nuit. Les Alpes seront soumises à des développements d'orages orographiques d'évolution diurne d'intensité ordinaire, dans l'après-midi et en début de soirée. Un peu de grêle pourra être observée sous ces orages.
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ZONE B
2/4
MULTI, SUP
La situation sera plus activement orageuse sur un axe qui s'étire des Pyrénées jusqu'au Nord - Pas de Calais. Le cut-off d'altitude va en effet entamer ce lundi un rabattement en direction de la France, sous l'impulsion du flux atlantique. Le forçage associé va permettre la formation d'orages de forte intensité sur l'axe visé, dans l'après-midi, en soirée et jusqu'en fin de nuit de lundi à mardi. Les départements visés en risque 2/4 pourront subir des orages localement forts, avec fortes rafales de vent et chutes de grêle.
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ZONE C
3/4
MULTI, SUP
Un axe de convergence de basses couches se constituera entre le milieu d'après-midi et le début de nuit sur la zone visée, soit du pied des Pyrénées jusqu'aux contreforts ouest du Massif Central. Sur ces départements, une très forte instabilité se sera constituée en journée, avec une CAPE de 2000 à 2500 J/kg et des indices de soulèvements oscillant entre -5 et -7 K. Aidés par de puissants cisaillements profonds (> 25 m/s) et bien positionnés par rapport à la dynamique d'altitude, des orages ponctuellement violents se développeront en deuxième partie d'après-midi, soirée et début de nuit sur les départements visés. Ces orages pourront adopter des structures supercellulaires et produire de violentes chutes de grêle, ainsi que de fortes rafales de vent. Le contexte est en revanche plus médiocrement favorable à des évolutions tornadiques.
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ZONE D
4/4
MULTI, SUP
Les départements qui s'étirent de l'Indre-et-Loire jusqu'au Nord - Pas de Calais sont soumis ce lundi et la nuit prochaine à un risque orageux extrême. Une concordance inhabituelle d'éléments atmosphériques va contribuer à rendre envisageable un épisode orageux particulièrement sévère sur l'ensemble de la zone visée. D'une part, un axe de thalweg secondaire va se constituer en fin d'après-midi et balayer l'ensemble de la zone visée avant la fin de nuit. Il sera associé à une advection froide en altitude, particulièrement dynamique et bien en phase avec un dédoublement du courant-jet, qui positionnera les départements à risque maximal dans une configuration simultanée de sortie gauche et d'entrée droite de jet, qui produira d'intenses ascendances synoptiques. Un noyau secondaire d'anomalie basse de tropopause se constituera dans le même temps sur l'ouest du pays et se dirigera en fin de journée en direction du Nord - Pas de Calais. La dynamique sera donc particulièrement bien organisée et intense.
Cette configuration très propice viendra se greffer sur des profils verticaux exceptionnellement instables. Les différentes analyses prévisionnelles permettent d'établir que la CAPE atteindra 3700 à 4300 J/kg de la région parisienne au Nord - Pas de Calais en fin de journée, avec des indices de soulèvements qui pointeront de -11 à -14 K. Ces valeurs extrêmes d'instabilité conserveront un caractère remarquablement marqué jusqu'en seconde partie de nuit sur le nord de la zone visée.
Par ailleurs, dans ce contexte particulièrement instable et dynamique, le creusement d'une méso-dépression dans l'après-midi sur la zone visée viendra accroître sensiblement les cisaillements en basses couches, et produire une SRH 0-3 km comprise entre 250 et 400 m2/s2 et une SRH 0-1 km comprise entre 150 et 250 m2/s2. Localement, de la Normandie et de l'Ile de France jusqu'au Nord - Pas de Calais, ces valeurs seront accrues par la constitution d'un jet de basses couches sur le flanc nord-est de la mésodépression. Dès lors, le potentiel supercellulaire et tornadique sera fortement accentué.
Par conséquent, des orages violents se développeront sur la zone en fin d'après-midi et début de soirée. Ils seront dans un premier temps relativement épars, mais avec un risque élevé de supercellules. Ces orages s'organiseront rapidement en structures parfois arquées et en multicellulaires. En soirée et durant la nuit, ces orages se multiplieront et évolueront en un MCS qui balaiera l'ensemble de la zone jusqu'en fin de nuit.
Ces orages pourront générer de violentes chutes de grêle, avec des diamètres pouvant localement excéder 6 à 7 cm, ainsi que des averses intenses et des rafales de vent parfois largement supérieures à 100 km/h, sous forme de front de rafales ou localement de microrafales. Des crues éclairs pourraient se produire en zone sensible. Enfin, le risque de tornade est considéré comme élevé jusqu'en fin de nuit, avec possibilité de tornades de forte intensité (> F2), compte tenu de l'instabilité et des cisaillements attendus.

 

Photographies

   Grêlon géant de 12 cm, dans le département du Nord. 25 mai 2009. Record du plus gros grêlon photographié en France. (c) P. Mahieu / E. Wesolek / KERAUNOS
 Supercellule dans le Val-d'Oise, à hauteur de Magny-en-Vexin.
Crédit photo : H. Buffetaut
 
 Grêlon géant de 12 cm à Raillencourt-Ste-Olle (Nord).
Crédit photo : E. Wesolek & P. Mahieu / KERAUNOS

   
 Dégâts consécutifs à la tornade de Marchiennes (Nord)
Crédit photo : E. Wesolek & P. Mahieu / KERAUNOS
 
 Dégâts consécutifs à la tornade de Marchiennes (Nord)
Crédit photo : E. Wesolek & P. Mahieu / KERAUNOS

   
Toit pulvérisé par une microrafale à Avesnelles (Nord)
Crédit photo : E. Wesolek & P. Mahieu / KERAUNOS

Toiture emportée par une microrafale à Etroeungt (Nord)
Crédit photo : E. Wesolek & P. Mahieu / KERAUNOS

   
 Pare-brise enfoncé par une chute d'arbre, dans l'Aisne.
Crédit photo : L'Union (c)

 Toiture détruite par une macrorafale, dans l'Aisne.
Crédit photo : L'Union (c)

 

Coupures de presse

La Voix du Nord
édition du 27 mai 2008

Gros dégâts après le passage des orages
Arbres déracinés, toits effondrés, inondations, belles frayeurs et beaucoup de mauvais souvenirs... on faisait les comptes hier matin des dégâts causés par les orages. Des épisodes souvent très localisés mais violents surtout dans le Cambrésis, l'Avesnois et le Valenciennois. Dans les départements les plus touchés (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne et Oise), les pompiers sont intervenus 1 400 fois ! Témoignages.

> À Avesnes-sur-Helpe et ses alentours, les vents extrêmement violents ont remémoré à certains témoins la tornade d'Hautmont en août : « Il y avait des éclairs continus, comme un crépitement de flashs, ce n'était absolument pas normal. » Les villages ont payé un lourd tribut : la toiture de la mairie de Semousies s'est envolée, celle d'une grange, à Étroeungt, s'est abattue en travers de la RN 2. À Sémeries, un camping a été dévasté. Jeumont et Aulnoye-Aymeries ont été touchées par les pluies, avec de petites coulées de boue sur les routes.

> En Sambre, les bourrasques ont abattu des arbres sur la RD 649, qui relie Valenciennes à la frontière belge, dans les secteurs de Jenlain et de Jeumont. Les services départementaux et municipaux sont intervenus pour rétablir au plus vite une circulation sans danger. Dans le secteur de Jeumont, des chapiteaux qui avaient été dressés pour la fête des voisins prévue hier soir ont été emportés et démantelés.

> Dans le Cambrésis, notamment dans le secteur de Villers-Plouich, les habitants ont craint de revivre le terrible scénario du 11 septembre 2008 qui avait fait un mort et dont certaines maisons portent encore les stigmates. Et la grêle n'a fait qu'accentuer leurs inquiétudes, d'autant que l'arrondissement détient le record en matière de grêlons avec des spécimens de 12 cm de diamètre relevés à Raillencourt-Sainte-Olle... Carrosseries cabossées, arbres arrachés... même le cadran de la basilique de Caudry est sorti de son habitacle.

> Dans le Valenciennois, les orages, accompagnés parfois de minitornades, ont balayé les alentours. Le fait le plus saillant s'est produit dans le Denaisis, à Neuville-sur-Escaut : le pignon arrière d'une maison en construction s'est effondré sur l'habitation mitoyenne, détruisant entièrement la véranda et endommageant le garage. À Noyelles-sur-Selle, les enfants n'ont pas eu classe hier : la toiture de l'école a été partiellement soufflée. Pas de blessés non plus dans le Valenciennois, mais c'est un miracle. Une maison a été totalement détruite par la foudre à Vieux-Condé, des voitures endommagées par des chutes d'arbres à Saultain et Onnaing, où un arbre centenaire est tombé sur une maison. Idem dans la cour de l'école des Acacias à Valenciennes.

En tout, les pompiers ont enregistré 276 appels. Quarante en une heure pour ceux de Valenciennes ! Un vrai cauchemar, mais aussi une belle histoire. À Vieux-Condé, un poulain est né tout seul au milieu de l'orage. Sa propriétaire était dans l'impossibilité de rejoindre l'écurie, tant les rafales étaient fortes. Le petit cheval s'appellera Vulcain, comme... le dieu de la foudre.

***
L'Union
édition du 27 mai 2008

Laon

Orages : le Laonnois frappé de plein fouet
Des rafales à 124 km / heure ont été enregistrées à Aulnois-sous-Laon, 104km/h à Blesmes et 102 km/h à Saint-Quentin. Et quelque trente millimètres d’eau, sous forme de grêle parfois, sont tombés. De quoi faire des dégâts considérables notamment au niveau du grand Laonnois qui aurait été le plus touché.
Les pompiers, hier au petit jour, évoquaient aux alentours de 500 interventions et deux cents hommes mobilisés. Les pompiers ont dès le départ activité la cellule de débordement et les interventions se sont poursuivies toute la journée d’hier (600 interventions vers 17 heures).
« Nous gérons d’abord ce qu’il y a de plus urgent et petit à petit nous traitons le reste, même si pour certains le temps peut paraître long », indiquait-on au niveau du service départemental d’incendie et de secours, sachant qu’au plus fort de la tempête 700 appels ont été comptabilisés.
Aucun décès n’est finalement à déplorer. Un jeune homme de 22 ans, de Vailly-sur-Aisne, a néanmoins percuté un arbre couché sur la route vers 5h30 à Soupir.

Deux blessés
Une grosse branche a traversé l’habitacle et la victime a été transportée au centre hospitalier de Soissons, souffrant d’un traumatisme facial. Vers 4 heures, c’est une personne à mobylette qui a été blessée à Besny-et-Loizy, près de Laon, et a été hospitalisée à Laon.
La ville préfecture a offert un réveil sombre à ses habitants. Beaucoup d’axes, comme la déviation D1044 ou la rue Fernand-Christ, ont été coupés par des chutes d’arbres.
D’une manière générale, les quartiers de Semilly, La Neuville, Marquette et la Cité médiévale, ont énormément souffert.
Au moins trois voitures ont vu un arbre tomber sur elles, dont rue du Missouri.
A la maison de retraite départementale, Stéphane Stilinovic, le directeur, parlait d’une catastrophe pire qu’en 1999 et 2004. « 80 % du parc est touché, des morceaux de toiture sont parties, les galeries en verre ont été brisées et de l’eau s’est infiltrée à certains endroits », a-t-il témoigné.

Ecole fermée
Des toitures se sont envolées notamment celle de l’école primaire La Providence, rue Vinchon, qui n’a pu fonctionner et ne rouvrira pas avant le mardi 2 juin. Une maison près de l’hôpital a encore vu sa toiture souffler par le vent.
De nombreuses cheminées sont tombées, devenant menaçantes, sans parler des inondations de certains locaux ou des platanes arrachés promenade Saint-Just. Dès 7 heures, le sénateur-maire, Antoine Lefèvre, a fait le tour des dégâts. Les services de la ville eux ont opéré dès 1 h 30 pour libérer des voies notamment. Du côté du trafic ferroviaire, des arbres sont tombés sur la ligne du côté d’Anziy-Pinon. Et le Paris-Laon a dû être détourné par Tergnier. Un passage à niveau a aussi été endommagé au niveau de Dercy-Mortiers.
Le Laonnois n’a pas été en reste. Le village classé des frères Le Nain a souffert le martyr. Le village a été cerné par les eaux et les arbres coupés. Il était quasiment coupé du monde. Ici, une ligne à haute tension aurait été coupée. La commune a été privée d’électricité comme plusieurs centaines d’autres dans le secteur (lire par ailleurs). Le secteur de Marle, Marcy-sous-Marle et Voyenne, a également été touché avec la RN.2 coupée à plusieurs endroits. Un peu partout en fait, petits et grands drames se sont noués en quelques heures. Et on n’ose imaginer ce qui se serait passé si l’orage était intervenu à 8 heures.

Yann LE BLÉVEC

Vervins

D'importants dégâts à Vervins et à La Capelle
Le réveil a été difficile, hier matin, pour les Thiérachiens, après les violents orages qui ont éclaté peu après 1 h 30 dans la nuit de lundi à mardi. Coulées de boue, arbres décimés, panneaux de signalisation renversés, les dégâts étaient nombreux le long des routes. Ce sont les secteurs de Vervins et de La Capelle qui ont le plus souffert des intempéries. À Vervins, outre les dégâts du vent sur la végétation, une coulée de boue s'est étendue depuis la rue de Verbinum jusqu'en bas de l'avenue Paul-Doumer. Les équipes de la ville étaient à pied d'œuvre pour dégager la boue des rues. « On enlève le plus gros aujourd'hui, mais il nous faudra plusieurs jours pour que tout rentre dans l'ordre », explique le responsable du nettoyage. Les pompiers de Vervins ont dû intervenir plus d'une trentaine de fois pour dégager les routes des arbres tombés sur la chaussée ou en prévention d'objets menaçants de s'écrouler.
Les arbres ont beaucoup souffert de ces orages. Ainsi, près de la moitié des arbres d'un verger situé à la sortie de Vervins, sur la route de Cambron, ont été coupés en deux par la foudre.
À La Capelle, les dégâts sont aussi très importants. Lignes électriques à terre, toitures endommagées, la tempête orageuse n'a pas épargné la ville. Plusieurs rues de la ville ont connu des coupures de courant entraînant l'intervention des équipes d'EDF. Ces derniers sont aussi intervenus à Sorbais pour un poteau électrique tombé à terre. Aussi à La Capelle, le panneau d'accueil du centre logistique Nespoli Group, haut de près de quatre mètres, a plié sous la tempête.
Les orages ont quelque peu épargné la ville d'Hirson, mais les pompiers de la ville sont intervenus une bonne dizaine de fois pour des arbres couchés sur la voie publique à Saint-Michel, Watigny, Origny-en-Thiérache et Wimy.

Frayeur dans le Laonnois

« J'ai dit : tous à la cave ! »
C'est donc groggy que le Laonnois s'est réveillé. Choqué aussi par l'étendue des dégâts alors que, d'après la plupart des témoignages, le phénomène n'a duré qu'une petite partie de la nuit.
Mohamed Bahallah, un habitant de la route de La Fère, à la sortie de Laon, confirme : « Il était entre 1 heure et 3 heures lorsque les éléments se sont déchaînés. Très vite, nous avons pris la mesure du phénomène. Les branches ont commencé à s'envoler, puis ce sont des arbres qui sont tombés tout autour de nous. Face à cette situation, j'ai dis : « Tous à la cave » et nous y sommes restés une bonne partie de la nuit avec les enfants. Lorsque le jour s'est levé, nous avons eu une vision de cauchemar… ».
Tuiles arrachées, câbles électriques sectionnés, une bonne partie de la végétation couchée ou réduite à du petit bois… Plusieurs mois seront nécessaires pour tout remettre en état.
Même constat, à quelques pas de là, chez Marc Degon. Râteau en main, il affiche un découragement bien légitime. Autour de lui, tout semble dévasté. Seule sa maison a tenu bon… Contrairement à celle d'un autre voisin qui a perdu une partie de sa toiture dans la tourmente.

57 000 foyers privés d'électricité
Ces constats, ils étaient nombreux à les formuler hier matin.
Cité Marquette, à Laon toujours, les riverains commentaient le sort d'un de leurs voisins, transporté à l'hôpital durant la tempête pour un malaise cardiaque. L'homme n'a pu être ramené à la vie. « On ne peut s'empêcher de penser que c'est cette nuit d'enfer qui a provoqué ce malaise », commentait une riveraine encore sous le choc.
Sur les routes du grand Laonnois et plus particulièrement sur le canton d'Anizy, la situation était partout la même : des arbres coupant les routes, des poteaux électriques déracinés, des maisons et des corps de fermes endommagés, à l'instar de la ferme d'Avin dont le propriétaire, Christophe Compère, tentait d'établir un préjudice hier après-midi : « Je rentre de voyage et je me trouve face à cette situation. Tous les bâtiments sont touchés et il y a des pertes également au niveau de cultures et du matériel. Je n'ai jamais vécu cela, même pas en 1999 ». Notons encore que le collège de Crécy-sur-Serre a dû refuser les élèves hier toute la journée, faute d'électricité.
Selon les services d'ERDF, ce sont 57 000 foyers qui se sont retrouvés sans courant dans l'Aisne. Vers 15 heures, près de 6 000 d'entre eux étaient toujours dans l'attente d'une réparation.
« On voit clairement que les orages ont parcouru une sorte de couloir depuis le Soissonnais jusqu'au Saint-Quentinois », indiquait le cadre de permanence de l'entreprise nationale, Rémi Feillée, « Ce sont effectivement le Laonnois et la Thiérache qui ont payé le plus lourd tribut ».

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La Dépêche du Midi
édition du 27 Mai 2008

> On n'en sort pas. Les mauvaises nouvelles se sont accumulées ces derniers mois sur le front d'une météo décidément très perturbée. L'orage de grêle qui s'est abattu lundi soir sur Toulouse s'est révélé d'une rare violence au point de susciter parfois un sentiment de peur, surtout chez les automobilistes qui, au volant de leur voiture ont vu leur pare-brise voler en éclats. L'Observatoire français des tornades et des orages violents a décrit cet épisode très brutal comme un phénomène de « rare intensité ».
« Cela a été très soudain. La grêle est tombée très exactement entre 18 h 19 et 18 h 25 à la station de Blagnac. Peu de temps avant, la température avait chuté de 8,4 degrés avec des vents de 60 km/h. Il est tombé en quelques minutes près de 20 mm », explique Didier Roquecave de Météo France. À l'origine de ce violent phénomène, des masses d'air chaudes arrivées du golfe de Gascogne et qui, au contact de l'air plus froid du continent, a provoqué cette perturbation.

> L'Observatoire français des tornades et des orages avait émis lundi matin un bulletin signalant « le risque orageux extrême » dans l'axe Pyrénées-Nord-Pas-de-Calais. Ce même bulletin précisait : « que les orages annoncés pouvaient générer des violentes chutes de grêles avec des diamètres pouvant localement excéder 6 à 7 cm ». Dans la soirée des grêlons de 12 cm ont été retrouvés dans le Nord et des grêlons de 6 cm à Toulouse. David Dumas, responsable du pôle prévision à l'Observatoire français des tornades et des orages revient sur cet épisode climatique intense.

Des grêlons de 12 cm ou de 6 cm, est-ce que c'est phénoménal ?
Je crois pouvoir dire de mémoire que le diamètre des grêlons qui sont tombés dans la région de Cambrai n'a jamais été observé en France. Des grêlons de cette taille, c'est des pierres qui tombent du ciel et l'équipe mobile qui est intervenue en plein orage a pris de gros risques finalement.

Ces orages violents sont-ils susceptibles de se reproduire ?
C'est difficile de répondre. L'Observatoire français des tornades et des orages est né d'un constat partagé par tous les météorologues, le chamboulement du temps. Par exemple, cette année on constate que le mois de mai est d'un niveau orageux exceptionnel. Surtout dans le Sud-Ouest. On n'avait pas vu ça depuis vingt ans au moins. En revanche, le sud-est est plus calme.

Pourquoi les orages sont-ils aussi violents ?
Un détonateur est nécessaire. Pour se développer et s'intensifier, ils nécessitent de l'air chaud et humide et un front d'air froid qui arrive en général de l'Atlantique. Tous ces éléments étaient réunis lundi sur l'axe Nord-Pas de-Calais Midi-Pyrénées, avec de l'air d'origine tropicale qui s'est installé dès le matin dans la région, et du froid en altitude.

Des pare-brise en mille morceaux, des phares explosés, des carrosseries toutes cabossées. Hier matin, les standards des assurances ont été pris d'assaut par les automobilistes, victimes de l'orage de grêle survenu lundi. Cet orage court mais intense a touché Toulouse et l'ouest de l'agglomération, de Muret à Fronton.

> A Toulouse, ce soir-là, à 18 h 35 (heure de pointe sur le périph), la violence de l'orage a surpris des milliers de personnes quittant le travail. Au même moment, sur les parkings des entreprises et sur les parkings des centres commerciaux, les véhicules en stationnement ont subi le même sort, cinq minutes de chute de grêle assourdissante. Et pour tous ceux qui circulaient, ces cinq petites minutes ont paru, une éternité. Sur l'avenue du Mirail, des dizaines d'automobilistes se sont même précipitées vers les allées boisées, avec l'espoir d'échapper au feu des grêlons. En vain. Le mal était fait, même si en apparence cet orage de grêle, ne laisse que très peu de traces dans le paysage. Il a provoqué quelques inondations de chaussée, la rue Alsace-Lorraine a été noyée sous des trombes d'eau et en partie pompée par les pompiers. Dans l'agglomération, quelques heures après, les dégâts recensés sont minimes, surtout des feuilles d'arbres mâchées sur les trottoirs dans certains quartiers.
À quelques jours près, l'orage de lundi rappelle aussi aux Toulousains, celui du 15 mai 2008. En un quart d'heure, la Ville rose avait pris les couleurs d'une ville sous la neige. Le caractère spectaculaire de l'orage de cette semaine tient à la grosseur des grêlons, jusqu'à six cm. L'Observatoire français des tornades juge le phénomène « remarquable ».
> Dans le Frontonais, en revanche, le toit d'une école maternelle a été endommagé et trois classes touchées par des infiltrations d'eau à Castelginest. Du côté de Fronton, le vignoble semble-t-il, a été épargné.
> En Tarn et Garonne, en revanche, à Villaudric, des vergers ont souffert. Reste la facture chez le carrossier et les démarches pour être indemnisé. « Un de nos conseillers va bientôt être à votre disposition. Merci de vouloir patienter » Au bout du fil, le même message pour des centaines et des centaines de clients, quelle que soit l'enseigne. Les assurances ont pourtant mobilisé hier leurs équipes pour répondre au surcroît de la demande.

***
Le Courrier Picard
édition du 26 Mai 2008

> Dans l'Aisne, à Bourg-et-Comin, un automobiliste a été grièvement blessé par la chute d'un arbre sur son véhicule.
Les pompiers du département ont connu une nuit des plus agitées. Ils ont réalisé environ 400 interventions entre 1 heure et 8 heures du matin. Ils sont surtout intervenus pour des caves inondées, des branches ou des objets tombés sur les routes.
L'école de la Providence, à Laon, est fermée pour cause de toiture arrachée.
Le village de Bourguignon-sous-Montbavin, cerné par les eaux, s'est retrouvé totalement isolé dans la nuit. Les secours étaient à pied d'oeuvre pour venir en aide aux habitants dont les maisons ont été inondées.
Mardi matin, vers 9 heures, une soixantaine d'intervention liées à l'orage tempêtueux étaient toujours en cours.
Les lignes EDF ont aussi été touchées. Des chutes d'arbres et les vents accompagnant l'orage ont endommagé 719 postes et transformateurs dans le département. Des coupures d'électricité ont également eu lieu mardi matin.
> Dans l'Oise, probablement le département de France le plus touché par l'épisode orageux lundi soir. Entre 22 heures et 3 h 30, les pompiers sont intervenus plus de 600 fois, principalement pour des inondations, arbres coupés, etc. Dans le secteur de Liancourt, des grêlons de la taille d'une orange ont été constatés. L'intempérie n'a pas fait de victime. Mais plus de 1500 personnes ont saisi leur téléphone pour alerter les secours.
Plusieurs usines ont dû être évacuées et une école maternelle à Agnetz, près de Clermont, a été envahie par les eaux.
A Liancourt, Clermont et Pont-Sainte-Maxence, secteurs les plus touchés, les habitants ont vu tomber «des grêlons gros comme des balles de ping-pong», a souligné un officier du CODIS (Centre opérationnel départemental d'incendie et de secours) de l'Oise.

Les sapeurs-pompiers de Compiègne sont intervenus une dizaine de fois (8 inondations de caves et 2 interventions sur la voie publique, résolues dans la nuit) tandis que ceux de Thourotte ont relevé les plusieurs chutes de branches d'arbres, sans réels dégâts. Ces deux centres de secours sont ensuite partis en renfort sur le secteur de Liancourt.

> A Ressons-sur-Matz (quelques chutes d'arbres) et Estrées-Saint-Denis (une vingtaine d'interventions pour des inondations et chutes d'arbre), les pompiers n'ont pas relevé de dégâts importants.

> Dans la Somme, pas de dégâts majeurs à signaler, seulement des chutes d'arbres et des caves inondées, principalement dans l'est du département.
A Cappy, dans le canton de Bray-sur-Somme, près d'Albert, les pluies torrentielles ont entraîné des coulées de boue venant de champs situés sur le plateau (photos ci-dessous).