Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF2 à Damvix (Vendée) le 8 février 1910

Le 8 février 1910 en matinée, une tornade d'intensité modérée (EF2) traverse la commune de Damvix, dans le département de la Vendée. Le phénomène, qui a été vu, provoque des dégâts matériels importants mais personne n'est blessé.

Principales caractéristiques de la tornade

* intensité maximale : EF2, soit des vents estimés entre 175 km/h et 220 km/h
* distance parcourue : 2 kilomètres
* largeur moyenne : indéterminée

* commune traversée : DAMVIX (la Barbée, la Maison des Champs, cimetière)
* département : VENDÉE (85)
* altitude moyenne du terrain : 4 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés ; territoires agricoles

* principaux dégâts : monceaux de foin emportés à grande hauteur ; cheminées renversées ; toitures mises à nu, soulevées et brisées ; gros arbres arrachés et transportés à 50 ou 60 mètres ; branches emportées ; mur du cimetière dégarni sur une longueur de 70 mètres, tuiles emportées jusqu'à 300 mètres ; environ quinze tombes renversées, ou brisés en plusieurs morceaux

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée (English version) . Cette version de l'échelle EF, élaborée et mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen et permet ainsi une notation précise des tornades, valable autant pour les tornades contemporaines que pour les tornades du passé, et homogène internationalement.

Parcours de la tornade 

 
© Keraunos (fond de carte : Géoportail)
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Des arbres emportés à une cinquantaine de mètres

La tornade de Damvix du 8 février 1910 survient au terme d'une grande inondation de la vallée de la Sèvre Niortaise, dont les marais sont recouverts d'une immense nappe d'eau depuis le début de l'année.

C'est précisément dans un nouveau contexte instable et dépressionnaire qu'une tornade EF2 est aperçue dans la commune durant la matinée du 8 février 1910. Selon les témoins, le phénomène, extrêmement bref et menaçant, est "accompagné de monceaux de foin que le vent emporte en tourbillons à une hauteur prodigieuse."

Les dégâts sont identifiés entre la Barbée et le cimetière de la commune, soit une trajectoire de 2 kilomètres selon un sens de déplacement de l'Ouest/Nord-Ouest vers l'Est/Sud-Est. La distance parcourue pourrait toutefois être supérieure, car ni le point de départ, ni le lieu de dissipation ne sont connus précisément.

A la Barbée, des cheminées sont renversées, des toitures mises à nu, soulevées ou brisées. Des branches d'arbres, tordues ou brisées, sont emportées dans le tourbillon comme du foin. De gros arbres eux-mêmes sont transportés à une distance de 50 à 60 mètres.

A la Maison des Champs, la tornade évite de peu la voiture du courrier de Fontenay à Damvix, qui a circulé quelques minutes plus tard. Dans le cimetière, le mur est dégarni et les tuiles arrachées avec force, puis transportées jusqu'à 300 mètres de distance, "comme si elles avaient des ailes". Quinze tombes sont renversées, coupées en deux ou trois morceaux et complètement brisées.

Aucun blessé n'est à déplorer suite à cette tornade, bien qu'elle ait traversé plusieurs maisons habitées.

Analyse de la situation météorologique

La situation météorologique du 8 février 1910 a pu être reconstituée à partir des données du programme de réanalyses "20th Century Reanalysis" mené par la NOAA, l'ESRL et le PSD (résolution 100 km). Les données fournies par ce programme permettent de reconstruire par modèle les conditions météorologiques à tous les niveaux de l'atmosphère à partir d'un nombre restreint de données d'observations. Les résultats sont certes à considérer avec une certaine prudence compte tenu des périodes reculées auxquelles ils s'appliquent, mais ils présentent un degré de fiabilité élevé qui permet une reconstruction pertinente de la plupart des épisodes météorologiques majeurs des 200 dernières années.

En complément, afin d'analyser plus en détail le contexte de méso-échelle, le modèle WRF-ARW 3 km a été déployé en version « reforecast » et initialisé sur REA20C avec les conditions du 07.02.1910 12Z. Dans le cas présent, la simulation obtenue présente une forte cohérence avec les observations réalisées à l'époque et fournit donc un scénario sans doute très proche de la réalité.

Il ressort de ces analyses que la France est soumise, le 8 février 1910, à un flux général de secteur nord-ouest, en lien avec l'enfoncement d'un axe de thalweg sur le centre du pays. La reconstitution des températures à l'étage moyen (ci-dessous à droite) laisse penser que des advections froides assez marquées ont dû gagner en journée une grande moitié nord de la France :


Une masse d'air polaire maritime gagne la France par les côtes de la Manche au fil de la journée (ci-dessous à gauche) et c'est ainsi une configuration de traîne active qui domine la journée au nord d'une ligne Aquitaine - Lorraine. L'ensemble est piloté par un axe dépressionnaire étiré de la Mer Baltique au Benelux et aux Pays de la Loire :


Le reforecast haute résolution confirme pour sa part la présence d'une instabilité de masse d'air froid modérée, notamment sur une grande moitié ouest du pays (ci-dessous à gauche). Les réflectivités produites par le modèle sont par ailleurs typiques d'une traîne active avec très fortes averses, notamment en Vendée (ci-dessous à droite) :



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