Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF1 à Caen (Calvados) le 4 mars 1912

Le 4 mars 1912 en cours de soirée, une tornade de faible intensité (EF1) traverse plusieurs quartiers du nord de l'agglomération de Caen, dans le Calvados. Le jardin des plantes et la nouvelle maison d'arrêt sont notamment parcourus par le tourbillon.

La tornade de Caen s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise au moins 3 cas pour la journée du 4 mars 1912 dans ce même département, dont la tornade EF1 du Molay-Littry et la tornade EF3 du Locheur. Un autre phénomène tourbillonnaire, classé en liste secondaire, est également fortement suspecté pour cette même journée à Beauvais, dans l'Oise.

Enfin, il est à noter que la ville de Caen est de nouveau frappée par une tornade d'intensité EF1 le 25 octobre 1937.
 

Principales caractéristiques de la tornade

Localisation de la tornade EF1 de Caen (Calvados) du 4 mars 1912intensité maximale : EF1, soit des vents estimés entre 135 km/h et 175 km/h
* distance parcourue : 7,5 kilomètres
* largeur moyenne : 80 mètres

* communes traversées : CAEN (nouvelle maison d'arrêt, calvaire Saint-Étienne, institution Saint-Pierre, jardin des plantes, rue de la Délivrande), HÉROUVILLE-SAINT-CLAIR (le Bourg), [COLOMBELLES]
* département : CALVADOS (14)
* altitude moyenne du terrain : 35 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés, territoires agricoles

* principaux dégâts : meule de foin renversée ; 2 poteaux électriques rompus ; mur intérieur de la maison d'arrêt renversé sur une largeur de 30 mètres ; toitures endommagées dont celle de l'institution Saint-Pierre, calvaire Saint-Étienne brisé ; de nombreux arbres déracinés ou brisés net, dont des essences séculaires du jardin des Plantes ; extrémité supérieure de la flèche de l'église d'Hérouville-Saint-Clair emportée
 
NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen. 
 

Trajectoire de la tornade

La trajectoire suivante apparaît comme un minimum et pourrait se prolonger au-delà d'Hérouville-Saint-Clair, puisque des dégâts venteux sont recensés entre cette dernière localité et Houlgate, toujours en ligne droite :

 

Plus de 25 kilomètres de dégâts en ligne droite

La tornade de Caen, tout comme celle du Molay-Littry et du Locheur survenues presque simultanément (voir paragraphe suivant), a fait l'objet d'un compte-rendu très détaillé publié dans la revue Cosmos (année 1912). Les conclusions sont complétées par une étude du Bulletin hebdomadaire de l’Association Scientifique de France (1912).

Le phénomène, survenu vers 19h00 locales, s'est formé à l'ouest de la nouvelle maison d'arrêt de Caen et présente les caractéristiques suivantes : " [...] Cette trombe, comme toutes celles qui ont été observées dans le Calvados, semblait descendre des nuages vers la terre, n'y parvenant que par places, d'où des ravages discontinus, tantôt au-dessus du sol, tantôt jusqu'à la surface." Après avoir brisé le calvaire Saint-Étienne, la tornade survole l'institution Saint-Pierre où elle endommage des toitures. Dans le jardin des plantes, le tourbillon brise des arbres, dont un cèdre plusieurs fois centenaire. Enfin, après avoir déraciné une dizaine d'arbres au niveau de la rue de la Délivrande, la tornade arrache l'extrémité supérieure de la flèche du clocher de l'église d'Hérouville-Saint-Clair et semble se dissiper vers la rivière de l'Orne

Les dégâts, observés sur une bande de terrain large de 80 mètres, relèvent d'une intensité EF1.

A noter que les investigations menées pour la tornade de Caen et publiées dans le revue Cosmos ne semblent pas coïncider avec les conclusions du bulletin hebdomadaire de l'association scientifique de France. En effet, dans cette dernière revue, des dégâts sont signalés en ligne droite entre Caen et Houlgate, soit sur une distance totale de 27 kilomètres. Mais faute d'éléments probants sur l'ensemble de la trajectoire frappée par le phénomène venteux, la distance parcourue par la tornade de Caen est limitée à la portion réellement enquêtée, soit 7,5 kilomètres.
 

Un outbreak potentiellement remarquable

La tornade de Caen du 4 mars 1912 survient dans un contexte dépressionnaire très instable sur la France. Ce flux perturbé est à l'origine de nombreux dégâts venteux le long des côtes de la Manche, en Champagne-Ardenne, en Poitou-Charentes et en Auvergne.

A l'échelle nationale, quatre tornades peuvent potentiellement être recensées durant cette journée exceptionnelle :

- une tornade d'intensité EF1 au Molay-Littry (Calvados) recensée en liste principale,
- une tornade d'intensité EF3 au Locheur (Calvados) recensée en liste principale,
- une tornade d'intensité EF1 à Caen (Calvados) recensée en liste principale,
- une tornade d'intensité EF2 fortement suspectée à Beauvais (Oise), où la vieille ville et le quartier de Marissel ont été touchés.
 
Dans le département du Calvados, plusieurs lignes orageuses destructrices (probablement des lignes de grains) presque simultanées se produisent en soirée. Accompagnées de chutes de grêle et d'une activité électrique significative, elles sont à l'origine des trois phénomènes tourbillonnaires précités. Les dégâts sont généralisés sur la moitié nord du département. Du Molay-Littry à Courseulles-sur-Mer, et de Caen à Houlgate, on signale des dégâts sur la végétation et les habitations.

La carte suivante illustre les principaux dégâts venteux (bandes jaunes) et les trois tornades (bandes rouges) recensés dans le Calvados au cours de la soirée du 4 mars 1912. On peut suspecter un prolongement des trajectoires des tornades du Molay-Littry et de Caen, mais cette hypothèse demande encore confirmation faute d'éléments probants :

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Ailleurs en France, des dégâts venteux sont observés dans les secteurs de 
Clermont (Oise), d'Hazebrouck et de Lille (Nord), de Charleville-Mézières (Ardennes), de Poitiers (Vienne) et de Montluçon (Allier).

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