Xavier DELORME - 7 juillet 2012 : quand l'orage fait peur à un chasseur d'orages

Une forte dégradation orageuse est annoncée pour la nuit entre l'Aube et l'Yonne. Il a fait d'ailleurs quelques degrés de plus que prévu sur la région l'après-midi. Je pars en fin de journée pour me rendre sur les hauteurs de Montgueux (10) où je commence à apercevoir les premiers signes d'instabilité au coucher du soleil:
 
 
 
Les premiers orages naissent sur le Centre et atteignent l'Est de Paris à la tombée de la nuit. Je monte le 85mm pour essayer quelques prises en espérant que ce ne sera pas les seuls clichés de la soirée:
 
 
 
Tout un front orageux s'organise et s'étend même dans l'Oise. Je suis même étonné de les voir s'illuminer de mon point de vue. J'étudie de nouveau les cartes météo et toujours rien de concret venant de l'Yonne qui pourrait m'intéresser pour la nuit. J'essaye de garder espoir:
 
 
 
Quelques impacts de foudre sur l'horizon parisien qui sont capturés avec l'aide du 85mm. Des départs pluvieux isolés commencent à se déclencher enfin sur l'Yonne. Une activité électrique y est détectée. Les festivités commencent enfin! Il faut juste que j'ajuste mon positionnement car ces cellules ne se dirigent pas sur Troyes mais plus vers Nogent-sur-Seine. Un coup d’oeil sur la carte routière et je fonce plein ouest:
 
 
 
Sur la route, mon côté sud commence à flasher et des chutes de foudre bien ramifiées sont vues! Je fais de nouveau un point météo et je me rends compte qu'une cellule orageuse se dirige vers Romilly-sur-Seine. Je regarde la carte routière: un point haut avec une usine est répertorié au sud de Romilly. Lors de la traque du 4 juillet, j'avais repéré cette usine près de Marigny-le-Châtel. Je décide de poser mes appareils là-bas et le choix a été judicieux, l'orage arrive plein cadre:
 
 
 

L'activité électrique est modérée et dans l'air sec. La fumée de l'usine se dirige vers l'orage... j'espère qu'elle ne va pas gâcher le spectacle:

 

L'orage approche et les impacts ne sont plus très loin. Les grondements se font très discrets. La fumée issue de la déshydratation de la luzerne filtre les impacts, cela donne des résultats inédits:

 

La base de la cellule s'illumine au-dessus de ma tête et la foudre frappe les champs derrière l'usine. C'est grandiose! Les appareils photo tournent à plein régime!

 

Quelques voitures viennent passer devant l'objectif, ce qui éclaire le premier plan pour mon plus grand bonheur. La fumée change de direction, je surveille ce qu'elle fait pour ne pas me retrouver dessous:

 

La fumée se fait aspirer par l'orage maintenant! Le risque de foudroiement dans la zone où je suis s'accentue:

 

L'orage glisse sagement derrière l'usine de déshydratation. Je me réfugie dans le coffre de la voiture, les premières gouttes de pluie viennent se coller sur le verre des optiques. Les grondements sont plus forts maintenant. Le ciel s'illumine au-dessus de moi:

 

La foudre frappe non loin de la voiture, le tonnerre tonitruant est quasi-instantané. Plusieurs impacts atteignent le sol à peine à 500/700m, c'est moins la joie dans la voiture que l'angoisse qu'un impact vienne juste devant moi:

 

Ce n'est pas devant moi mais dans le champ à droite et presque à 100m que la foudre frappera le sol. Elle est accompagnée d'un claquement effroyable. Heureusement, ce n'est que la seule chute de foudre qui est venue jusqu'ici. Le reste de l'activité électrique est capturé par le reflex:

 

Après ces fortes sensations, je retourne sur les hauteurs de Montgueux. J'arrive un peu tard et je ne récupère que les restes d'un orage de l'Yonne. Dommage, car cet orage était prometteur. C'est le seul impact que j'ai pu capturé, après ce ne sont que des éclairs sans grande valeur qui illuminent le ciel de Troyes:

 

Quant à l'orage de Marigny-le-Châtel, il s'évacue vers la Marne en lâchant encore de puissants coup de foudre.
Quelques cellules orageuses ont tenté de passer sur l'Aube sans être très électriques. Les premières lueurs du jour commencent à venir. Je rentre sur Chartres en passant par Paris. Les routes étaient parfois partiellement inondées. Tout au long de la route, j'ai repensé à ces impacts proches en me répétant que c'était une belle nuit alors qu'au début cela ne s'annonçait pas très prometteur: