Après une journée passée à scruter les modèles météo, qui semblaient peu prometteurs, j’ai décidé, avec deux chasseurs d’orages (Pierre et Pierre-Olivier) de nous positionner près de Soissons. En début de nuit, deux cellules très actives ont commencé à se développer, accompagnées de formations spectaculaires : mammatus et pileus coiffant les sommets des cumulonimbus, annonçant une activité électrique intense.
Notre position s’est révélée idéale pour observer une supercellule impressionnante. Nous avons pu admirer sa structure en rotation, avec un possible tuba. Pour éviter une nouvelle cellule orageuse se formant au sud, nous avons choisi de nous déplacer vers le nord.
Près de Senlis (60), après des sommets nuageux peu développés qui s’effondraient presque aussitôt formés, la situation a changé en soirée avec des développements brutaux, témoignant d’une forte instabilité persistante. Photo prise par Cieux Instables à 20H45.
Le développement de ces cellules est particulièrement marqué, d'où la formation de plusieurs beaux pileus, observés aussi bien sur la cellule de Compiègne (60) que sur celle de Saint-Denis (93) , ces fameux nuages en forme de bonnet. Ils témoignent d’un mouvement vertical intense et, dans le cas des cumulonimbus, peuvent annoncer des orages parfois violents. Pris en sandwich entre deux systèmes, nous décidons de devancer la cellule en nous dirigeant vers Soissons (02). Photo prise par Cieux Instables à 21H20.
Sur la route, nous trouvons un point de vue parfaitement dégagé à Chaudun (02). C’est à ce moment-là que tout bascule. Nous nous retrouvons entre deux cellules orageuses monstrueuses. Sur cette photo, tout s’accélère : la cellule adopte rapidement un caractère supercellulaire, avec la formation d’un mésocyclone et d’un mur de grêle, dont on distingue la teinte verdâtre caractéristique. À ses côtés, un magnifique impact de foudre complète la scène spectaculaire. Photo prise par Cieux Instables à 22H00.
Sur cette superposition de deux photos, on peut voir deux impacts de foudre en arrière-plan d’un mésocyclone qui s’approchait lentement de notre position. Photo prise par Cieux Instables à 22H10.
A partir de ce moment c’est le début d’un véritable déchaînement de foudre à proximité, juste à côté de ce sublime mésocyclone qui se renforce et continue de se rapprocher. L’ambiance devient de plus en plus lourde et sombre à mesure que la nuit tombe. Photo prise par Cieux Instables à 22H15.
Cette photo de Pierre-Olivier, similaire à celle présentée plus haut, met en valeur un ciel illuminé par la foudre, révélant un imposant nuage-mur s’étendant à l’horizon.
À 22H20, ce puissant et magnifique impact, capturé par Pierre, a provoqué un power flash en frappant une installation électrique. Une scène spectaculaire, illustrant toute la vigueur de cette supercellule.
Le mésocyclone, bien développé, nous frôle dans une ambiance digne des grandes plaines américaines. Un vent chaud se lève, accentuant encore la tension atmosphérique.
Pour cette photo, en premier plan le Monument de la Victoire de Chaudun (02) avec des mammatus au second plan qui annonce l'arrivée d'une nouvelle cellule sur le secteur. Nous décidons alors de fuir sa trajectoire. À 23H00. Une heure plus tard, une nouvelle cellule très active, contenant de la grêle, fonce droit sur nous. Alors que nous essayions de photographier un possible petit tuba en formation, après être sortis de la cellule, celle-ci nous rattrape. En réalité, elle avait changé de direction rapidement sans que nous nous en rendions compte, et se dirigeait droit sur nous. De gros grêlons, atteignant jusqu’à 4 cm de diamètre, commencent à tomber.
Nous cherchons aussitôt un abri pour protéger la voiture et trouvons refuge sous une station-service à Vic-sur-Aisne (02). À peine garés, un grondement sourd, semblable à celui d’un train, se fait entendre : la grêle s’abat avec une intensité impressionnante. D’autres véhicules n’ont pas eu notre chance : vitres brisées, carrosseries lourdement impactées. Une fois l’orage passé, l’odeur d’ozone est omniprésente. Nous partons alors à la recherche des plus gros grêlons, dont certains mesurent entre 3 et 5 cm. Un grand merci à mes collègues de chasse, Pierre Pierron et Pierre Olivier Castille, pour cette nuit inoubliable, sans qui tout cela n’aurait pas été possible. Peut-être le début d’une nouvelle aventure sur ces terres d’orages !