Le printemps 2025 présente un contraste remarquable entre les régions du nord et celles du sud sur le front des orages : peu d'orages, temps sec et à dominante anticyclonique au nord, et l'inverse au sud. Bilan complet.
Des orages remarquablement peu fréquents au nord
Sur les trois mois de printemps (mars à mai), on a comptabilisé en France 66 jours d'orage soit un score plus faible que le printemps 2024. Cette valeur correspond à un déficit de 2 jours par rapport à la moyenne. Au cours de ce trimestre, conformément à la climatologie, les mois ont été de plus en plus orageux en terme de fréquence.
Le département des Alpes-de-Haute-Provence arrive en tête et comptabilise 31 jours d'orage durant ce printemps. Il est suivi par les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées avec 30 jours, le Var avec 26 jours puis l'Ariège, la Haute-Garonne et les Pyrénées-Orientales avec 25 jours.
Plus on se dirige vers le nord, plus les occurrences faiblissent graduellement, puis plus brutalement entre la Charente-Maritime et le nord du Jura. En effet, on ne relève que 5 jours d'orage dans le Nord, le Pas-de-Calais, les Yvelines, le Calvados, la Haute-Marne ou l'Eure-et-Loir, ce qui est extrêmement faible pour un printemps. Ces faibles valeurs corroborent les déficits pluviométriques exceptionnels relevés cette saison sur l'extrême nord, en raison d'une récurrence de blocages anticycloniques et de flux continentaux secs et donc stériles au niveau instabilité.
Par rapport à la moyenne, le contraste nord/sud reste saisissant avec des déficits généralisés sur la moitié nord, parfois sévères avec des valeurs de -10 jours sur la Haute-Marne, -9 jours sur le Bas-Rhin et -8 jours sur le Cher, le Loir-et-Cher, la Meurthe-et-Moselle, la Moselle, le Nord ou les Vosges.
En allant vers le sud, on se dirige vers un printemps excédentaire sur le front des orages, avec des valeurs qui deviennent importantes en allant vers les frontières sud ou la Méditerranée. Ainsi, on enregistre un excédent de 10 jours sur les Hautes-Pyrénées, 9 jours sur les Alpes-de-Haute-Provence et 8 jours sur les Bouches-du-Rhône, les Pyrénées-Atlantiques ou le Tarn-et-Garonne.
Si l'on considère l'indice de sévérité orageuse (I.S.O.) moyen de ce printemps, le score ressort à 2.6, soit une valeur au-dessous de la moyenne de ces 15 dernières années, même si elle est assez naturellement réhaussée par les valeurs d'ISO enregistrées en mai.
On observe sur le graphique des ISO quotidiens une répartition à peu près similaire en mars et en avril (ce dernier mois ayant été peu actif). Le mois de mai a été plus orageux mais les épisodes, bien que réguliers, ont été rarement sévères (hormis les 3, 19/20 et 31 mai qui ressortent davantage).
Un printemps très contrasté
A échelle nationale, le printemps 2025 a présenté une instabilité légèrement déficitaire, avec une MUCAPE inférieure de 5% à la normale 1991-2020. Il rompt ainsi une série de printemps excédentaires, débutée avec le printemps 2022 (+109%) qui détient le record du printemps le plus instable en France depuis au moins 80 ans.
Cette situation proche de la normale témoigne d'une certaine continuité tout au long du printemps, avec une instabilité légèrement excédentaire en mars, suivie par des mois d'avril et mai légèrement déficitaires.
On note toutefois de fortes disparités géographiques, avec :
- des excédents marqués des Pyrénées à l'Auvergne et des Alpes à la Corse. Sur ces régions, l'excédent atteint fréquemment +20 à +40%, avec un maximum sur les Pyrénées-Orientales, qui enregistrent une instabilité deux fois plus forte que la normale (5ème printemps le plus instable depuis 1940) ;
- à l'inverse, des déficits marqués sur la moitié nord du pays, et notamment entre Nord et Pas-de-Calais où le déficit atteint -50% (printemps parmi les 20 moins instables depuis 1940), ainsi qu'aux abords des Vosges. De manière originale, le bassin parisien fait exception et constitue un isolat plus instable que la normale au coeur de cette zone déficitaire.
Les journées les plus instables du printemps 2025 ont été observées les 3, 14 et 31 mai.
Quels types de temps ont dominé durant ce printemps ?
La pression atmosphérique a été contrastée durant ce printemps 2025 : la France s'est en effet retrouvée dans la zone de contact entre des hautes pressions durablement positionnées à proximité des îles britanniques d'une part, et des basses pressions répétées à proximité du Portugal. Dans cette configuration, c'est un flux continental, sec et stable qui a prédominé au nord de la Loire, et à l'inverse des conditions perturbées et instables qui se sont fréquemment installées sur le sud de la France.
En altitude, la configuration a été similaire : on note la présence de bas géopotentiels répétés au large du Portugal, et des hauts géopotentiels réccurrents à proximité de l'Ecosse durant ce printemps 2025. L'anomalie basse de pression à proximité de la péninsule ibérique a produit des conditions anormalement humides et orageuses entre Espagne et Portugal, avec de fréquents débordements vers l'Aquitaine, l'Occitanie, l'Auvergne et les Alpes. Dans le même temps, les hauts géopotentiels britanniques ont systématiquement affaibli les intrusions perturbées qui gagnaient épisodiquement les régions du nord et du nord-est.
Dans cette configuration, les masses d'air en présence ont été plus douces que la normale sur tout le continent européen, à l'exception du Svalbard. Néanmoins, cet excédent a été marginal de l'Espagne au bassin méditerranéen ; la répétition des situations de goutte froide sur ces régions a en effet produit plusieurs séquences de temps frais, en particulier sur la péninsule ibérique.