La dégradation orageuse, évoluant dans un flux de sud-ouest, fait 3 victimes et d'importants dégâts dans la capitale.
Un système orageux venu du Loir-et-Cher
Le dimanche 30 mai 1999 a été marqué par un épisode orageux localement virulent sur le nord du pays, principalement en cours de matinée depuis le Centre jusqu'à l'Ile-de-France.
Un système orageux concerne en effet dès le début de journée la région Centre, où de fortes lames d'eau sont déjà observées en peu de temps : 26,7 mm à Droué (Loir-et-Cher), 29,0 mm à Bonneval et 28 mm à Chartres (Eure-et-Loir). S'y associe déjà un caractère fortement venteux, avec des rafales jusqu'à 97 km/h à Chartres.
Les orages progressent ensuite vers le nord-est et gagnent la région parisienne en fin de matinée. Les phénomènes sont alors violents aux abords de la capitale, et marqués par :
- des rafales de vent tempétueuses : on relève 101 km/h à la Tour Saint-Jacques, en plein coeur de Paris, et 112 km/h à l'aéroport du Bourget ;
- des pluies intenses : 28,2 mm à Saint-Antoine (Paris), 28,0 mm à Passy ou encore 26,0 mm à Lariboisière ;
- de la grêle est signalée entre autres aux Batignolles.
Les deux cartes ci-dessous (issues de la rubrique Climat) présentent les relevés pluviométriques effectués le 30 mai 1999. La carte générale permet d'identifier l'axe de déplacement des orages les plus actifs durant la matinée et la mi-journée, le long d'un axe Centre - Ile de France - Ardennes. Le zoom sur Paris confirme les très fortes pluies générées par ce système orageux lors de son passage sur la capitale.
Des dégâts importants et 3 personnes tuées
L'intensité des précipitations et les puissantes rafales de vent causent des dommages parfois spectaculaires :
- on déplore deux morts consécutifs à des chutes de branches survenues dans le Bois de Boulogne, à Paris ;
- un troisième décès est constaté à la suite de la chute d'une grue à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis ;
- jusqu'à 115 000 clients parisiens sont privés d'électricité durant les heures qui suivent le passage des orages ;
- des inondations de galeries souterraines sont observées, notamment dans le métro ;
- d'importants dégâts sont signalés au Musée de la marine à Paris, et "d'importantes chutes d'eau" sont rapportées par le quotidien Le Monde dans la grande galerie du musée, au Palais de Chaillot.
Un flux de sud-ouest rapide et instable
La journée du 30 mai 1999 est marquée sur la France par un rapide flux de sud-ouest, piloté par un minimum d'altitude positionné au large du Portugal. Une branche de jet est en position de Madère jusqu'à l'Espagne et au centre de la France, ce qui positionne l'Ile-de-France dans une configuration de sortie gauche bien diffluente (ci-dessous à gauche). Un thalweg secondaire remonte par ailleurs dans ce flux et aborde le nord du pays à la mi-journée (ci-dessous à droite). C'est ainsi une situation bien dynamique qui concerne en matinée les abords de la région parisienne.
En lien avec le thalweg d'altitude, des advections froides modérées s'organisent dans le flux à l'étage moyen (ci-dessous à gauche). Elles circulent en surplomb d'une masse d'air tropicale chaude et humide en basses couches (ci-dessous à droite), et contribuent ainsi à instabiliser fortement les profils verticaux, et ce dès le matin.
Au sol, les conditions sont faiblement dépressionnaires (ci-dessous à gauche), et un axe de thalweg s'étire à la mi-journée de l'Aquitaine au Nord - Pas de Calais, jusqu'à la Belgique et au nord de la Pologne. La convergence associée a de fait canalisé l'activité orageuse sur cet axe, d'autant que l'ensemble de la zone était soumise à des profils verticaux instables (ci-dessous à droite), avec 600 à 1200 J/kg de MUCAPE :
L'image satellite ci-dessous, dans le canal visible, montre la situation le 30 mai 1999 à 12h TU. On note l'évacuation d'un vaste système orageux vers le nord de la France et la Belgique. Des cellules orageuses vigoureuses prennent par ailleurs naissance sur le nord de l'Allemagne :