Observatoire français des tornades et orages violents

Episode orageux sévère le 14 juillet 2010

Un épisode orageux sévère a balayé le Nord et l'Est de la France le mercredi 14 juillet 2010. Deux jours après qu'un premier épisode a frappé les mêmes régions, une nouvelle dégradation organisée a généré de nombreux orages violents, surtout du Nord à la Champagne.

Sur les Ardennes, cet épisode n'est pas sans rappeler l'épisode orageux du 11 juillet 1984 qui s'était abattu notamment sur les Vosges, y provoquant des dégâts extrêmement sévères sur un couloir orienté Sud-Ouest/Nord-Est. Les dégâts furent toutefois encore plus sérieux en 1984.


Cet épisode fera l'objet d'une présentation lors du prochain séminaire KERAUNOS qui se tiendra à Lyon les 13 et 14 novembre 2010.

 

Observations terrain

+ un QLCS (Quasi Linear Convective System) provoque déjà de fortes rafales de vent, des chutes de grêle et d'abondantes précipitations entre le Loiret, l'Ile-de-France et l'Est de la Picardie en début d'après-midi ;

+ une structure de type bow-echo s'organise en milieu d'après-midi au sein du QLCS. Elle génère de violents fronts de rafales avec séries de macrorafales, qui affectent une bonne moitié Est du pays. Les violentes rafales de vent balaient ainsi les départements situés entre le Nord, la Champagne et la Lorraine, et de manière plus isolée sur la Bourgogne et l'Auvergne. Les rafales relevées par Météo-France atteignent par exemple 146 km/h à St-Hilaire-sur-Helpe (59), 126 km/h à Chouilly (51), 120 km/h à Saulces-Champenoises (08), 117 km/h à Rocroi (08), 115 km/h à Chalon (51), 111 km/h à Erneville (55), 109 km/h à Fontaine les Vervins (02), 108 km/h à Septsarges (55), 102 km/h à St-Dizier (52) et à Mathaux-Etape (10) et à Doncourt-les-Conflens (54). Au total, l'Observatoire a recensé 27 valeurs de vent conférant aux orages un caractère fort. Couplés aux chutes de grêle et inondations, les cas d'orages violents sont nombreux de l'Avesnois à la Champagne, et plus localement sur la Bourgogne ou l'Auvergne et l'Alsace.

+ des chutes de grêle, de 3 à 4 cm de diamètre, provoquent des dégâts dans l'Avesnois, entre Hautmont, Maubeuge et Neuf-Mesnil (59). Les dégâts sont jugés extrêmement importants en Sambre/Avesoins (routes effondrées, grêle, inondations, toitures et arbres arrachés, exploitations touchées ;

+ de nombreux dégâts sont observés à Origny-Sainte-Benoite et Chauny dans l'Aisne, où de nombreux orages violents se sont succédés (caves, habitations, rues inondées, toitures ou cheminées arrachés, véhicules endommagés)

+ le SDIS du département des Ardennes a été complètement débordé d'appels, auquel il a eu du mal à faire face en fin de journée. Routes inondées ou effondrées, toitures arrachées, arbres couchés, inondations, une grande partie du département a été touché par de violents orages. Le chateau de Sedan a été endommagé.

+ des dizaines de personnes ont été secourues sur le Lac du Der dans la Marne, où objets envolés par les violentes rafales et fortes pluies ont surpris les touristes et locaux ;

+ en Meurthe et Moselle, la toiture d'une école s'est envolée, sous de fortes précipitations à Tucquegnieux ;

+ des inondations provoquent des dégâts en région Parisienne. Des lames d'eau de 30 à 40 mm en 1h, dépassant parfois les 50 mm sur l'épisode sont enregistrées ;

+ une chute d'arbre blesse mortellement un homme de 38 ans, dans un camping de Côte d'Or ;

+ un gustnado est observé dans la Marne, au Nord de Reims, par Nicolas GAILLARD, chasseur d'orages :

 

 

MCS linéaire avec QLCS et Bow Echo générant des fronts de rafales avec macrorafales en série et gustnado

 L'image satellite visible de 18h TU ci-dessous met en évidence le système convectif de méso-échelle (MCS) massif et linéaire :

source Dundee

 

L'image radar de 14h TU ci-dessous illustre l'arrivée à maturité du bow-echo sur le Nord de la France. La structure file ensuite vers la Belgique en générant de violentes rafales. La partie Sud de la structure est moins bien organisée. L'ensemble peut encore être qualifié de QLCS (Quasi Linear Convective System) :

source Wetter24

 

L'image radar de 20 TU ci-dessous met en évidence un spectaculaire SLBE (Squall Line Bow Echo) de 1000 km, générant un très probable derecho. La structure s'est réorganisée et a pris naissance entre l'Alsace, la Suisse et l'Allemagne. Au nord du système, deux crochets sont visibles (probablement des MCV - Mesoscale Convective Vortex).

source Wetter24

 

Contexte météorologique et prévisions

Comme le 12 juillet dernier, une profonde anomalie de tropopause vient pivoter depuis l'Ouest de l'Espagne vers la France. Elle pilote un thalweg d'altitude dynamique, dans lequel évolue un front froid peu actif.
Le flux se redresse au Sud à l'avant de ce thalweg, advectant une masse d'air d'origine tropicale particulièrement chaude et instable sur une moitié Est du pays (points de rosée proches de 20 à 22°C, thêtaE supérieurs à 60°C). Les profils verticaux sont de fait dotés d'une forte instabilité (MUCAPE supérieure à 2500 J/kg - cf. champ ci-dessous-, MLCAPE supérieure à 1000 J/kg).

A l'approche du forçage d'altitude, une convergence de basse couche particulièrement marquée se met en place entre l'Est de Midi-Pyrénées, le Massif-Central et le Nord du pays. La configuration d'entrée droite/sortie gauche d'un puissant jet-streak tend à optimiser les conditions pour un creusement méso-dépressionnaire (cf. champs vent 900 hPa et Divergence à 300 hPa + Jet) qui circule ensuite du Massif-Central vers la Belgique dans l'après-midi.
De fait, l'environnement devient de plus en plus cisaillé, aussi bien dans les basses couches de l'atmosphère qu'en profondeur (30 m/s sur 0-6 km, 15 m/s sur 0-3 km et 10 m/s sur 0-1 km).

Ces conditions sont favorables au développement de structures très venteuses, de type bow-echo. Bien que le flux d'altitude demeure au final un peu trop rapide pour permettre à la structure convective de persister jusqu'à la Lorraine, le bow-echo parvient à générer des phénomènes violents du Nord à la Champagne. C'est entre l'Aisne, l'Avesnois et les Ardennes que la crête du système circule (engendrant de fait les plus violentes rafales jusqu'à près de 150 km/h).
A l'avant, du Massif-Central à la Bourgogne, de virulentes cellules grêligènes ont tout loisir de se développer dans l'axe de convergence des vents.

Au final, une réorganisation du bow-echo s'opère en Alsace, puis plus franchement sur l'Allemagne, où la structure atteint près de 1000 km de long (stade SLBE) capable d'engendrer un phénomène venteux de grande ampleur (possible derecho).

Le front froid, quant à lui, se réactive au contact de l'air chaud, entre le Centre et l'Ile-de-France. Il occasionne de fortes lames d'eau, dans un contexte riche en eau précipitable.
A l'arrière, un régime de traîne succède au front. De petits lignes multicellulaires parviennent à se développer dans une atmosphère toujours assez instable.

 

   

Run de WRF-8 km de 00z le 14/07/2010 - Champs de MUCAPE (à gauche) et Vent 900 hPa (à droite) pour 15z

 

 

Run de WRF-8 km de 00z le 14/07/2010 - Champs d'eau précipitable (à gauche) et précipitations 1h (à droite) pour 15z

 

   

Run de WRF-8 km de 00z le 14/07/2010 - Champs de Divergence à 300 hPa + Jet (à gauche) et convergence humide (à droite) pour 15z

 

Compte-tenu du potentiel rafaleux généralisé suggéré par l'ensemble des modèles de prévision l'Observatoire a émis une prévision le mercredi 14 juillet 2010 à 00h, réactualisée en mi-journée. Le niveau 4/4, maximal, indique un risque d'orages violents nombreux, capables de produire de violentes rafales, des chutes de grêle conséquentes et un ou plusieurs phénomènes tornadiques :

 

     

 

ZONE C - 3/4 - MULTI
La masse d'air advectée par le flux de Sud devient rapidement très instable (jusqu'à 2500-3000 J/kg pour la MUCAPE) du Massif-Central aux régions du Nord-Est. Des orages se déclenchent dans cet air chaud, en pré-frontal, à l'avant du front froid.
Un vigoureux jet de basse couche se met en place du Val de Saône au Nord-Est du pays, alors que le forçage d'altitude s'approche par l'Ouest. Une convergence des vents se constitue donc.
Dans le même temps, compte-tenu de la dynamique mise en jeu (Massif-Central soumis à la sortie gauche de jet), une méso-dépression se creuse. Elle remonte vers les Ardennes (inférieure à 1000 hPa) dans l'après-midi. L'environnement devient alors très cisaillé, aussi bien dans les basses couches (risque de tornade) qu'en profondeur.
L'ensemble de la zone semble sujette au passage d'un MCS virulent, avec structure type bow-echo. Une amorce supercellulaire isolée ne peut être exclue durant les premiers déclenchements convectifs.
Dans ces conditions, des rafales susceptibles de dépasser les 90 km/h sont à prévoir.
L'instabilité dans les couches moyennes (voisine ou supérieure à 1000 J/kg) laisse craindre un risque de grêle pouvant dépasser 2 à 3 cm, voire plus vers le Jura. Des orages très pluvieux pourront occasionner de fortes lames d'eau, de 30 à 40 mm en 1h localement, provoquant des inondations ponctuelles.

ZONE D - 4/4 - MULTI
La zone visée est soumise à un risque extrême au niveau des rafales de vent avec passage fortement probable d'un bow-echo, greffé sur l'entrée droite de jet-streak.
La "crête" du bow-echo, en pleine phase de maturité devrait balayer la zone dans le courant de l'après-midi.
Un phénomène tourbillonnaire est capable de venir s'y développer (près du point triple de la structure convective ainsi créee).
Au niveau dynamique, les cisaillements de basse couche s'intensifient nettement (10-15 m/s sur 0-1 km, 15-20 m/s sur 0-3 km). La circulation de la méso-dépression creusée depuis le Massif-Central contribue à cette accentuation des cisaillements.
Dans le même temps, les dites basses couches s'humidifient rapidement (mix ratio de 15 g/kg).
A l'arrivée du forçage principal, dans un contexte fortement divergent en altitude, le flux d'altitude est suffisamment faible pour favoriser l'organisation de la convection.
Une intrusion d'air sec (repérable sur les profils prévus jusqu'au niveau 500 hPa où le jet avoisine les 140 km/h), contribue à accroître le risque de violentes rafales destructrices.
Au passage du virulent MCS, des rafales supérieures à 120 ou 130 km/h pourront être relevées.
Durant la phase de constitution du système, le risque supercellulaire, bien qu'isolé, n'est pas exclu (SRH et EHI 0-3 km élevés).
Les profils verticaux sont évidemment fortement instables (MUCAPE de 2500 à 3000 J/kg, MLCAPE de 1200 J/kg, MULI de -8 à -9). Les couches moyennes sont dotées d'une CAPE de 1000 J/kg. Le risque de grêle > à 3 cm est donc réel.
Enfin, des lames d'eau > à 50 mm, tombant en 1 ou 2h de temps pourront être relevées, dans un contexte devenant très riche en eau précipitable (plus de 45 mm).
La partie la plus virulente du système évacue le pays vers la Belgique en fin d'après-midi, mais le risque d'orages forts persiste encore jusqu'en soirée.
La zone visée semble idéalement placée pour assister à la constitution d'un possible gros MCS (avec bow echo ou derecho) balayant ensuite le Benelux et l'Allemagne.

 

Photographies

+ deux clichés nous ont été transmis par Damien BROSSARD (©). Un magnifique arcus, de très longue dimension a balayé Saint-Léonard-en-Beauce dans le Loir-et-Cher vers 9h10 TU :

 

+ la route d'Hautmont à Maubeuge effondrée dans l'Avesnois (La Voix du Nord).

 

+ gros grêlons à Maubeuge sous le passage de la crête du bow-echo (photographie legacy59) :

 

+ impact de foudre à Beaune (photographie louis21) :

 

+ capture vidéo d'un impact de foudre en Côte d'Or (vidéo Jean PERRIN et Adrien RAVERA) :

 

+ arrivée de l'arcus avec front de rafales à Marpent près de Hautmont (59) - Photographie Alan JENARD :

 

+ arrivée de l'arcus avec front de rafales à Maubeuge (59) vers 15h25  - Photographie Michel VERLINDEN :

 

+ dégâts du au vent à Metz en Moselle (photographie Michael SAUCE) :

 

+ dommages consécutifs à une très violente microrafale sur la commune de Daigny (Ardennes). Aucun arbre n'a été épargné dans une zone large de 150 mètres et longue de 500 mètres environ. Les abords de cette zone frappée sont intacts (crédit photo : (c) Laurent LE MEN) :

 

+ dans les Ardennes, dommages sévères infligés par les macrorafales et microrafales en rotor (photographies issues du groupe Facebook "Tempête du 14/07/10 dans les Ardennes" :

 

 

+ rafales de vent destructrices également signalées dans la Nièvre, à proximité de Château-Chinon (crédit photo : (c) Matthieu DEVIGNE) :

 

Revue de presse

Bourg-Fidèle : "du jamais-vu"
source : L'Ardennais

Aucune commune située dans le couloir de la tempête n'a été épargnée. Bourg-Fidèle en fait malheureusement partie. Là aussi, les habitants ont eu une grosse frayeur.
« Je l'ai vu, c'était une tornade ! », affirme un Bourquin, qui a vu, depuis sa fenêtre, passer des arbres dans un sens puis dans un autre, tourbillonnant autour de sa maison. « C'est du jamais vu ! », confirme le maire Eric Andry, qui se trouvait dans la salle des fêtes Antoine-de-Croy avec une centaine de personnes pour le repas du 14-Juillet avec les anciens combattants, lorsque la tornade est arrivée. Il raconte : « La cheminée est tombée sur le toit. L'eau ruisselait jusqu'au milieu de la piste de danse et des plaques du plafond s'effondraient. Heureusement aucun blessé n'est à déplorer. Mais nous avons eu très peur ». Sur 300 foyers, plus de 200 ont été touchés.
Le village compte également de nombreux dégâts. Comme partout où elle est passée, la tempête laisse derrière elle un paysage de désolation. Des toitures, des abris de jardins, des toits de garages se sont envolés. De nombreux grands et vieux arbres ont aussi été déracinés, témoignant de la violence des rafales. Une maison s'est retrouvée enchevêtrée par la végétation. Impressionnant.
Dans le bois Rabadet, environ 200 hectares d'arbres ont été balayés, au bois de triage d'Harcy, c'est à peu près 300 ha et une cinquantaine d'hectares au bois de Péchenard. Metal Blanc a également beaucoup souffert. Entre 500 et 600 m2 de sa toiture a été arrachée. « Les appareils de mesure d'air ont été pulvérisés. Les barrières pour les garages à vélo ont été retournées et se sont retrouvées cent mètres plus loin, sur le boulodrome », constate Eric Andry. Pour l'heure, l'entreprise a été obligée d'arrêter l'activité et envisage de mettre au chômage partiel ses employés à partir de lundi, en attendant de réparer. Les Bourquins pourront trouver en mairie une attestation de sinistre, à faire valoir pour les assurances. Eric Andry a également fait la demande de la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle auprès des services de l'Etat.

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Xavier Pierre a tout perdu pendant la tempête
source : L'Ardennais

La tornade a dévasté trois maisons sur son passage. L'une d'elle, rue Victor-Hugo abritait une famille, avec deux enfants. Aujourd'hui, ils sont sans domicile.
«J'ai tout perdu, j'ai tout perdu, ma maison ! », répétait de manière frénétique Xavier Pierre, quelques minutes seulement après le passage de la tempête. Toute la famille était affairée dans le salon et la salle à manger, au moment du premier coup de vent. Heureusement, ils ont eu la présence d'esprit de ne pas bouger et d'attendre que ça passe. Mais le traumatisme est là. « À quelques minutes près, mon enfant aurait pu être sous les gravats. Ca a bien secoué, comme un tremblement de terre. Le mur et le plancher ont été coupés en deux », raconte Xavier Pierre, encore sous le coup de l'émotion. Choquée par la violence des bourrasques de vent et par l'ampleur des dégâts, la famille a été rapidement prise en charge par les sapeurs-pompiers. « Ils nous ont apportés du réconfort. ça nous a faits du bien. Mais j'ai quand même tout perdu », se tourmente le jeune papa.
Depuis la rue, le constat est effroyable. La maison, refaite récemment, s'est littéralement effondrée sur elle-même et forme maintenant comme une grande crevasse. De l'intérieur, c'est pire. Les chambres, la salle de bain donnent à ciel ouvert, une vision apocalyptique. Impossible, évidemment, de réinvestir les lieux. La première nuit, ils ont donc été accueillis par la sœur de Xavier.
« Nous avons dormi sur un matelas, par terre. Avoir un toit, c'est déjà ça », souligne sa compagne. Dès le lendemain, ils ont entrepris des recherches de logement. Mais le peu de proposition qui leur a été faite, ne pouvait décemment pas convenir à la famille. Alors, en attendant, des Revinois leur ont gentiment offert de venir habiter chez eux, pendant leur absence. Des amis, des proches, des connaissances sont naturellement venus à leur rencontre, pour leur apporter aide et soutien, notamment pour l'habillement des enfants.
« Ca, nous touche énormément », confie Xavier Pierre, qui en même temps, a dû s'occuper de prévenir tous les participants du vide-greniers, que ce dernier n'aura pas lieu. Président de l'association Anim'Disco, organisatrice du vide-greniers, Xavier Pierre s'était énormément impliqué dans la réussite de cette manifestation. Mais d'autres priorités l'attendent.
Toute la famille espère maintenant pouvoir retrouver calme et sérénité, dans un nouveau logement.

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Le toit du château de Sedan arraché
source : L'Ardennais

Funeste 14 Juillet que celui-là ! Tout avait pourtant bien commencé jusqu'à ce terrible coup de vent qui, vers 16 h 30, a eu raison du toit du château fort. Pas moins de 1 200 m2 de toiture (la partie située au-dessus du musée et de sa réserve) ont été arrachés, avant de s'écraser dans la cour centrale. C'est un miracle si l'on ne déplore qu'un seul blessé, en l'occurrence, Antoine Huyghe, le fauconnier, qui a été touché à la tête par une planche, alors qu'il allait précipitamment récupérer ses oiseaux pour les mettre à l'abri. L'un des rapaces a d'ailleurs été tué. Sur place, le maire de Sedan, Didier Herbillon, accompagné de nombreux adjoints et conseillers, était complètement abattu par ce terrible coup du sort qui survient en pleine saison touristique. « Je n'ose même pas imaginer ce qui se serait passé si le spectacle de fauconnerie avait eu lieu » devait-il déclarer « à chaud », au milieu d'un décor d'apocalypse. L'espace réservé aux démonstrations de vols de rapaces a en effet été partiellement dévasté par cette « tempête éclair ». Par chance, il n'y a pas de représentation le mercredi. Aussitôt, une vingtaine de sapeurs-pompiers étaient dépêchés sur les lieux. Assistés des élus et du personnel de la Ville, ils ont d'abord vidé le musée et sa réserve, qui était à ciel ouvert, de toutes les pièces de collection ; tableaux, tapisseries, sculptures, bronzes, armes, faïences… « J'ai vu des nuages noirs se mettre à tourner très vite au-dessus du château et au milieu on voyait très bien une sorte d'œil de couleur laiteuse. Comme une mini-tornade… Ça a duré trois ou quatre minutes en tout et pour tout. Ça s'est mis à souffler brusquement, on a juste eu le temps de rentrer à l'intérieur, et tout s'est envolé. Ça a fait un énorme nuage de poussière… On ne voyait plus rien », raconte Marylène Leterrier, qui a ce moment là sortait de la salle des Trésors.
Ce matin, une réunion de crise est prévue avec la sous-préfète. Le château est fermé jusqu'à nouvel ordre.

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A Revin : "On se serait cru en guerre"
source : L'Ardennais

En une dizaine de minutes, la tempête a tout balayé sur son passage. Une dizaine de minutes qui ont paru une éternité pour certains Revinois. Aux alentours de 16 heures, hier après-midi, surviennent les premiers gros coups de vent, accompagnés de pluies diluviennes. Juste le temps de se mettre à l'abri et de voir passer l'orage. « J'allais fermer mes fenêtres au moment où elle est arrivée. J'ai vu passer des branches, des objets. On aurait dit une tornade », raconte, consternée, Mme Croyet des Broutays. « C'était impressionnant. La violence était telle que mon mari, pompier, a dû tenir la porte d'entrée, fermement, car elle tremblait », témoigne l'une des voisines, Mme Dos Santos, dont la toiture de la maison, récemment refaite à la suite de la tempête de février, venait de s'envoler à nouveau. Les arbres ont été arrachés, une caravane a volé, des toitures se sont effondrées, des maisons sérieusement endommagées et des voitures abîmées. Aucun quartier n'a été épargné : La Bouverie, Saint-Nicolas, Campagne, et le centre-ville. Digne d'un véritable scénario de film catastrophe, cette tempête laisse derrière elle, effroi et désolation. « C'est pire que 1999, c'est vraiment la première fois que je vois ça. On se serait cru en guerre », confie, estomaqué, François, un habitant du quartier Saint-Nicolas, l'un des plus touchés. Sa cheminée n'a pas résisté, et s'est retrouvée encastrée sur le toit de sa véranda. Demain, il sera l'heure de dresser le bilan et pour la commune de panser les nombreuses plaies causées par cette catastrophe naturelle exceptionnelle.