Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF1 à Lyon (Rhône) le 6 janvier 1906

Le 6 janvier 1906, après une courte averse de grêle, une tornade de faible intensité (EF1) touche l'usine à gaz de Perrache (Lyon, Rhône) située le long des quais de Saône. Le phénomène se distingue par son extrême brièveté.
  

Principales caractéristiques de la tornade

Localisation de la tornade de Lyon (69) du 6 janvier 1906intensité maximale :  EF1, soit des vents estimés entre 135 km/h et 175 km/h
* distance parcourue : 200 mètres
* largeur moyenne : 40 mètres

* commune touchée : LYON (la Saône, quai Rambaud, cours Bayard, II)
* département : RHÔNE (69)
* altitude moyenne du terrain : 165 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés ; surfaces en eau

* principaux dégâts : plusieurs feuilles de zinc arrachées sur un bateau-ponton ; grosses branches cassées sur des platanes ; un platane déraciné ; toiture en ardoises enlevée sur deux faces ; vitre brisée ; couronnement en zinc (chéneau) constitué de plaques de plus de 0,80 mètre de largeur, arraché et jeté sur un toit et sur le sol ; ardoises emportées et certaines éparpillées jusqu'à 300 mètres de distance 
 
NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
  

Parcours de la tornade

                        

Un bref contact au sol

La tornade de Lyon du 6 janvier 1906 a fait l'objet d'une publication très détaillée à l'Académie des Sciences (1906, volume 142). Les éléments contenus dans l'ouvrage permettent d'attester d'un phénomène d'intensité EF1, sur une trajectoire de 200 mètres et une largeur de 40 mètres, exclusivement dans le périmètre de l'usine à gaz de Perrache
 
MÉTÉOROLOGIE. — Sur une trombe de très petites dimensions. Note de M. M. LUIZET, présentée par M. Mascart.

Dans l'après-midi du 6 janvier dernier, après plusieurs journées caractérisées par un vent du Sud assez fort et une température supérieure à la normale, une trombe, intéressante surtout par ses faibles dimensions, a atteint l'usine à gaz située sur la rive gauche de la Saône, dans la presqu'île de Perrache, au pied de la colline de Sainte-Foy.

M. Craponne, ingénieur principal de la Compagnie du gaz, qui nous a signalé ce météore, a eu l'obligeance de nous en remettre une description détaillée, que j'ai vérifiée sur place et dont voici les passages les plus saillants.

« Vers 3h35 du soir, 10 minutes environ après une faible chute de grêle, précédée elle-même d'un coup de tonnerre, un coup de vent formidable et subit a produit une nuit de poussière sur tout le quai Rambaud, dans les cours de l'usine à gaz, sur le cours Bayard et l'on a entendu aussitôt une véritable grêle de sable, de gravier, de brindilles de bois taper dans les fenêtres avec une violence telle que chacun de nous a cru à l'explosion de quelque chaudière, ou à un accident de cet ordre. Ce coup de vent n'a duré que 5 ou 6 secondes tout au plus, mais il a suffi pour commettre de grands dégâts dans un espace relativement restreint et bien déterminé. »

Les premiers effets de cette trombe se sont fait sentir sur la Saône elle-même, qui coule en cet endroit du NNE au SSW : « Un bateau-ponton, amarré au quai Rambaud, a eu plusieurs feuilles de zinc de sa toiture arrachées. Tout à côté, sur une largeur de 30 m environ, les arbres du quai ont été violemment attaqués et l'un des plus beaux platanes a été complètement déraciné ; ses voisins immédiats ont été tellement ébranlés qu'on pouvait voir dans le sol, autour de leur tronc, un espace libre de 2 cm et plusieurs d'entre eux ont eu de grosses branches cassées. Un peu plus loin, une maison d'habitation de l'usine, située au coin du quai Rambaud et du cours Bayard et dont les faces sont à peu près orientées WNW-ESE et NNE-SSW, a eu sa toiture d'ardoise enlevée sur les deux faces sud et ouest ; un couronnement en zinc formant chéneau et constitué de plaques de plus de 0,80 m de largeur a été arraché et jeté sur le toit et sur le sol ; en outre une vitre de la face sud a été brisée. Des ardoises ont été lancées sur l'arsenal, situé de l'autre côté du cours Bayard, où elles ont brisé un grand nombre de carreaux de vitres et des tuiles, d'autres ont été éparpillées sur le quai sur une longueur de plus de 300 m. Un fait singulier est que l'arsenal n'a subi d'autres dégâts que ceux occasionnés par les projectiles issus de la maison dont il vient d'être question. Au-delà de l'arsenal on ne trouve plus trace du phénomène dans la direction WSW-ENE qui paraît être celle de sa courte trajectoire. »

En largeur, le tourbillon est nettement limité sur la gauche par l'empreinte qu'il a laissée sur un trottoir du quai : en effet, à droite d'une ligne dirigée de WSW à ENE, le trottoir était propre comme s'il avait été balayé avec soin, tandis que, à gauche de cette ligne, il était au contraire couvert de débris de toutes sortes. Sur la droite de la trajectoire, la limite est moins nette : quelques tuiles ont en effet été arrachées sur certains bâtiments de l'usine à gaz mais, dans un bureau situé à 20 m environ à l'est de la maison qui a été dégradée, se trouvait un baromètre Richard qui n'a enregistré aucune variation au moment de la tourmente ; ce baromètre se trouvait donc en dehors de la trombe, ce qui permet d'assigner à cette dernière une largeur de 40 m au plus. Il est à remarquer que, dans l'espace où l'on constate des dégâts, on trouve, à côté de choses très résistantes qui ont été détériorées ou enlevées, des objets relativement légers, tels que des tuiles sur un mur, de jeunes arbres, des paillassons sur une serre, etc., qui n'ont été ni déplacés ni endommagés. »

D'autre part, l'observatoire de Saint-Genis-Laval situé à 6 km environ au sud-ouest de l'usine à gaz de Perrache, a été atteint à 3h35 par un grain orageux, caractérisé par une rotation rapide de la girouette de SSE à WNW, accompagnée d'un coup de vent de 15m par seconde et d'une hausse barométrique brusque de 1,2 mm. Une dizaine de minutes avant l'arrivée de ce grain, on avait entendu le tonnerre dans les régions nord.

La trombe pour ainsi dire infinitésimale (40 m de large) que nous venons de décrire paraît donc avoir pris naissance au moment où la ligne de grains quittait les sommets de la colline de Sainte-Foy pour descendre sur la presqu'île de Perrache ; son énergie s'est d'ailleurs bien vite dépensée et elle n'a pas sévi sur une longueur de plus de 150 m.
 
 

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