Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF3 à Longchamp (Côte-d'Or) le 7 août 1948

Le 7 août 1948 en fin d'après-midi, une tornade de forte intensité (EF3) ravage le village et la forêt domaniale de Longchamp (Côte-d'Or). Plus de 150 maisons, ainsi que les installations de la faïencerie, sont sérieusement atteintes.

Fait inédit, la commune de Longchamp avait déjà été frappée par une tornade EF2 le 6 octobre 1892, quasiment au même emplacement. Ce fait exceptionnel ne se rencontre que très rarement parmi les tornades recensées en France. 
  

Principales caractéristiques de la tornade

Localisation de la tornade de Longchamp (21) du 7 août 1948intensité maximale : EF3, soit des vents estimés entre 220 km/h et 270 km/h
* distance parcourue : 12,5 kilomètres (distance minimale certaine)
* largeur moyenne : 150 mètres

* communes traversées : BEIRE-LE-FORT (voie de chemin de fer, forêt domaniale de Longchamp) ; LONGCHAMP (bois de Chardenois, village, forêt domaniale de Longchamp) ; TELLECEY (forêt domaniale de Saint-Léger) ; LAMARCHE-SUR-SAÔNE (forêt communale) ; SAINT-LÉGER-TRIEY (forêt domaniale de Saint-Léger)
* département : CÔTE-D'OR (21)
* altitude moyenne du terrain : 205 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés, territoires agricoles, forêts et milieux semi-naturels

* principaux dégâts : arbres arrachés, tordus ou sectionnés ; tranchée de 150 mètres de large dans la forêt (arbres arrachés et projetés à 10 mètres) ; poteaux électriques arrachés ; toitures soulevées ou arrachées ; cheminées abattues ; cloisons soufflées ; murs lézardés ; portes et fenêtres arrachées de leurs gonds ; vitres cassées et centaines d’objets projetés à distance ;  église endommagée (toiture arrachée, vitraux brisés) ; bâtiments communaux atteints ; chevaux et vaches enlevés et jetés dans les prés voisins ; installations de la faïencerie atteintes

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
 

Trajectoire de la tornade

 X

X

155 habitations sinistrées et des animaux happés par le tourbillon

La tornade de Longchamp du 7 août 1948 a pu être reconstituée à l’appui de témoignages et d’articles de presse parus quelques jours après l’événement. L’analyse effectuée par Keraunos s’appuie également sur le bulletin n°6 (septembre 2010) du Chardenois, journal édité par Philippe Moisand.

Le phénomène, venu de Longeault et décrit comme une « colonne tourbillonnante » par certains témoins, parcourt tout le massif forestier compris entre Beire-le-Fort et Longchamp : « la forêt qui se trouve entre Beire-Le-Fort et Longchamp a été littéralement déboisée sur une distance de 10 kilomètres […]» [Le Monde du 9 août 1948].

Sur une largeur de 150 mètres [’Est Républicain du 10 août], cohérente avec l’analyse des dommages dans le village de Longchamp où 155 maisons sont sinistrées, la tornade ouvre une véritable tranchée dans la forêt domaniale où les arbres les plus gros sont arrachés et projetés à plusieurs dizaines de mètres

Dans le village de Longchamp, on ne compte plus les poteaux électriques arrachés, les toitures soulevées ou arrachées, les cheminées abattues, les cloisons soufflées, les murs lézardés, les portes et les fenêtres arrachées de leurs gonds, les vitres cassées et des centaines d’objets projetés à distance, dans les rues et les jardins. Parmi les bâtiments atteints, on cite l'église, dont la toiture et les chéneaux sont arrachés, et les vitraux brisés. L’école des filles, la cure, les lavoirs et la poste subissent également des dommages importants.

Les installations de la Faïencerie de Longchamp sont également dévastées par le phénomène : bureaux, hangars, maisons ouvrières, fours, magasins sont les plus atteints. Dans le parc du château voisin, les plus belles essences d'arbres sont arrachées, tordues ou sectionnées. Un témoin affirme même avoir vu, dans le village, le houppier d'un marronnier arraché par le vent et emporté à distance, pour atterrir dans la vitrine d'un café. Plus remarquable encore, des veaux, des vaches et des chevaux sont happés par la tornade et jetés dans les prés voisin ; à Longchamp même, ce fait est avéré par un témoin qui voit des bêtes s'envoler et atterrir sur l'autre rive de l'Arnison.

Enfin, en amont de Longchamp, suite à la chute d'une ligne à haute tension, des trains ont dû être stoppés sur les voies à hauteur de Beire-le-Fort.

En l'absence d'enquête de terrain approfondie en dehors du périmètre du massif forestier, la trajectoire certaine pour la tornade de Longchamp du 7 août 1948 représente au moins 12,5 kilomètres. Elle apparaît comme un minimum et pourrait être supérieure. Les dommages relèvent ponctuellement d'une intensité EF3 compte tenu des projections à distance et des effets produits sur les êtres vivants, bien que personne n'ait été blessé.

A la suite de la tornade, les pertes subies sont évaluées à 17 millions de Francs, ce qui est considérable à l'échelle de la commune.
X
X

Une tornade EF2 traverse déjà Longchamp en 1892

Longchamp fait partie de l'une des rares localités françaises à avoir été touchée par une tornade à plusieurs reprises : le 6 octobre 1892 (intensité EF2) et le 7 août 1948 (intensité EF3). 
 
Ce fait, qui n'est pas exceptionnel en soit et qui se vérifie dans plusieurs communes françaises (une vingtaine en tout), est plus remarquable dans le cas de Longchamp, car la trajectoire empruntée est, à quelques centaines de mètres près, rigoureusement identique. On note toutefois qu'en 1892, le phénomène avait parcouru une distance supérieure et épargné le centre du village.
 
Les causes de ce double événement restent indéterminées, car rien ne permet de prouver que la nature du terrain ou la topographie (massif forestier dans le cas de Longchamp) peuvent avoir entièrement favorisé la formation d'une tornade à deux reprises et dans les mêmes circonstances. Nous notons toutefois que d'autres lieux ont déjà été frappés de la même manière : la vallée de Joux (Jura) probablement favorable à un cisaillement local, ou la ville de Sète (Hérault) dont l'environnement immédiat pourrait être influencé par le Mont Saint-Clair

En savoir plus sur les tornades