Observatoire français des tornades et orages violents

Violents orages de grêle le 6 juillet sur le centre-est du pays

Des orages violents, dont plusieurs supercellules, ont balayé en fin d'après-midi et en soirée le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, la Loire, le Rhône, la Drôme et l'Isère, en produisant de fortes chutes de grêle et des pluies intenses.



Chutes de foudre en Isère, au sud de Grenoble, le 6 juillet 2019 - Photo Janis Brossard.

Violentes chutes de grêle et forte activité électrique

L'approche d'un système dépressionnaire d'altitude par le Portugal a généré dès le soir du 5 juillet une première salve d'orages sur le Massif Central d'une part, et sur le nord de la Charente d'autre part, où une supercellule active, marquée par un split, a transité durant environ une heure.
En deuxième partie de nuit suivante, soit avant l'aube du 6 juillet, un nouveau système orageux s'est initié sur le nord de l'Aquitaine. Très électriques et producteurs localement de grêle, ces orages sont remontés en début de matinée vers le Limousin, puis l'Auvergne et la Franche-Comté en cours de matinée. Ce système convectif de méso-échelle (MCS) a provoqué quelques fortes rafales de vent aux abords de la vallée du Rhône.

Ces premiers systèmes orageux précurseurs ont été suivis par quelques heures d'éclaircies durant l'après-midi du 6 juillet, permettant une hausse rapide des températures et une reconstitution de l'instabilité latente sur les régions centrales du pays. C'est en milieu d'après-midi que l'activité orageuse a repris avec force sur les départements du Puy-de-Dôme et de la Haute-Loire. Les cellules se sont organisées préférentiellement sous forme supercellulaire, avant de progresser vers l'est et de balayer la Loire, le Rhône, l'Ardèche, la Drôme et l'Isère. Plusieurs splits ont été observés, avec des moteurs droit et gauche durables et producteurs de violentes chutes de grêle. C'est notamment le département de la Loire et l'ouest du Rhône qui ont subi les chutes de grêle les plus intenses, avec des diamètres maximum qui ont dépassé ponctuellement 5 cm, et même atteint 9 cm localement.
En soirée, d'autres foyers orageux très actifs se sont constitués sur le Centre et le nord de l'Auvergne, avant de gagner la Franche-Comté en début de nuit.

L'animation radar ci-dessous met bien en évidence cette offensive orageuse violente, avec plusieurs supercellules identifiables.
Ces orages ont produit une forte activité électrique, avec plus de 73.000 éclairs détectés en 24 heures, ce qui fait de ce 6 juillet la journée la plus foudroyée depuis le début de l'année 2019. C'est le département de la Saône-et-Loire qui a reçu le plus grand nombre de décharges électriques (5400), suivi par la Dordogne (5095) et la Creuse (4752).



Un flux de sud-ouest rapide et instable

Cette situation orageuse active s'est mise en place au sein d'un rapide flux de sud-ouest circulant entre un cut-off positionné au large du Portugal et une dorsale étirée de l'Algérie à l'Italie. On note une légère ondulation du flux de haute altitude au nord du Massif Central en fin de journée (ci-dessous à gauche) ; celle-ci a renforcé la diffluence dans les couches supérieures de la troposphère et généré un contexte de soulèvement dynamique à échelle synoptique de l'Auvergne à la vallée du Rhône. L'analyse du champ de température à 500 hPa (vers 5.500 mètres) témoigne par ailleurs de la circulation d'un discret thalweg thermique au même moment sur ces régions (ci-dessous à droite) :


La masse d'air en présence près du sol était caractérisée par une forte disponibilité en chaleur et en humidité, comme en témoignent les hautes valeurs de thêta'w modélisées à 850 hPa (ci-dessous à gauche). L'instabilité latente résultante a dès lors été forte, avec des valeurs de MUCAPE souvent proches de 2000 J/kg (ci-dessous à droite) :


Les cisaillements profonds, assez marqués (ci-dessous à gauche), ont favorisé les structures convectives durables, sous forme multicellulaire ou supercellulaire. Les supercellules observées durant cet épisode se sont développées pour l'essentiel entre Auvergne et Rhône-Alpes, là où circulaient des noyaux de forte hélicité relative en fin de journée (ci-dessous à droite) :



Photographies

Les clichés de cette journée du 1er juillet sont présentés ci-dessous :