Observatoire français des tornades et orages violents

Bilan de l'activité orageuse de l'été 2018

La compilation des données kérauniques de l'été 2018 est achevée, un bilan de l'activité orageuse observée au cours des mois de juin, juillet et août 2018 peut être établi. Cet été 2018 se révèle extrêmement orageux, le plus orageux de ces 9 dernières années dans le sud.


Arcus le soir du 4 juillet en Gironde - Lum photographie

Un été extrêmement orageux dans le sud

L'été 2018 a connu une activité orageuse bien plus fréquente que la moyenne des étés précédents. Le nombre de jours avec orage est en nette hausse par rapport à l'été 2017. Ainsi, 90 jours d'orage ont été enregistrés, soit une valeur très supérieure à la moyenne 2009-2017
Au total, 98% des journées estivales ont été orageuses sur le territoire français, soit une valeur jamais observée depuis le début des relevés en 2009.

Malgré une activité globale très soutenue, l'activité orageuse s'est révélée irrégulière et a progressivement décliné au fil de l'été. Ainsi, après un mois de juin conforme à ces dernières années, les orages ont commencé à devenir moins fréquents en juillet, surtout sur le quart nord-ouest, et encore moins fréquents en août avec un déficit d'orages généralisé.

D'une manière relativement classique en cette saison, on rencontre un nombre maximal de jours avec orage près des reliefs, tandis qu'une activité orageuse plus irrégulière est constatée en allant vers la Bretagne. Contrairement à l'été dernier, et de manière plus conforme à la climatologie, les Alpes du Sud ont connu des orages très fréquents. C'est en effet sur les Alpes-Maritimes que les orages ont été les plus fréquents avec 70 jours. Suivent ensuite les Pyrénées-Orientales avec 59 jours, les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence avec 58 jours, la Drôme, l'Isère et le Var avec 55 jours. A l'inverse, seulement 9 à 12 jours ont été comptabilisés en région parisienne, et de manière plus classique (bien que la valeur soit élevée), 15 jours dans le Morbihan.
 
Si l'on confronte ces données à la moyenne 2009/2017, on remarque que la fréquence des orages cet été présente une anomalie marquée à l'échelle nationale (+12 jours). 
On observe à l'échelle départementale un excédent exceptionnel de +31 jours sur le Var, la Corse-du-Sud et les Alpes-Maritimes, de +28 jours sur les Bouches-du-Rhône. D'une manière générale, toute la moitié sud enregistre un excédent de +15 jours d'orage au moins. A contrario, l'excédent est peu important dans le nord avec à peine +1 jour sur le Pas-de-Calais et l'on note même un déficit sur le bassin parisien et la Seine-Maritime.
 
Nombre de jours avec orages durant l'été et écart à la moyenne 2009/2017 (c) KERAUNOS
 
  

Une instabilité record sur le sud du pays

A échelle nationale, cet été 2018 a été exceptionnellement instable, avec une MUCAPE près de deux fois supérieure à la normale (+91% exactement) ; il se positionne de fait en 2ème rang des étés les plus instables en France depuis la fin des années 1940, juste derrière l’été 1983, qui conserve sa première position.

Cet excédent d’instabilité latente est particulièrement marqué de l'Occitanie au Massif Central et du pourtour méditerranéen à la vallée du Rhône et aux Alpes. Sur ces régions, l'été 2018 arrive en première position des étés les plus instables depuis au moins 70 ans, et constitue même probablement un record depuis le milieu du 19ème siècle, période depuis laquelle une estimation de l'instabilité a pu être reconstituée.
Il faut noter néanmoins une situation contrastée, vu que les régions qui bordent la Manche et la Mer du Nord ont connu un été dont l'instabilité s'est peu écartée de la normale 1986-2015. Un fort contraste nord / sud a donc marqué cette saison estivale en matière d'instabilité.

Les journées les plus instables de l'été 2018 ont été observées le 26 juillet, le 27 juillet et le 7 août. Cette dernière date établit d'ailleurs le nouveau record absolu d'instabilité moyenne nationale quotidienne depuis 1948.


Pour ce qui concerne la pression atmosphérique, on constate d’une manière générale que cet été 2018 a été proche des normales, avec néanmoins une dominante plus anticyclonique sur le nord du pays, qui enregistre un écart d’environ +1 hPa par rapport à la normale 1971-2010.  A l’inverse, des conditions un peu plus dépressionnaires que la normale ont été constatées en allant vers la Méditerranée, où l’instabilité a conjointement été plus excédentaire qu’ailleurs. Cette configuration a en effet assuré des remontées régulières d'air chaud et humide en basses couches depuis la Méditerranée vers le sud de la France, et conséquemment produit des profils atmosphériques instables sur ces régions.




En altitude, des conditions plus anticycloniques que la normale ont été observées sur le nord de l'Europe et sur les deux tiers nord de la France (géopotentiels plus élevés que la normale sur la carte ci-dessous à gauche). Ceci a eu tendance à limiter la sévérité de l'activité orageuse durant ces trois mois. En effet, même si les orages ont été fréquents, ceux-ci ont assez peu souvent donné lieu à des phénomènes de très forte intensité. De fait, les orages réellement violents sont restés peu nombreux en regard du grand nombre d'orages observés durant cette saison sur la France, conséquence du défaut fréquent de dynamisme atmosphérique induit par ces hauts géopotentiels.

Enfin, sans surprise, cet été 2018 qui s’est illustré par des pics de chaleur parfois remarquables au sol a également enregistré une anomalie chaude vers 1500 mètres d’altitude (ci-dessous à droite), avec un excédent moyen d'environ 1°C sur les normales récentes. Il faut toutefois noter que la masse d'air à cette altitude n'a pas atteint une chaleur record et que cet été 2018 se positionne au 24ème rang des étés les plus chauds depuis 1900 à cette altitude, soit une durée de retour d'environ 5 ans.



Le 4 juillet, journée la plus orageuse de l'été

L'analyse de l'indicateur de sévérité orageuse permet d'établir que la journée du 4 juillet 2018 a été la plus orageuse de l'été avec un ISO de 32. Cette journée a en effet été marquée par une dégradation orageuse majeure dans le sud-ouest. 
 
Avec un ISO moyen de 8,04, cet été 2018 s'est révélé plus orageux que les été 2016 et 2017 et se présente comme l'été le plus orageux de ces 9 dernières années. On distingue sur le graphique ci-dessous, traçant l'ISO quotidien national, plusieurs pics d'activité orageuse, notamment la série très orageuse de début juin. L'ISO mensuel est resté assez constant tout au long de l'été, avec un score plus élevé en juillet.