Observatoire français des tornades et orages violents

Orages très venteux au passage de la dépression Susanna sur la France

Des rafales sous orage de 100 à 120 km/h, localement davantage

Une dépression très active nommée Susanna s'est creusée entre la Normandie et le Nord-Pas de Calais en fin de matinée du 9 février 2016, puis a gagné le Benelux et l'Allemagne en deuxième partie d'après-midi. Une pression proche de 980 hPa était relevée en début d'après-midi sur le département du Nord.
Cette onde a entamé son creusement lorsqu'elle est passée sous un virulent jet d'altitude circulant à 320 km/h dans le Golfe de Gascogne. Elle est à présent positionnée en sortie gauche de jet, dans des conditions favorables à la poursuite de la cyclogénèse jusqu'en cours de nuit prochaine.
 
L'image satellite ci-dessous montre l'évolution de l'anomalie de basse tropopause qui arrive par la Bretagne avec advection d'air froid massive à l'étage moyen (représentée par des teintes rougeâtres). A l'avant, un axe convectif bien organisé matérialisant le front froid s'est constitué.
 
Image satellite composite depuis la fin de nuit du 9 février - EUMETSAT
 
 
Un front froid s'est donc développé du sud-ouest au nord-est de la France et est devenu orageux dès le milieu de matinée entre le Poitou, le Centre et le sud de la Champagne. Des orages venteux se sont succédé sous des structures convectives linéaires entre le Centre, l'Ile-de-France et tout le quart nord-est de la France. 
 
On remarque bien sur les observations ci-dessous la localisation des foyers orageux les plus virulents, avec rafales comprises entre 90 et 110 km/h, parfois jusqu'à 120 km/h voire plus près des côtes.
 
        
 
 
Au total, près de 4000 éclairs ont été relevés ce mardi 9 février sous le front froid et dans la traîne. Plusieurs foyers orageux très actifs ont balayé la Franche-Comté, un axe Vexin-Ardennes, un autre Berry-Champagne et entre les abords des Vosges.
 
 
 
 

Des profils verticaux très instables en situation hivernale très dynamique

Les radiosonsages tirés à Trappes et à Brest à la mi-journée sont riches d'enseignement.
 
A Brest (présenté ci dessous à gauche), l'anomalie de tropopause et le thalweg d'altitude étaient arrivés sur la zone à 11h TU. Ainsi, la tropopause s'est abaissée vers 6800 m et la température à 500 hPa atteignait environ -34°C au moment du sondage. Les vents en surface avaient pivoté à l'ouest. Par ailleurs, l'abaissement de l'isotherme 0°C à moins de 500 m a permis le déclenchement d'averses de neige sur le nord Bretagne.

A contrario, l'anomalie d'altitude n'avait pas encore balayé l'Ile-de-France. Ainsi, le radiosonsage de Trappes (présenté ci-dessous à droite) montre une instabilité marquée avec CAPE supérieure à 700 J/kg, indices de soulèvement fortement négatifs (-3K) et tropopause située vers 8650 m d'altitude.
Ce sondage est particulièrement propice aux orages. Les très forts cisaillements à tous les niveaux ont permis l'organisation d'orages forts, producteurs de violentes rafales de vent, d'autant que l'on observe de petites advections d'air sec à l'étage moyen favorables au déclenchement de fortes rafales convectives (DCAPE de 180 J/kg).
 
   
Radiosondages de Brest (à gauche) et Trappes (à droite) le 9 février 2016 à 12h locales