Observatoire français des tornades et orages violents

Orages très pluvieux le 28 octobre entre Gard et Ardèche

Un épisode pluvio-orageux d’intensité marquée a concerné les régions méditerranéennes les 27 et 28 octobre 2015, et tout particulièrement un axe étiré entre l’est de l’Hérault, le nord-ouest du Gard, la Lozère et l’Ardèche.

 

Inondations à Anduze (Gard) le 28 octobre 2015. © Midi LibreInondations à Anduze (Gard) le 28 octobre 2015. © Midi Libre

 

Chronologie de l’épisode

La phase orographique, de type cévenol, s’est initiée le lundi 26 octobre en soirée par des pluies faibles mais continues sur les reliefs des Cévennes héraultaises notamment. Cette phase s’est poursuivie toute la nuit suivante, ainsi que durant la journée du mardi 27 octobre. Les lames d’eau ont avoisiné localement 100 mm en 24 heures aux abords des principaux reliefs.

L’approche des forçages sur l’ouest de la France, le renforcement du jet de basses couches et l’instabilisation des profils verticaux ont fait évoluer l’épisode en phase dynamique et convective à l'aube du mercredi 28 octobre. C'est peu après 06h00 locales que l'activité pluvio-orageuse s'est nettement intensifiée sur un axe étiré entre l'est de l'Hérault, le nord-ouest du Gard et l'Ardèche. Le long de cette ligne orageuse large d'une vingtaine de kilomètres, les pluies ont été intenses et alimentées en permanence jusqu'aux environs de 12h00, générant des lames d'eau souvent supérieures à 50 mm en peu de temps, avec des pointes proches de 200 mm en 6 heures.
 
L'image satellite ci-dessous présente la situation à 10h00. On y aperçoit le système orageux très actif qui s'alimente à la frontière entre Hérault et Gard, avec un bouillonnement convectif intense :
 
Image satellite canal visible du 28 octobre 2015 à 10h00 locales. © Eumetsat
 
Les orages se sont ensuite rapidement décalés vers l'est en cours d'après-midi du 28 octobre, tout en se déstructurant. Les départements du Vaucluse, de la Drôme, du Var et des Alpes-Maritimes ont été successivement balayés par ces pluies orageuses passagèrement virulentes.
 
 

Des lames d’eau parfois proches de 300 mm et plus de 18.000 éclairs

Les lames d’eau enregistrées durant cet épisode relèvent pour l’essentiel des classes R1 et R2. Isolément, l’épisode est de classe R3 à R4 à la frontière entre Gard et Lozère. C'est à Sainte-Cécile-d'Andorge (Gard) que le plus gros cumul de l'épisode a été mesuré, avec plus de 330 mm. D'autres cumuls importants ont été relevés également à Saint-Etienne-Vallée-Française en Lozère (> 240 mm), Saint-Martial dans le Gard (> 230 mm) ou encore sur le Mont-Aigoual (> 200 mm).
 
La partie basse de la ville d'Anduze (Gard) a été inondée lors de cet épisode, suite à la crue importante du Gardon d'Anduze, qui a atteint 6m92, soit son plus haut niveau depuis la crue de 2002. La photo ci-dessous montre la situation lors du pic de crue à Alès :
 
Crue à Alès le 28 octobre 2015. © B. ArtigueCrue à Alès le 28 octobre 2015. © B. Artigue
 
 
Un accident grave de la circulation a par ailleurs été déploré dans le Gard, suite à une sortie de route causée par une chaussée inondée et une visibilité très réduite. L'accident a fait une victime et un blessé grave.

En 30 heures, plus de 18.000 éclairs ont été détectés sur la France, dont une grosse part entre Cévennes et vallée du Rhône. Il s'agit là d'un niveau d'activité électrique élevé pour une fois de mois d'octobre. Deux hommes de 28 et 47 ans ont d'ailleurs été blessés et une vache tuée par la foudre en Isère, vers 15 heures, sur la commune de Saint-Etienne-de-Crossey, dans la région de Voiron. Un peu plus tôt, vers 14h30, c'est dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Château-Arnoux-Saint-Auban, que la foudre a également provoqué des dégâts sur une habitation après s'être abattue sur un garage qui a pris feu.
 
 
 
 

Une situation propice aux fortes pluies

Ce bref épisode méditerranéen s’est déclenché à l’approche d’un vaste thalweg d’altitude sur le proche Atlantique. Le rapide flux de SSO induit en altitude, fortement cyclonique, s’est couplé sur le Languedoc à un jet de basses couches bien structuré. Ce dernier a assuré une convergence humide persistante pendant 48 heures sur les Cévennes, avant de gagner lentement l’est du Languedoc le matin du 28 octobre. L’instabilité latente associée à ce flux s’est avérée modérée.