Observatoire français des tornades et orages violents

Heat burst dans la nuit du 16 au 17 juillet dans le nord-est

Dans la nuit du 16 au 17 juillet, au passage d'orages à base très élevée, plusieurs heat bursts se sont déclenchées dans le nord-est du pays.

 
 

Des pics de température brutaux en milieu de nuit

La nuit dernière, une zone située entre le nord de l'Auvergne, la Bourgogne et la Champagne a été concernée par un phénomène météorologique relativement rare. En toute fin de soirée, voire en milieu de nuit, les champs de température et d'humidité ont été bouleversés par le passage d'orages à bases très élevées et secs.
 
C'est à Troyes ou à Reims que le phénomène a été le plus marqué. En effet, alors que la température amorçait sa baisse nocturne traditionnelle, une brutale remontée s'est opérée entre minuit et 01h locale. A Troyes, le mercure a ainsi gagné 10°C passant de 24 à 34°C. Dans le même temps, l'humidité s'est effondrée passant de 52 à 22% (le point de rosée a alors chuté de 14.4 à 8.4°C).
Ce brutal réchauffement est lié au passage de nuages convectifs, très peu précipitants et assez peu orageux. Une rafale de vent à 69 km/h a été enregistrée.
 
 
 
Le même phénomène a été observé sur plusieurs stations du quart nord-est. A Saint-Dizier ou à Nevers, l'écart a été moins spectaculaire mais il reste notable et des rafales atteignant 75 km/h ont été enregistrées à Saint-Dizier :
 
    
 
 

Un cas typique de heat burst

Le heat burst (ou littéralement coup de chaud) est caractérisé par une hausse brutale de la température, une humidité en chute et des rafales de vent parfois violentes. En zones de relief, ce phénomène est observé lors d'effets de foehn. Mais dans la nuit du 16 au 17 juillet, ce phénomène de plaine était généré par le passage d'orages.
 
Bien que mal connu encore aujourd'hui, le phénomène est attribué à une brutale évaporation des précipitations convectives au sein d'une couche d'air frais et très sec dans les couches moyennes inférieures d'une cellule orageuse. Des virgas se forment alors et aucune précipitation ne peut toucher le sol. En descendant vers le sol la couche d'air froid, plus dense, se réchauffe par compression adiabatique, déclenche de fortes rafales de vent et produit un assèchement des basses couches qui peut gagner la surface.
 
 
 
Le radiosondage de Trappes, tiré à 01h locale et situé un peu à l'ouest de la zone concernée met en évidence la présence d'une parcelle d'air très sec entre 890 et 770 hPa (soit entre 1000 et 2400 m d'altitude). L'humidité au sein de cette parcelle n'est que de 12 à 18%. On note par ailleurs que cet au sein de cette parcelle que la masse d'air est la plus chaude avec 22°C relevés à 850 hPa (vers 1.500 m d'altitude). Par ailleurs, l'instabilité était présente dès l'étage moyen sur ce profil. Sur les régions plus à l'est concernées par le phénomène et non couvertes par les radiosondages, il est très probable que l'instabilité latente ait été plus marquée.