Observatoire français des tornades et orages violents

Front froid convectif et traîne active les 5 et 6 février 2013

Un système dépressionnaire s'est positionné près de la France ce mardi 5 février 2013. Deux axes de thalweg dynamiques ont balayé le pays, l'un entre la nuit du lundi 4 au mardi 5 et journée du 5, l'autre le mercredi 6.
C'est sous le premier thalweg d'altitude que des phénomènes convectifs significatifs ont été observés.

Un front froid convectif particulièrement actif a traversé la France du nord au sud, en produisant à son passage de fortes précipitations et des rafales de vent parfois supérieures à 100 km/h. Des cellules orageuses vigoureuses se sont greffées au sein même de la limite frontale et ont par ailleurs été observées à l'arrière, dans la traîne qui s'est développée.
Le contexte était favorable à l'isothermie, si bien qu'une baisse brutale de la limite pluie-neige s'est opérée au passage de l'axe frontal.
La ligne de grains neigeuse et orageuse observée par Kevin LECLERCQ dans le nord de la Lorraine en témoigne :

 
 
 
  
Le même phénomène a été observée en Auvergne ou Rhône-Alpes, où la limite pluie-neige s'est rapidement abaissée vers 500 m pour donner plusieurs centimètres de neige lourde et collante. Le gradient de températures fut remarquable, avec parfois plus de 10°C d'écart sur deux postes situés à une centaine de kilomètres.
De même, un orage de neige a balayé Amiens vers 12h TU le 5. Cet orage a produit une chute de foudre unique mais puissante, associée à une forte averse de neige. Plusieurs phénomènes venteux ont par ailleurs été observés durant la journée. 

Une enquête de terrain est en cours à Etang-sur-Arroux en Saône-et-Loire, où des dégâts dus au vent, parfois significatifs ont frappé la commune en début d'après-midi.
Un autre phénomène venteux destructeur a été signalé à Rahling en Moselle.

Hors de nos frontières, à quelques dizaines de kilomètres de la région Lilloise, une possible tornade à touché la commune de Meulebeke en Belgique, occasionnant de sérieux dégâts.
Les rafales de vent ont souvent avoisiné 80 à 90 km/h au passage de la limite frontale. Certaines valeurs ont même atteint 100 km/h dans le nord du Bas-Rhin, à Abbeville ou dans le sud-ouest. Sur les côtes, de la Bretagne aux Landes, jusqu'en Normandie, des pointes comprises entre 110 et 140 km/h ont été relevées. Ce très fort dynamisme synoptique s'est traduit par une arrivée brutale et massive d'air froid en altitude. Pour exemple, le radiosondage de Trappes indique une baisse de la température à 500 hPa de 10,2°C en 12h, ce qui est remarquable. Les champs du modèle WRF illustrent bien ce dynamisme et l'instabilité mise en jeu (MUCAPE), assez importante pour un mois de février.
 
   

 
A gauche, champ de MUCAPE de WRF 8km (run du 04/02 18z) et à droite champ de T500 hPa de WRF 24km (run du 05/02 06z)