Observatoire français des tornades et orages violents

 

 

 

 

 

Tandis qu'une ligne d'orages actifs progresse sur la Lorraine en fin d'après-midi de ce samedi 24 août, des formations nuageuses intriguantes sont signalées par plusieurs observateurs dans les environs de Longwy, en Meurthe-et-Moselle. Divers témoignages nous sont adressés, et deux chasseurs d'orages parviennent à prendre des photos du phénomène.

 

Une vidéo est même postée sur Youtube :

 

 

 

La Lorraine compte-t-elle un nouveau cas de tuba ou de tornade à son actif ?

Même si cette conclusion pourrait sembler évidente à première vue, il s'agit en réalité d'un leurre.

 

En effet, l'analyse détaillée des reports d'observations, de la vidéo et des photographies permet d'identifier un cas typique d'aspiration saturée non tornadique. Ce type de phénomène se produit lorsque l'air proche du sol, soulevé et "aspiré" par un orage en approche, présente une humidité relative très forte. Une saturation se produit alors rapidement et des lambeaux nuageux viennent s'étirer entre le sol et la base nuageuse, laissant croire à une tornade. Il arrive parfois que ces aspirations soient massives et que des apparences de tornade large soient observées.

 

Le phénomène est généralement déclenché lorsque la zone d'alimentation de l'orage se fait contaminer par les courants descendants, qui y injectent de l'air saturé et plus frais. Dans la mesure où ces aspirations saturées se produisent dans une zone très turbulente de l'orage, elles prennent régulièrement des allures chaotiques, mobiles et tourbillonnantes, qui renforcent l'illusion d'une tornade.

 

On rencontre plus généralement ce phénomène à proximité d'orages assez actifs, ce qui était le cas en Lorraine ce soir-là, où les orages ont produit de la grêle, de fortes pluies et des rafales de vent qui ont localement cassé quelques branches d'arbres.

 

 

 

 

Tornades, "mini-tornades" et fausses tornades : des confusions fréquentes

De fait, les tornades restent des phénomènes qui sont délicats à diagnostiquer. Outre les erreurs d'identification visuelle qui sont possibles comme dans ce cas lorrain, il n'est pas rare de voir qualifier de tornade des rafales de vent qui en réalité ne sont pas tourbillonnaires.

 

Ainsi, en s'appuyant sur le fait qu'un orage violent laisse souvent sur la population des impressions de tornade, nombre de medias ont parlé de tornade, ou de "mini-tornade" (appellation fantaisiste qui ne recouvre aucune réalité météorologique), pour désigner les orages très venteux qui ont frappé les communes de La Chapelle-de-Guinchay, Illiat et Saint-Didier-sur-Chalaronne ce samedi 24 août en début de matinée.

Le phénomène en cause est en réalité une macrorafale, dont le mécanisme est tout à fait différent de celui qui génère une tornade, vu qu'il consiste en une rafale descendante qui s'écrase violemment au sol en s'accompagnant de pluies généralement intenses.

Même chose pour les orages extrêmes qui ont frappé certaines portions de la Normandie et du Nord - Pas de Calais le 27 juillet dernier. De multiples témoignages de "tornade" ont été rapportés, notamment dans les environs de Dieppe, en Seine-Maritime. Là encore, l'impression de tornade donnée par ces orages remarquablement venteux est tout à fait légitime pour la population frappée, d'autant que l'aspect visuel de certaines macrorafales en approche peut être parfois singulier, avec des renflements d'arcus particulièrement spectaculaires, des soulèvements de poussière et des tourbillons anarchiques.

Néanmoins, à ce jour, seules des rafales descendantes particulièrement sévères ont été recensées, et aucune tornade n'a été identifiée sur cette région au cours de cet épisode orageux.

A ce jour, 8 tornades ont été recensées en France pour l'année 2013, la dernière en date étant celle de Saint-Alyre-d'Arlanc, le 28 juillet, d'intensité EF2.