Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF1 à Saint-Hilaire-le-Vouhis (Vendée) le 14 octobre 2012

Le 14 octobre 2012, vers 7h30 locales, une tornade de faible intensité (haut de l'échelon EF1) touche la commune de Saint-Hilaire-le-Vouhis, en Vendée. La nature tourbillonnaire du phénomène a pu être déterminée grâce à une enquête de terrain.

La tornade de Saint-Hilaire-le-Vouhis s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise 4 cas pour la journée du 14 octobre 2012, dont
 la tornade EF1 de Ligré (Indre-et-Loire), la tornade EF1 des Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône) et la tornade EF0 de la Croix-Valmer (Var).

Principales caractéristiques de la tornade

* intensité maximale : EF1, soit des vents estimés de 135 km/h à 175 km/h
* distance parcourue : 3,4 kilomètres
* largeur moyenne : 100 mètres (maximum de 200 mètres)

* commune traversée : SAINT-HILAIRE-LE-VOUHIS, CHANTONNAY
* département : VENDEE (85)
* altitude moyenne du terrain : 90 mètres
* type de terrain : tissu urbain discontinu ; terres arables hors périmètre d'irrigation ; prairies ; systèmes culturaux et parcellaires complexes ; forêts de feuillus

* principaux dégâts : arbres feuillus et conifères déracinés ou brisés, toitures d'habitations endommagées (jusqu'à des pans de toitures arrachés), toiture de l'église partiellement arrachée, une dépendance en partie détruite, stèles et monuments funéraires couchés ou brisés, une caravane traînée puis légèrement soulevée sur plusieurs mètres, multiples projections de débris de faibles dimensions (volets, stores, branches, mobiliers de jardin), grillages et murs de clôtures torsadés.

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
 

Parcours de la tornade

 
© Keraunos (fond de carte : Géoportail)

Analyse de la nature du phénomène

En raison de leur grande confusion, les témoignages recueillis n'ont pas permis à eux seuls de déterminer avec certitude la nature du phénomène.

Une enquête de terrain a donc été effectuée par Jean-Philippe Forestier et Valentin Perrault pour Keraunos, afin d'analyser la nature précise et l'organisation des dégâts. Cette dernière, grâce à un inventaire précis de l'orientation des dommages, met en évidence de manière irréfutable un axe de convergence bien déterminé. De fait, de nombreux débris ont été projetés à distance avec une aspiration en direction du cœur du vortex, et non de manière strictement linéaire. En complément, plusieurs traces d'aspiration caractéristiques ont été observées à l'entrée du village.    
 

Analyse de la trajectoire et inventaire des dégâts

L'enquête de terrain a permis de conclure à un phénomène tourbillonnaire dont les dégâts ont été observés sur une distance totale et continue de 3,4 kilomètres jusqu'à l'entrée du territoire communal de Chantonnay (cette même commune avait déjà été éprouvée par une tornade EF1 le 1er janvier 2007 lors d'un outbreak). La largeur du couloir des dégâts, relativement stable, présente cependant quelques irrégularités à l'intérieur du village. Nous notons aussi des zones de dégâts périphériques en bordure immédiate du couloir principal.

La carte ci-après montre l'ensemble des dégâts qui ont pu être observés tout au long de la trajectoire (plages rouges):

© Keraunos (fond de carte : Géoportail)
 

Photographies des dégâts

Parmi les nombreux dégâts observés, nous retiendrons ceux qui ont été les plus remarquables ou qui ont pu permettre de définir un axe de convergence (ou, le cas échéant, des traces d'aspiration) :


   

Coupure de presse

De nombreux articles de presse ont été consacrés à l'événement. La Nouvelle République fait notamment part du phénomène dans son édition du 14 octobre 2012.

Intempéries: une mini-tornade s'abat sur un village de Vendée
 
Toitures soufflées, arbres effondrés: une mini tornade s'est abattue sur Saint-Hilaire-le-Vouhis dimanche matin, causant des dégâts à une centaine de maisons sur les 430 de ce village de Vendée, département placé samedi en vigilance orange.
 
Cette alerte avait été lancée par Météo France pour sept départements des Pays-de-la-Loire et du Centre, en raison des fortes pluies qui y étaient prévues et des risques d'inondation.
 
Mais dimanche, vers 7H30, ce sont surtout des vents violents, accompagnés de pluie, qui ont touché pendant quelques minutes le village vendéen et ses quelque 1.000 habitants. Un phénomène bref, "très localisé et isolé" et "qui ne pouvait être prévu", a indiqué le sous-préfet de Vendée Benjamin Alla lors d'un point presse sur place dimanche après-midi.
 
"En quelques heures, l'équivalent d'un mois de pluie est tombé sur la commune ainsi que sur l'ensemble du département", a-t-il ajouté.
 
"J'étais chez moi, j'ai entendu un très fort bruit, j'ai eu l'impression que les volets allaient s'arracher", a témoigné un habitant, Philippe Bidault, 44 ans, auprès d'une journaliste de l'AFP. "Je suis sorti, mon portail était arraché, je suis allé aider ceux qui étaient plus touchés".
 
La mini-tornade, dont la force des vents n'a pu être mesurée par Météo France tant le phénomène était localisé, n'a fait aucune victime. Mais en traversant le village dans un couloir de 100 à 200 mètres de large, elle a endommagé à des degrés divers une centaine de maisons et bâtiments.
 
Certains n'ont perdu que quelques tuiles. Mais sur d'autres, des pans entiers de toiture et de charpente ont été soufflés par les rafales de vent, à l'image de l'église du village, dont la toiture est éventrée, tandis qu'une croix en pierre a été cassée en morceaux par la chute d'un arbre.
 
Le toit de l'école communale a lui aussi été arraché et l'établissement ne pourra pas accueillir les élèves lundi. "Peut-être même pas avant jeudi", selon le maire de la commune, Jean Bureau (sans étiquette). Dans la cour, un arbre tombé git, tronçonné, à côté de la marelle où des enfants auraient pu jouer si l'épisode avait eu lieu en semaine.
 
Dans les rues, des monceaux de tuiles, des bouts de gouttières, verre brisé, sont poussés en tas sur les côtés. Une caravane a été soulevée par la tornade et s'est retrouvée à cheval sur une barrière métallique bordant un petit appentis.
 
Une propriété a perdu tout son toit, tandis que dans le jardin, l'abri en verre qui couvrait sa piscine a été pulvérisé.
 
"Les gens sont très choqués, surtout les personnes âgées, à cause de l'ampleur du bruit", a témoigné une habitante, qui avoue n'avoir rien entendu "à 50 mètre de là".
 
Une cellule d'aide psychologique a été mise en place, a souligné le sous-préfet. 80 pompiers ont été envoyés dans le village et s'activaient, avec les habitants, des amis et des proches venus prêter main forte, à débiter les arbres tombés et à bâcher les constructions endommagées.
 
D'après le maire, seule une demande de relogement a été formulée car "une solidarité très importante" s'est manifestée.
Dimanche à la mi-journée, Météo-France avait levé son alerte orange sur la Vendée, ainsi qu'en Loire-Atlantique, Maine-et-Loire et Sarthe. En milieu d'après-midi, elle a été levée en Indre-et-Loire, Loir-et-Cher et Loiret.
 
Météo France s'attendait à des pluies abondantes, accompagnées de rafales de vent pouvant atteindre 70 à 80 km/h, et des précipitations pouvant atteindre 40 à 60 mm localement, des "niveaux qui représentent souvent, en moins de 12 heures, plus d'un demi-mois de pluies".
 
Peu avant 16H00, les pompiers de l'Indre-et-Loire notamment avaient comptabilisé près d'une centaine d'interventions, sur des inondations.

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