Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF2 à Montpellier (Hérault) le 19 septembre 2000

Une tornade meurtrière d'intensité modérée (haut de l'échelon EF2) traverse l'est de l'agglomération de Montpellier (Hérault) le 19 septembre 2000 à 15 heures locales. Le phénomène, qui provoque des dégâts très importants en milieu urbain, est issu d'une trombe marine.

La tornade de Montpellier s'inscrit dans un outbreak de tornades (épisode de tornades groupées) qui totalise 2 cas pour la journée du 19 septembre 2000, dont celui de la tornade EF2 de Saint-Drézéry (Hérault) survenue peu de temps après. Les deux cas ont fait l'objet d'une publication dans la revue Metmar (n°192, pages 6-8).
 
A noter que la ville de Montpellier avait déjà été touchée par une tornade EF2 le 2 novembre 1729.
 

Principales caractéristiques de la tornade

* intensité maximale : EF2, soit des vents estimés entre 175 km/h et 220 km/h
* distance parcourue : 14 kilomètres (distance minimale reconnue à ce jour)
* largeur moyenne : 150 mètres

* communes traversées : VILLENEUVE-LÈS-MAGUELONE (Etang de l'Arnel), LATTES, MONTPELLIER (Port-Marianne, La Pompignane), CASTELNAU-LE-LEZ (lotissement de la Vohle, Mas Rochet)
* département : HERAULT (34)
* altitude moyenne du terrain : 15 mètres
* type de terrain : tissu urbain discontinu ; systèmes culturaux et parcellaires complexes ; décharges ; chantiers ; plages, dunes et sable ; marais maritimes ; lagunes littorales

* principaux dégâts : effondrement d'une grue de chantier de 35 mètres (pesant 7 tonnes) et de deux autres de taille moindre ; arbres résineux ou feuillus, parfois imposants, déracinés ou brisés net ; toitures partiellement ou totalement arrachées ; mobilier urbain endommagé ; réverbères détruits ; pylônes électriques brisés ; un mazet soufflé comme fétu de paille ; structure de la charpente d'un Intermarché pliée ; toiture d'un Quick endommagée ; personne accrochée à un pieu pour éviter d'être emportée ; voitures et camionnettes soulevées et transportés parfois sur plusieurs dizaines de mètres

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
 

Trajectoire de la tornade

 
© Keraunos (fond de carte : Géoportail)
 

Trois morts et de très nombreux dégâts matériels

La tornade de Montpellier du 19 septembre 2000, qui a tué trois personnes, a fait l'objet d'une médiatisation assez exceptionnelle. Ce macabre bilan n'avait pas été observé en France depuis le dramatique épisode tornadique des 24 et 25 juin 1967, où 8 personnes avaient péri sur la seule région Nord-Pas de Calais. L'effondrement d'une grue de chantier, à l'origine du drame, rappelle toute l'importance des risques liés au passage d'une tornade dans un milieu à forte concentration urbaine.

Si la trajectoire de la tornade demeure certaine entre l'ancienne cité de Maguelone et Castelnau-le-Lez (14 kilomètres), elle demeure plus hypothétique au-delà de cette dernière commune. Les témoignages, souvent confus ou insuffisants, ne permettent pas de valider le prolongement de la trajectoire jusqu'à la commune de Prades-le-Lez pourtant sinistrée. L'hypothèse d'un dédoublement de la cellule orageuse pourrait être crédible avec, d'une part, une première branche qui aurait remonté le Lez jusqu'à Prades, et, d'autre part, une seconde branche qui aurait poursuivi sa route jusqu'à Saint-Drézéry, selon une trajectoire du Sud-Ouest vers le Nord-Est.

Faute d'éléments probants (absence d'images radar exploitables pour cette période) seule la portion certaine de la trajectoire est retenue pour ce cas. L'épisode de Saint-Drézéry est considéré comme un second cas distinct.
 

Revue scientifique

La revue MetMar (n°192) consacre trois pages à l'événement. Voici un extrait du rapport détaillé par Pascal Ginioux:

Tornade à Montpellier

Pascal Ginioux

Le 19 septembre 2000, une tornade traverse Montpellier. Description des faits et rappels sur la climatologie des tornades en France

Le 19 septembre 2000, un épisode pluvieux de grande intensité frappe les régions méditerranéennes de la France. Il concerne notamment l’arc cévenol et, en soirée, la région marseillaise où deux victimes sont à déplorer. Mais à Montpellier, c’est une véritable tornade venue de la mer qui s’abat sur l’agglomération, faisant trois victimes lors de la chute d’une grue. Comme toujours en pareil cas, le phénomène a traversé les mailles du réseau de mesures au sol de Météo-France sans laisser de traces. Seuls les nombreux témoignages et la constatation des dégâts confirment le passage entre 15 et 16 h d’un phénomène bref (quelques minutes, voire moins), très localisé (de 200 à 300 mètres de diamètre) et très violent sur le littoral, à hauteur de Villeneuve-lès-Maguelone, puis sur l’est de Montpellier, et enfin sur certaines communes plus au nord. En l’absence de mesures, la seule alternative pour l’analyser, le comprendre et en rendre compte est de réunir les témoignages et, éventuellement, les résultats d’enquêtes effectuées après coup par les institutionnels ou la presse.

D’après la presse, les dégâts se répartissent le long d’une ligne sud-nord qui relie la mer à Prades-le-Lez. Il est probable que cette « tornade » ait pris naissance en mer : au moment des faits, une ligne de grains, bien visible sur les images radar, se prolongeant sur plusieurs dizaines de kilomètres en mer, balayait la côte d’ouest en est. Il est possible aussi que le phénomène se soit formé sur l’un des étangs entourant Villeneuve-lès-Maguelone avant d’aborder la côte. Le phénomène aurait ensuite rejoint le Lez puis remonté son cours avant de s’éteindre à la hauteur de sa source.

Un employé de l’aéroport, demeurant à Villeneuve-lès-Maguelone, a vu le toit de son domicile soufflé et a dû s’accrocher à un pieu scellé dans le ciment pour éviter d’être emporté. Un agent de Météo-France présent à Saint-Drézéry, 10 kilomètres à l’est du Lez, a signalé le même phénomène violent. Présent dans l’église à ce moment, il a subi la chute de gravats en provenance du toit. Il s’agirait d’une deuxième tornade apparue dans la région entre Castelnau et Saint-Drézéry ou, plus vraisemblablement, de celle issue de la mer qui se serait scindée en deux parties au nord-est de Montpellier.

Un correspondant de Météo-France a relevé sur le terrain les traces du passage de la tornade à Saint-Drézéry ; son tracé large de 700 mètres traverse le centre du village et se poursuit sur trois kilomètres vers le nord avant de disparaître à hauteur de Montaud.

Notre correspondant de Montaud a signalé un coup de vent violent (sans atteindre la puissance destructrice observée à Saint-Drézéry) de moins de 10 secondes ainsi que la chute de grêlons de 30 mm de diamètre.

A Montpellier, les dégâts aux antennes, aux arbres, les grues abattues, se situent tous dans un voisinage très proche du cours du Lez (moins de 200 mètres de distance).

Deux personnes travaillant dans le quartier du Millénaire ont observé le cône caractéristique au sommet de la tornade et le « buisson » au sol formé par la condensation et la poussière entraînées par le tourbillon. L’un d’eux a estimé son diamètre à la base à environ 60 mètres. Mais les effets dynamiques du vent ne se limitent pas à ce seul diamètre ; ils peuvent être constatés après coup à travers la trace des dégâts laissés au sol.
 

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