Le 4 mai 1961 dans l'après-midi, une tornade meurtrière de forte intensité (EF3) traverse le sud et l'est de l'agglomération d'Evreux (Eure). Le tourbillon, qui a été photographié, tue une personne et provoque des dégâts très importants. Jean Dessens a pu effectuer une enquête de terrain sur cette tornade.
Principales caractéristiques de la tornade

* distance parcourue : 8,5 kilomètres
* largeur moyenne : 300 mètres (jusqu'à 500 mètres)
* communes traversées : ARNIÈRES-SUR-ITON (Forêt d'Evreux), ANGERVILLE-LA-CAMPAGNE (les Fayaux), ÉVREUX (la Madeleine, Nétreville)
* département : EURE (27)
* altitude moyenne du terrain : 130 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés, territoires agricoles, forêt et milieux semi-naturels
* altitude moyenne du terrain : 130 mètres
* type de terrain : territoires artificialisés, territoires agricoles, forêt et milieux semi-naturels
* principaux dégâts : arbres, parfois massifs, étêtés ou coupés net (trouée de 200 mètres dans la forêt d'Evreux); toiture d'un garage de 25 x 50 m entièrement arrachée (seule la charpente métallique demeure, effondrée par son milieu); bâtiments agricoles pulvérisés; voiture (2 CV Citroën) soulevée au-dessus d'une maison de deux étages; tour de quatorze étages endommagée (vitres brisées, toiture en partie emportée); pans de toiture entiers enlevés sur plusieurs immeubles HLM; cloisons intérieures d'appartements en agglomérés creux arrachées et pulvérisées; trois grues abattues (l'une d'elles pesant 50 tonne a été soulevée et dans sa chute a tué un ouvrier); murs d'habitations fissurés, plafonds effondrés; pylônes éléctriques abattus et fils électriques dénudés; multiples projections de débris à distance
NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
Trajectoire de la tornade
Cliquer sur la carte pour l'agrandir:
© Keraunos (fond de carte : Géoportail)
La tornade d'Evreux, qui a fait l'objet de plusieurs études, fait partie des rares cas de tornades urbaines en France. Cette situation explique le nombre important de victimes (un mort, une centaine de blessés dont dix dont un état sérieux) et de personnes sans-abri. Ce sont les quartiers peuplés de la Madeleine et de Nétreville qui ont été les plus touchés.
Une tornade urbaine aux lourdes conséquences
Parmi les nombreux clichés disponibles sur ce cas, figure celui de M. Pelassy qui représente un cône en phase transitoire de dissipation. La tornade semble effectivement avoir agi par bonds, surtout au début de la trajectoire, ce qui explique des fluctuations importantes, notamment au niveau de la largeur du couloir de dégâts.
Dans son enquête de terrain, Jean Dessens retrace un parcours de plus de 8 kilomètres, la tornade provoquant localement des dégâts sur une largeur de 500 mètres.
Les dommages, qui relèvent de l'échelon EF3, sont remarquables en plusieurs points de la trajectoire. Parmi les plus spectaculaires d'entre eux, nous relevons : une 2 CV Citroën soulevée au-dessus d'une maison de deux étages, un gros entrepôt métallique effondré, trois grues abattues, dont l'une de 50 tonnes a tué un ouvrier dans sa chute, une tour HLM de quatorze étages endommagée.
Les photographies ci-dessous illustrent les effets de la tornade:
Un outbreak meurtrier remarquable
L'inventaire des dégâts sur l'ensemble de la Normandie montre également que des rafales destructrices généralisées ont balayé la région d'ouest en est. Compte-tenu des dégâts observés, certaines rafales ont dû avoisiner ou dépasser 150 à 180 km/h.
Cet outbreak normand, qui se présente comme l'un des plus meurtriers du XXe siècle en France (trois personnes ont trouvé la mort) a blessé une centaine de personnes, sinistré dix communes et provoqué des dégâts évalués à l'époque à 40 millions de nouveaux Francs.
Coupure de presse
Un orage d'une violence inouïe s'est abattu, hier soir, sur la Normandie, multipliant les visions d'horreur : maîtresses branches des arbres tourbillonnant dans les airs comme des fétus de paille ; toitures entièrement soufflées ; maisons effondrées ; caves inondées ; torrents de boue coupant les routes ; arbres abattus paralysant la circulation ; et, hélas! des blessés en grande quantité et même, au minimum trois morts.
A l'heure où nous mettons sous presse, il est encore impossible de dresser un bilan, même sommaire, des dégâts; mais il est certain que ceux-ci sont considérables. Partout, les casernes des pompiers sont alertées et appelées à intervenir parfois fort loin de leur zone d'action normale.
Un violent cyclone s'abat sur les quartiers périphériques d'Evreux : Nétreville et la Madeleine
(De notre rédaction d'Evreux)
Il était 19 heures, hier soir, quand une très violente déflagration fit sursauter la majeure partie des Ebroïciens. Et cela semblait déclencher une extraordinaire averse de grêlons, gros comme des œufs de pigeon. En hâte, tous se mettaient à l'abri... Cette précipitation devait sans doute sauver plus d'une vie, dans les quartiers de la Madeleine et Nétreville.
En effet, en même temps que l'averse, une trombe balayait avec une vitesse et une violence inouïes, les deux quartiers périphériques les plus populeux de la ville : la Madeleine et Nétreville.
Vues de Saint-Michel, cette trombe aspirant tout sur son passage avait des aspects de fin du monde. De toute la ville, on vit retomber des matériaux de toutes sortes, aspirés un peu partout en l'espace de moins de cinq minutes.
La trombe atteignit la ville, semble-t-il, à hauteur de la Grande-Madeleine - quartier en cours de construction - puis elle traversa le quartier des Dominicaines, le chemin de la Chapelle, le Collège technique, l'usine de la C.O.P.R.I.M., l'orphelinat Saint-Jean et enfin, le quartier des collectifs, à Nétreville. Tout ce secteur fut balayé sur une largeur d'environ 100 mètres.
NB : Ce cas a pu être documenté grâce à une collaboration entre Keraunos, François Paul (Climat-Energie-Environnement) et Jean Dessens (Anelfa).