Observatoire français des tornades et orages violents

Macrorafales en Picardie et dans les Ardennes le 30 juin 1905

Le 30 juin 1905, une dégradation orageuse sévère balaie plusieurs régions françaises, dont la région Rhône-Alpes, la Bourgogne, la Champagne-Ardenne et la Picardie. Dans l'Aisne et les Ardennes, des macrorafales détruisent les récoltes et provoquent des dégâts matériels très importants.

Rafales destructrices

De violents orages sont signalés dans l'Yonne, notamment à Voutenay-sur-Cure où des arbres sont déracinés et des toitures enlevées. A Fontenay-près-Vézelay, des dégâts à la végétation sont également reportés.  

En gagnant l'Aube, la Marne, et surtout l'Aisne et les Ardennes, l'épisode orageux gagne en intensité et deux phénomènes bien distincts semblent se produire, après analyse des communes touchées:

- le premier phénomène, sur une trajectoire de 30 kilomètres de long et environ 2 à 6 kilomètres de large, balaie toutes les communes situées entre le camp de Sissonne et l'agglomération de Vervins (Aisne),

- le second phénomène, sur une trajectoire de 10 kilomètres de long et de 5 kilomètres de large, frappe l'agglomération de Rethel (Ardennes).

Aucun cas de phénomène tourbillonnaire n'a été reporté à ce jour sur ces régions.
 

Dégâts impressionnants

Outre les cultures anéanties, les dégâts aux habitations et à certains édifices sont très importants, surtout dans l'Aisne.

A Mailly-le-Camp (Aube), Dizy-le-Gros et Vervins (Aisne), les flèches des églises ont été emportées par le vent. Sur un axe Nizy-le-Comte - Voulpaix (Aisne), on signale plusieurs habitations et fermes détruites. Dans cette dernière commune, certains blessés auraient succombé à leurs blessures mais l'information n'est pas confirmée.

Les camps de Sissonne (Aisne) et de Mourmelon-le-Grand (Marne) ont également été atteints.

Dans la seule commune de Dizy-le-Gros, les dégâts sont extrêmement importants et un très grand nombre d'habitations est touché.
 

Galerie photographique

 
                         
 
 

Contexte météorologique du 30 juin 1905

La France est influencée par une goutte froide qui se positionne sur le nord-ouest de l'Espagne. Cette dernière dirige de l'air chaud et instable, principalement sur la moitié est du pays. Dans ce flux à dominante sud à sud-sud-est, la situation est propice à des développements d'orages organisés et producteurs de fortes rafales de vent.

Au niveau du sol, le contraste thermique est important: alors que la température maximale est de 30,0°C à Bruxelles-Uccle (Belgique) et de 33,5°C à Karlsruhe (Allemagne), le mercure n'atteint que 23,5°C à Paris-Montsouris* et seulement 17,5°C à Châteauroux*.

A Berry-au-Bac (sud de l'Aisne), le total pluviométrique pour la journée du 30 juin 1905 atteint 51 mm*.

 
 
 
 

Coupure de presse

Le Journal des Débats Politiques et Littéraires évoque le phénomène dans son édition du 8 juillet 1905:

Les cyclones

Sur une étendue de 80 kilomètres, de Rethel à Vervins, les villages, les champs, les bois sont dévastés; une effroyable tempête a sévi, qui a fait des victimes en même temps que d'irréparables dégâts.

Une trombe venant du Sud-Ouest s'est abattue sur le camp de Sissonne, dont les tentes furent arrachées, les hangars abattus, les voitures renversées puis, elle se dirigea, avec une rapidité inouïe, sur les fermes de Montigny-la-Cour.

[...]

Dans le département des Ardennes, les communes le plus éprouvées sont celles de Sault, Sorbon, Arnicourt, Acy, Nanteuil, Barby, Thugny-Trugny et Biermes. Dans le nord de l'Aisne, aux environs de Voulpaix, quelques blessés ont succombé.

Sources

Les données suivies d'un astérisque proviennent du Bureau Central Météorologique.