Observatoire français des tornades et orages violents

Supercellules et foudre entre Haute-Marne et Vosges le 13 mai 2015

Les chasseurs d'orages Yannick Morey et Will Hien étaient positionnés en Haute-Marne le 13 mai 2015. Ils nous livrent leur récit de chasse et leurs clichés. 

 

Les prévisions étaient alléchantes depuis plusieurs jours sur un grand quart Nord-Est avec une énergie énorme, et un très fort dynamisme.

Les dernières modélisations voyaient les cellules précipitantes se former au Nord Côte-d’Or. Avec Will Hien nous nous sommes dirigés vers cette zone, puis avons poursuivi le trajet en voyant un ciel plus blanc, et donc plus humide quelques dizaines de kilomètres plus au Nord en Haute-Marne.

Notre trajet s’est arrêté peu avant Langres, où de petits cumulus s’alignaient parfaitement sur une ligne de convergence bien dessinée.

Le flux d’altitude est rapide comme en témoigne ces images prises toute les 25 secondes :

 
 
 
Assez rapidement, les petits cumulus sont devenus plus nombreux, et vers 17h00 nous décidons de prendre la route pour se rapprocher d’un congestus qui explose devant nous :
 


 

Une course au point de vue commence alors et nous trouvons notre bonheur au sommet d’un petit mont près de la commune de Choiseul (52). La vue est excellente et la cellule approche juste devant nous :



Une première chute de foudre sort du cumulonimbus :

 
 

L’activité électrique de la cellule augmente considérablement en passant devant nous, mais la majorité des décharges sont malheureusement intra-nuageuses. Le rideau de précipitations nous enveloppe assez rapidement :

 
 
 

Vidéo réalisée avec les photos successivement déclenchées par la cellule à la cadence des intra-nuageux :

 

Les conditions de prise de vue sont très difficiles, Will arrive à capter un positif lointain :

 

La pluie est très vite écartée par un flux de vent très puissant qui entre dans la cellule (inflow). Le paysage se dégage alors à une vitesse folle, à droite le ciel redevient bleu, à gauche la cellule s’évacue en nous montrant sa pointe sud, avec un bouillonnement convectif intense, un pied de pluie et un arc-en-ciel. Nous sommes émerveillés devant le spectacle :  
 
 

La mécanique supercellulaire se dévoile :           
 
 
 
Nous apercevons quelques minutes plus tard très furtivement un fort abaissement nuageux, nous n’en tenons pas compte tant nous sommes absorbés par le spectacle, mais après lecture des photos, une très importante excroissance s’est produit devant nos yeux, juste au milieu du nuage-mur. 
 
 
 
A 19h00 une seconde cellule arrive par l’Ouest, elle est encore mieux dessinée que la première, c’est une supercellule LP :
 
 
 

L’orage s’apprêtant à passer juste au-dessus de nous, nous décidons de regagner la voiture et de suivre ces cellules. La route entre la Haute-Marne et les Vosges est un casse-tête pour la recherche de points de vue et pour le réseau si bien que nous avons l’impression de nous égarer.

Nous arrivons cependant à rester sous les cellules, Will me demande de bien observer car on sent le potentiel tornadique à travers le ciel chaotique et tourmenté qui nous surplombe. Nous nous arrêtons vers 19h40 devant une petite base , l’ambiance est particulièrement esthétique.

 

 

Après avoir slalomé une bonne heure dans les montagnes vosgiennes, nous décidons de retourner quelques kilomètres au Sud de Langres afin d’essayer d’intercepter de nouvelles cellules qui semblent se former sur la Côte-d’Or. Nous observons les nombreux flashs des cellules s’évacuant à l’Est mais nous sommes trop loin pour les photographier. A l’Ouest, le soleil se couche et on ne sait pas encore s’il annonce la fin de la chasse…

 

Un dernier orage se manifeste à 23h45, il laisse s’échapper plusieurs chutes de foudre nocturnes, et ne tarde pas à nous envelopper par ses précipitations. Will est décidé à débloquer le compteur et réalise de bonnes prises, dont une jolie chute de  foudre ramifiée avec un power flash à proximité.

Pour ma part, un seul cliché est cadré, il présente un traceur qui semble rejoindre un poteau d’éclairage. Dommage que de nombreuses gouttes viennent gâcher la photo.