Observatoire français des tornades et orages violents

Orages et arcus en Haute-Loire le 10 juillet

Martial Romero était positionné en Haute-Loire le 10 juillet. Il nous livre son récit et ses clichés.

Vendredi dernier, de forts orages étaient envisagés par les modèles sur l'extrême Est de la Haute-Loire. Difficile pour moi de me faire une idée du meilleur spot pour la journée, mais je fais le choix du haut relief altiligérien à 1300m d'altitude avec vue imprenable sur le toit de la Haute-Loire, le mont Mézenc. A mon arrivée un peu avant 16h00, la convection est déjà bien en place, et une cellule arrive très vite à maturité. En altitude c'est quitte ou double, le temps est trop vite changeant, ne tolérant presque jamais l'erreur de positionnement, et le risque de brouillard est très important. J'ai un peu plus de 24°C au thermomètre de la voiture, j'ai peur d'un comportement explosif des orages.
La première structure ne paye pas de mine, le rideau n'est pas magistral mais les bases sont bien propres, elle transite rapidement d'ouest en est, et lâche le premier impact de la journée. C'est dans la boîte.

Nikon D500, 80mm (DX), 1/40s, F/13, ISO 50.

D'autres impacts vont tomber mais je décide de rester cadré très serré à 80mm, et ça tombe hors cadre. Tant pis, ça fait parti de la game !
L'activité foudre va baisser très temporairement d'un cran, et la cellule s'évacue. Je contemple un peu le ciel, et je suis très vite convaincu que tout va se régénérer sur place exactement au même endroit. A partir de ce moment là, tout va dégénérer, et aller très vite. Une base très menaçante se développe et s'étale. L'humidité laissée par le précédent orage est d'un coup aspirée, et j'observe un abaissement mythique du niveau de condensation. Les fractus deviennent multiples, et apportent avec eux leurs lot de situations suspectes. Je n'ai aucun visuel sur les bourgeonnements au dessus, mais de toute évidence tout doit prendre une tournure d'explosion convective là-haut.




Nikon D500, 65mm (DX), 1/50s, F/11, ISO 50.




Nikon D500, 65mm (DX), 1/40s, F/9, ISO 50.

La cellule de déclenchement commence à s'affoler et à me remplir la carte SD, mais je constate rapidement que sur ce nouvel orage, aucun impact ne va se décider à sortir. Activité intra / inter-nuageuse intégrale. Quelques minutes passent, l'orage se décale sur le Mézenc, et là encore on franchi une nouvelle étape dans la virulence de la convection. Une structure de type arcus se dessine très rapidement, et viens même couvrir la tête de la montagne. Très grosse ambiance, très grosse claque visuelle...




Nikon D500, 46mm (DX), 1/60s, F/7.1, ISO 100.




Nikon D500, 40mm (DX), 1/40s, F/5.6, ISO 50.

L'orage continue de grossir et finit par avaler complètement le Mézenc. Possible transition supercellulaire, difficile de l'affirmer. Sur le terrain et au radar j'observe bel et bien un rapprochement de ma position alors que je suis situé au nord du système orageux, et la structure est pourtant emportée d'ouest en est. Simple extension du corps orageux ou rotation dissimulée... Je ne m'avancerai pas mieux.




Nikon D500, 16mm (DX), 1/80s, F/7.1, ISO 100.




Nikon D500, 16mm (DX), 1/30s, F/5.6, ISO 50.

Puis les choses se gâtent. L'orage s'approche dangereusement et un vent glacial se lève sur ma position. Je profite quelques derniers instants du privilège qui m'est offert, et je me replie dans la voiture. Le risque foudre sur ce secteur très exposé est important. J'attends que les choses se calment, et l'orage s'évacue à l'est peu à peu. Je reste en marge immédiate du noyau intense avec seulement quelques grosses gouttes et de fortes rafales, et ce n'est qu'une fois le rideau de précipitations atténué que je constate vraiment le caractère violent de l'orage. Le paysage en face de moi à changé de couleur, nous n'avons pourtant pas fait un bond en hiver, mais il a revêtu son manteau blanc. La grêle a fait parler d'elle, et ce n'est vraiment pas passé loin...




Nikon D500, 80mm (DX), 1/200s, F/7.1, ISO 100.

Après ce déchaînement orageux, l'activité convective baisse significativement en Haute-Loire. Les réserves semblent avoir été copieusement dévorées, et la grêle au loin fait chuter le thermomètre en dessous du seuil de confort pour la tenue légère... Je rentre alors à la maison, quasiment sans foudre mais avec un gros gavage structurel en mémoire.
A bientôt !