Orages et foudre en Saône-et-Loire le 26 juillet
Yannick Morey était positionné en Saône-et-Loire le 26 juillet. Il nous livre son récit et ses clichés
Les épisodes caniculaires se terminent très souvent par des
épisodes orageux remarquables.
L’épisode caniculaire de la semaine dernière n’a pas dérogé
à la règle en Saône-et-Loire, même si ce n’est pas la soirée du vendredi 26
juillet, qui retenait toute notre attention, qui fut la plus mémorable.
La veille, jeudi 25 juillet, des orages parfois forts
étaient modélisés sur les reliefs entourant notre département, Massif central,
Jura avec un possible débordement sur notre département. J’avais regardé les
modèles la veille et le matin même, et pour moi, cette journée ne présentait
rien de spécial…
Mal m’en pris de ne pas regarder les modèles à haute
résolution à la mi-journée. Une explosion de la convection était finalement prévue
pour le soir en Bresse.
Alors que nous étions invités a partagé un « barbecue »
cette soirée du jeudi 25 juin 2019, j’observe sur le Jura des coups de foudre
distants mais qui semblent bien esthétiques. Ayant le sac photo et le trépied
dans la voiture, je ne peux résister à l’envie de capturer l’un d’entre eux. Le
matériel est installé et les captures s’enchainent, montrant bien des coups de
foudre bien ramifiés, mais malheureusement bien trop loin pour présenter un intérêt
photo.
Vers 22h30 le ciel commence à s’embraser au sur la frontière 71/39, avec des cellules qui remontent dans notre sens, puis qui commencent à se former directement au-dessus de notre tête. Le ciel s’embrase alors, laissant apparaître des bourgeonnements convectifs présageant d’une activité orageuse intense à venir.
La petite fête est alors écourtée, et c’est en famille que
nous partons faire les premières photos en direction de Louhans. Quelques
clichés commencent à être sympathiques mais la peur envahie rapidement une
partie des troupes qui demandent naturellement à rentrer se mettre à l’abri. Le
ciel est alors en feu, avec des cellules naissantes parcourus d’intra-nuageux à
l’effet stroboscopique parsemés de quelques jolis coups de foudre.
Changement de voiture, départ en direction des nouveaux
noyaux qui se développent entre Louhans et Chalon-Sur-Saône. Là c’est un véritable
bombardement de chutes de foudre qui se produit alors, sans aucune goutte de
pluie, ne me laissant pas le choix que de rebrousser chemin et d’attendre un
moment avant de sortir le matériel, les conditions étant trop dangereuses.
Alors que j’observe ce déchaînement dans l’auto, j’aperçois
devant une lueur de teinte orange qui grandit à vue d’œil. Un feu vient de se
déclarer à l’Abergement-Sainte-Colombe suite à une chute de foudre. Je me
déplace alors rapidement pour vérifier si c’est une habitation qui a été
touchée, mais heureusement non. C’est une parcelle de blés coupés, qui s’embrase
a vu d’œil, compte-tenu de l’état de sécheresse en cours et du vent qui attise
rapidement les flammes.
L’agriculteur est sur place, il a déjà appelé les pompiers
et il commence à passer la charrue pour bloquer l’avancement de flammes.
Pendant ce temps le foudroiement est toujours fort, les éclairs tombent à 360°.
Je quitte la zone pour essayer de m’éloigner un peu de ces chutes de foudre
pour pouvoir en capturer quelques-unes…
Je me posterais du côté de Tronchy, trépied à l’extérieur,
et moi déclenchant depuis l’intérieur de la voiture fenêtres fermées.
Le spectacle est terrible, tout ce qui tombe est propre et
très ramifié.
Dernier coup de foudre vers 1h15, il est temps de rentré,
une grosse journée est modélisée…
Ce vendredi 26 juillet, c’est une véritable dégradation
orageuse qui est modélisée, avec un potentiel d’orages supercellulaires et d’orages
venteux sur le département.
Les modèles sont très bien accordés, je me poste du coté de
Montcenis pour observer tout ce qui ce passe au Sud-Ouest et à l’Ouest du
département.
A 18h45 une cellule se forme à proximité, au radar elle est intéressante,
isolée avec un noyau de précipitations intenses et avec une légère déviation de
flux.
La base est dessinée, et je croise les doigts pour qu’elle
se développe encore… ce qui n’arrivera pas, à l’exception d’un petit appendice
qui ne prendra pas la direction du sol.
Malgré cela, aucun doute sur la présence d’un faible mésocyclone au
sein de cette petite structure qui continuera de dévier vers l’Est, alors que
le flux des autres cellules orageuses est orienté plein Sud. A noté qu’à
proximité de celle-ci, le vent violent et sec sortant m’a fait tomber à
plusieurs reprises mes trépieds, cela ne m’arrive jamais.
Le radar me laisse alors un peu perplexe, les cellules arrivantes
plus au Sud semblent très pluvieuses, sans gros noyaux électriques, le ciel est
gris, et la température a déjà chuté de 10 degrés.
A l’horizon ce qui arrive est mitigé, un semblant d’arcus
devance le gros des précipitations et quelques impacts.
Un bel éclair nuage-sol sortira du coté de
Montceau-les-Mines.
Finalement, ce n’est pas un réel arcus mais plutôt un
volutus, nuage en rouleaux complètement détaché de l’orage qui vient me
surplomber. Derrière cela, les précipitations m’obligent à me déplacer.
Je me retrouve vers 22 heures sur les hauteurs de la côte
Chalonnaise, appareil dirigé en direction de Chalon/Saône alors que de
multiples intra-nuageux s’y déclenchent.
Quelques captures viendront terminer cette journée assez
décevante, dont celle d’un joli éclair ramifié tombé près de Givry, avec l’église
de Saint-Désert au premier plan.