Observatoire français des tornades et orages violents

Un medicane évolue entre Italie et Grèce le 18 novembre

Le medicane Numa entre Italie et Grèce le 18 novembre, vu du satellite Terra/MODIS


Depuis plusieurs jours, l'évolution du système dépressionnaire qui était positionné sur le Golfe de Gênes en début de semaine fait l'objet d'une attention particulière.
En effet, différents modèles de prévision envisageaient un réchauffement du cœur du système et une évolution en système subtropical entre le sud de l'Italie et l'ouest de la péninsule hellénique.


Point du 18 novembre en après-midi
Ce samedi après-midi, Numa évolue très lentement selon une direction est/sud-est. Le quadrant ouest a perdu sa convection profonde mais on distingue encore parfaitement le centre dépressionnaire à la faveur de nuages bas persistants.
Les dernières analyses ASCAT confirment une intensité stable avec des vents moyens de l'ordre de 35/40 noeuds. La pression au centre de Numa peut être estimée proche de 1005 hPa conformément à la prévision des modèles et des observations au sol sur l'extrême sud de la botte italienne d'une part et sur le littoral ouest de la Grèce et de l'Albanie d'autre part.


Point du 18 novembre au matin
Ce samedi matin, la dépression à cœur chaud, nommée Numa, s'est davantage organisée. On observe ainsi sur l'imagerie satellite un système bien structuré avec une convection profonde et des orages qui persistent autour du centre du système.



L'analyse ASCAT (vents par satellite) témoigne également d'une dépression bien organisée, avec des vents de 35 à 40 nœuds sur le quadrant nord--ouest de Numa. Ces vents sont équivalents aux vent de force tempête tropicale. Nous pouvons donc considérer ce système comme un T.M.S (tropical-like mediterranean storm) :



L'activité orageuse a été soutenue ces dernières heures entre la Grèce et l'Italie, ce qui est caractéristiques des dépressions subtropicales :



Point du 17 novembre au matin
Ce vendredi matin, l'image satellite montre une convection profonde en évolution autour d'un centre dépressionnaire qui semble bien défini :




Néanmoins, l'analyse des vents par satellite (ASCAT) de 5h18 UTC ce 17 novembre montre un centre dépressionnaire mal organisé, encore très allongé et relativement déphasé par rapport à ce qu'illustre l'imagerie satellite. Il est donc pour l'heure difficile de parler d'une réelle dépression subtropicale (medicane ou TMS pour Tropical-Like Mediterranean Storm) :



Le diagramme des phases du modèle américain montre l'évolution du système jusqu'à dimanche (position Z). On note un réchauffement du cœur de la dépression à de l'étage moyen aux basses couches avec un passage dans la phase "cœur chaud symétrique", caractéristique des systèmes tropicaux/subtropicaux :



Les modèles de prévision sont encore en désaccord quant à l'intensité et à la trajectoire finale de cette dépression. Certains prévoient un impact direct sur le nord-ouest de la Grèce alors que d'autres envisagent une évolution vers le sud-est, qui laisserait la Grèce en marge du système. 

La probabilité de développement complet d'un medicane apparaît modérément probable à cette heure. La majorité des modèles (US, EU et UK) optent en effet pour un affaiblissement de la dépression avec une trajectoire sud-est épargnant la Grèce. Un nouveau point sera proposé d'ici samedi matin.

Qu’est-ce qu’une dépression subtropicale ? Est-ce dangereux ?

Les dépressions subtropicales, désignées habituellement sous l’acronyme TLC pour « Tropical-Like Cyclone », sont des phénomènes hybrides :

• comme les dépressions extratropicales, typiques de nos latitudes, elles se développent généralement en réponse à une forte dynamique d’altitude (anomalie de tropopause interagissant avec un cut-off) ;

• comme les cyclones tropicaux, elles ne présentent pas de système frontal dans leur partie centrale, sont associées à une forte activité convective jusqu'en périphérie immédiate du minimum dépressionnaire, et développent un noyau d'anomalie chaude en surplomb du minimum de surface.

Quelle est la conséquence ? Ce caractère hybride à dominante tropicale rend ces dépressions parfois très virulentes, dans la mesure où elles peuvent produire conjointement de très fortes pluies et des rafales de vent violentes. Il arrive parfois qu’elles développent un œil, comme les cyclones tropicaux.

Elles sont plus particulièrement connues en France en raison de leur développement périodique en Méditerranée ; elles peuvent alors, dans de rares cas, affecter temporairement les zones littorales du sud-est de France ou la Corse. On parle alors de « Medicane » (pour « Mediterranean Hurricane »).