Observatoire français des tornades et orages violents

Bilan de l'activité orageuse du printemps 2017


Supercellule en Alsace observée le 30 mai par Lucas ADLER

Une instabilité proche de la normale à l'échelle nationale

A échelle nationale, le printemps 2017 présente une instabilité très légèrement supérieure à la normale avec un excédent de +9%. Ce printemps globalement proche de la normale en terme d'instabilité se rapproche au niveau national du printemps dernier mais contraste avec le printemps 2015, qui fut le plus stable depuis 1997.

La carte ci-dessous témoigne d'une situation contrastée. Sur une large bande centrale de la France, l'instabilité a été plus importante que la normale 1980-2010 avec jusqu'à +31% d'excédent sur la Gironde
A contrario, sur le tiers nord et sur la Corse, le déficit devient plus sensible, atteignant jusqu'à -29% sur le Nord et le Pas-de-Calais





Des orages moins fréquents que la moyenne, plus souvent cantonnés aux reliefs

Sur les trois mois de printemps, la France a compté 60 jours d'orage, soit 9 jours de moins que la moyenne 2009-2016. Ces valeurs sont très inférieures à celles relevées lors du printemps 2016.
 
C'est sur le département des Alpes-Maritimes et de l'Ariège que l'activité orageuse a été la plus fréquente avec 24 jours d'orage. Ensuite, c'est également près des reliefs, entre Alpes, Pyrénées et Jura que l'activité a été la plus fréquente avec plus de 20 jours d'orage sur ces départements de relief. 
Les départements les moins orageux (hormis Paris et une partie de la petite couronne dont les données sont à relativiser en raison des superficies départementales) sont situés sur le sud Bretagne et à l'ouest du bassin parisien. On ne dénombre ainsi que 7 jours avec orage en Eure-et-Loir, Morbihan et Loire-Atlantique et 8 jours en Vendée, en Yvelines ou dans l'Orne par exemple.
 
De fait, par rapport à la moyenne 2009-2016, bon nombre de départements français enregistrent un déficit parfois notable avec 10 jours de déficit sur le sud de la Corse et 7 à 9 jours dans l'Aube, la Haute-Corse, le Loiret ou le Nord
A contrario, les excédents sont remarquables sur l'est des Pyrénées, entre Ariège et Pyrénées-Orientales ainsi que dans une moindre mesure sur les Alpes et le Jura.
 
Les orages ont été globalement peu sévères durant le printemps, sans dégradation vraiment organisée et de grande ampleur. On compte 2 jours avec orage violent et 13 jours avec orage fort. Là encore les scores sont en nette baisse par rapport à 2016.



Si l'on considère l'indice de sévérité orageuse (I.S.O.) moyen de ce printemps, le score ressort à 1,95, soit une valeur en très nette baisse par rapport à l'année dernière et qui rentre dans le rang des printemps peu orageux. La journée la plus orageuse de ce printemps 2017 est celle du 12 mai avec un I.S.O qui atteint 21,9. 



Quels régimes de temps ont dominé ce printemps ?

En moyenne, sur ces trois mois, les hauts géopotentiels ont été dominants sur l'ouest de l'Europe et a fortiori sur la France, soit l'inverse du printemps 2016. 
On observe en effet une anomalie positive au niveau du géopotentiel à 500 hPa de l'Islande et du Groenland jusqu'au Maghreb en passant par la France. Les anomalies négatives sont concentrées près de la mer de Barents où les conditions ont été franchement dépressionnaires durant ce printemps. 
 
Conséquemment, les vents en haute troposphère ont été plus faibles que la normale sur l'ensemble du pays. Ceci témoigne de conditions synoptiques très peu dynamiques durant cette saison.
 
Anomalie du géopotentiel à 500 hPa (à gauche) et du vent à 300 hPa (à droite)
 
 
Les deux cartes ci-dessous présentent l'anomalie de l'instabilité de la masse d'air et de la température vers 1.500 mètres d'altitude au cours du printemps 2017.

On constate globalement une instabilité plutôt proche de la normale sur la France, légèrement déficitaire du Benelux à l'Allemagne et aux Hauts-de-France. A l'échelle de l'Europe, on n'observe pas d'anomalie tranchée durant ces trois mois. 
Les basses couches ont été plus chaudes que la normale durant le printemps, avec un excédent vers 1.500 mètres qui avoisine +1.5°C sur la France. La masse d'air s'est finalement révélée majoritairement plus chaude que la normale aussi bien en basse couche qu'à moyenne altitude. On observe seulement une anomalie bien négative sur la Finlande et les environs, où le printemps a été très frais voire froid.
 
Anomalie du MULI (à gauche) et de la température à 850 hPa (à droite)