Observatoire français des tornades et orages violents

Bilan de l'activité orageuse de l'été 2016

La compilation des données kérauniques de l'été 2016 est achevée, un bilan de l'activité orageuse observée au cours des mois de juin, juillet et août 2016 peut être établi. Cet été 2016 se révèle le moins orageux de ces 7 dernières années.


Supercellule anticyclonique avec tuba le 24 juin 2016 dans le Jura- Nicolas Gascard


L'été le moins orageux de ces 7 dernières années

L'été 2016 a connu une activité orageuse moins fréquente par rapport aux étés précédents. Le nombre de jours avec orage accuse encore une baisse par rapport à l'été 2015 déjà déficitaire. Ainsi, 70 jours d'orage ont été enregistrés, soit 9 jours de moins par rapport à la moyenne 2009-2015. Il s'agit de la valeur la plus basse depuis 2009.
Au total, 76% des journées estivales ont été orageuses sur le territoire français.

L'activité orageuse s'est révélée très irrégulière durant l'été, allant decrescendo. Après un mois de juin conforme à ces dernières années, les orages ont commencé à devenir moins fréquents en juillet, surtout sur le quart nord-ouest, et encore moins fréquents en août avec un déficit d'orages généralisé.

D'une manière relativement classique en cette saison, on rencontre un nombre maximal de jours avec orage près des reliefs, tandis qu'une activité orageuse plus irrégulière est constatée en allant vers la Bretagne. On note ainsi 39 jours d'orage dans les Alpes-Maritimes (46 en 2015, 45 en 2014 et 48 en 2013) contre seulement 2 à 8 jours sur la petite couronne parisienne ainsi que sur la Loire-Atlantique.
 
Si l'on confronte ces données à la moyenne 2009/2015, on remarque que la fréquence des orages cet été présente un déficit de 9 jours à l'échelle nationale. Ce déficit est particulièrement marqué sur une bonne moitié ouest de la France mais aussi plus ponctuellement sur le Pas-de-Calais, la Haute-Saône ou la Corse-du-Sud.
 
Les seuls excédents observés sont ponctuels, cantonnés à une petite façade est (1 jour d'excédent en général). Sur l'Aisne, le Var et l'Aude, les excédents atteignent 4 à 5 jours. 


Nombre de jours avec orages durant l'été et écart à la moyenne 2009/2015 (c) KERAUNOS
 
  

Une instabilité plus marquée dans l'est mais des pressions élevées

A l'échelle nationale, cet été a été un peu plus instable que la normale (+17%), avec un contraste néanmoins important entre la Lorraine où l'excédent atteint 38% et le Finistère où le déficit est de 9%.
Ce déficit d'instabilité sur l'ouest du pays explique en partie la faible fréquence d'orages observée durant l'été. Sur les autres régions, l'excédent d'instabilité est en grande partie imputable au mois de juin ainsi qu'aux pics de chaleur du mois d'août (qui induisent un renforcement de l'instabilité latente), mais il ne s'est pas, en général, traduit par une activité orageuse plus soutenue que la normale.



De fait, si l'on trace l'anomalie de pression au niveau de la mer de ces trois mois d'été, il ressort clairement une tendance plus anticyclonique que la normale, surtout sur l'ouest du pays. Les hautes pressions ont été globalement dominantes avec une anomalie proche de +2 hPa (une valeur significative en été). Cette dominante anticyclonique a fortement contribué au déficit d'orages en limitant la fréquence des situations propices au déclenchement d'une convection profonde.




On retrouve d'ailleurs cette anomalie anticyclonique en altitude puisque l'anomalie de géopotentiels à 500 hPa (vers 5500 m d'altitude) ressort clairement positive elle aussi.
On observe sur la carte présentée ci-dessous à gauche une cellule de hauts géopotentiels dominante sur l'ouest de la péninsule Ibérique. Cette dernière a souvent ramené un flux océanique peu propice aux orages sur la façade ouest de la France.

La carte de la masse d'air présentée à droite ressort également avec une anomalie positive. Globalement l'été 2016 a été un peu plus chaud que la normale vers 1500 m d'altitude sur la France mais l'anomalie n'est pas extrême, contrairement aux régions situées entre Mer Noire et Nouvelle-Zemble et en Arctique, sur le passage nord-ouest (libre de glace cet été) :




Le 7 juin, journée la plus orageuse de l'été

L'analyse de l'indicateur de sévérité orageuse permet d'établir que la journée du 7 juin 2016 a été la plus orageuse de l'été avec un ISO dépassant 23. Cette journée a en effet été marquée par de très nombreux orages forts. On note une tendance à la baisse de l'activité orageuse tout au long de l'été.
 
Avec un ISO moyen de 4,54, cet été 2016 arrive en deuxième position des moins orageux des dernières années, juste devant l'été 2010 qui avait compté peu d'orages sévères, ce qui prouve que malgré une fréquence très inférieure à 2010, les orages ont été un peu plus souvent forts et ont couvert des superficies plus importantes lors des dégradations orageuses (du mois de juin surtout).